Le week-end islandais pour voir l’éclipse a aussi été l’occasion d’entrevoir le volcanisme de la côte sud de l’île.
Au sortir de l’aéroport de Kéflavik, la péninsule de Reykjanes offre un premier contact. Le système volcanique Reykjanes, au sud-ouest de la péninsule du même nom, prolongation en surface de la dorsale médio-atlantique, comprend une large étendue de système de fissures éruptives, des cratères et des petits boucliers basaltiques postglaciaires.
La plus grande partie du système volcanique Reykjanes est couverte de laves émises à l’Holocène. Des éruptions subaériennes sont renseignées dans le courant du 13° siècle sur un groupe de fissures alignées NE-SO, de même que de nombreuses éruptions sous-marines au 12° siècle, dont certaines ont formé des îles éphémères.
Les zones volcaniques et géothermales parallèles sur les fissures de la péninsule de Reykjanes - pancarte indicative locale - photo © Bernard Duyck 2015
Gunnuhver / Grindavik est la zone géothermale la plus à l’ouest, le plus proche aussi de la limite entre les plaques tectoniques nord-américaine et eurasienne. Les eaux d’infiltration probablement mêlées à l’eau de mer sont chauffées par le magma, et la vapeur qui en émane atteint plus de 300°C, ce qui en fait une des zones géothermales parmi les plus chaudes sur Reykjanes.
Reykjanes est soumise à une importante sismicité, caractérisée par des essaims de faible magnitude. Certains d’entre eux ont causé un glissement au niveau d’une fissure passant par Gunnuhver ; ces mouvements du sol ont revitalisé le champ intermittent de vapeur at permis un exutoire au réservoir d’eau profond sous forme de geysers. Le séisme de 1918 avait formé un puissant geyser avec une bulle de 5 mètres, nommé « Hverinn 1918 ». Réactivé en septembre 1967 par un séisme, il entrait en éruption avec un jet de plus de 12 mètres de haut. Un forage géothermiquea mis fin à son existence en 1983.
Les eaux acidifiées par les gaz, principalement du dioxyde de carbone et de l’hydrogène sulfuré, ont altéré les roches volcaniques pour les transformer aujourd’hui en pots de boue.
Les vapeurs sortant du sol ont vu leur importance augmenter après le début de l’exploitation industrielle en 2006. De 2008 à 2010, la zone fut partiellement fermée par la Défense civile en raison du danger éruptif, et de la destruction des passerelles de circulation.
Gunnhuver - passerelle détruite par l'activité au début de la décennie - photo Iceland islandsmyndir.is / Rafn Sigurbjörnsson
Le nom Gunnhuver dérive de celui d’un fantomme, Guðrún Önundardóttir, surnommée "Gunna". Selon une des légendes courantes à ce propos, elle était une fermière près de Kirjubol, une propriété appartenant à un homme de loi, Vihjalmur Jonsson. Lorsque Gunna n’honora pas le versement de son loyer, Vihjalmur lui enleva son seul bien, une marmite. Gunna en devint furieuse, refusa de boire l’eau bénite et tomba morte. Sur le chemin du cimetière, les porteurs de son cercueil notèrent qu’il devenait étrangement plus léger. Et lorsque la tombe fut creusée, les gens entendirent ; " No need deep to dig, no plans long to lie " ("pas nécessaire de creuser plus profond, aucune intention d’y rester longtemps") … c’était évidemment Gunna qui parlait, devenue maintenant un spectre haineux ! La nuit suivante, le corps de Vihjalmur fut retrouvé sur la lande, tout bleu et les os brisés … la revanche de Gunna.
Une autre histoire raconte qu’un prêtre du nom d’Eirikur se sentit capable de l’exorcisme, et jeta finalement Gunna dans un geyser, qui prit son nom. Selon les contes de l’époque, vous devriez pouvoir la voir refusant de s’y laisser pousser.
La zone géothermale de Reykjanes est proche du phare de Reykjanes, en islandais Reykjanesvitti, le plus ancien phare d’Islande.
La structure originale octogonale date de 1878 ; le phare fut détruit huit ans après sa construction par un séisme. En 1929, le nouveau phare à l’aspect traditionnel, mais en béton cette fois, fut doté de l’éclairage moderne, émettant un flash toutes les 30 secondes. Le plan focal est à 73 mètres au-dessus du niveau de la mer.
A suivre, le système volcanique de Krísuvík
Sources:
- Global Volcanism Program - Reykjanes
- Icelandic geosurvey - link