Pour terminer la série sur le Tambora, il convient d’examiner son évolution avant et après l’éruption de 1815.
La formation du stratovolcan :
Sur base de ce que l’éruption bicentenaire a révélé, l’ancien Tambora se compose de séquences superposées de coulées de lave (environ 40%) et de dépôts pyroclastiques. Les couches le lave sont épaisses de 1 à 4 mètres, discontinues latéralement et avec un pendage de 20-30° à partir du centre de la caldeira.
De nombreux dykes radiaux, de 50 cm. à 3 m. d’épaisseur, parcourent le substrat. Dans la paroi orientale de la caldeira, certains dykes s’étendent du plancher jusqu’à quelques mètres de son bord, de façon ininterrompue. Une discordance se produit au sein de la formation, avec des dépôts généralement plus vieux dans les secteurs nord de la caldeira, et plus jeunes dans les secteurs sud et est des parois.
Tambora - lecture des couches interlitées, sur les parois de la caldeira actuelle - photo Rizal Dasoeki / VSI
Schémas reconstituant la forme originelle du Tambora, à gauche - et sa forme actuelle, à droite - doc.Armstrong Sompotan
L’évolution du stratovolcan s’est arrêtée avec la formation d’une première caldeira dans la partie ouest du stratocône, approximativement de 4 à 5 km de diamètre et profonde de 700 mètres, asymétrique par rapport à la caldeira de 1815. La formation de cette première caldeira est supposée être liée à une éruption explosive, ou un épisode ignimbritique.
Cette première caldeira est en partie remplie par une série d’épaisses coulées de lave horizontales confinées entièrement dans la caldeira. On compte 16 coulées différentes, la plupart épaisses de 15-20 mètres, et séparées par des scories et des tufs épais de plusieurs mètres. A total, ces formations sont épaisses de 300 à 400 mètres. Elles ne comportent pas de dykes intrusifs, et ne sont pas hydrothermalement altérées. Leur composition est typiquement porphyriques à clinopyroxène, souvent avec des phénocristaux de plagioclase et d’olivine.
Une formation de tuff brun est la dernière qui a précédé l’éruption de 1815, produite par une activité subplinienne et un surge pyroclastique. Les dépôts sont gris-brun à brun, épais de 5 à 10 mètres, constitués de tuff semi-consolidés en couches interlitées de ponces gris-jaunâtre et scories.
Tambora 2013 - fumerolles sur le plancher de la caldeira - photo Morten Haan / Georesearch Volcanedo Germany
Après l’éruption de 1815 :
Les dépôts proximaux, bien exposés sur les parois de l’actuelle caldeira, sont constitués de dépôts pyroclastiques et de nuées ardentes. Leur déposition a été influencée par le morphologie de la première caldeira, non encore remplie lors du début de l’éruption de 1815.
Pendant ou juste après la formation de la caldeira, les bords de celle-ci ont connus différents effondrements formant des coulées de débris qui se sont étendus sur un ou deux kilomètres sur son plancher. Le plancher de la caldeira a ensuite été recouvert de sables et graviers par érosion des parois, et coulées de boue.
Tambora 07.2014 - Gaz sous pression s'échappant dans la région nord-est de la caldeira et dépôts soufrés - photo Georesearch Volcanedo Germany
Au cours des 19° et 20° siècles, des coulées de lave et de petits dômes de lave ont été extrudés sur le plancher de la caldeira.
Le Global Volcanism Program relève trois épisodes éruptifs depuis 1815 :
- En août 1819, une éruption de VEI 2.
- En 1880 ± 30 ans, une éruption de VEI 2 marque la partie sud-ouest de la caldeira.
- En 1967 ± 20 ans, la partie nord-est de la caldeira est le siège d’une petite éruption.
Sources :
- Global Volcanism Program - Tambora
- Vulcanological Survey of Indonesia - Geology of Tambora volcano (2006)
- Armstrong Sompotan - Tambora