Un peu à l’écart des autres maars, l’Ulmener maar est le plus jeune maar de la zone volcanique de l’Eifel.
Né environ 2.000 ans après l’éruption du Laacher See, sa datation par dendrochronologie le fait remonter à 11.000 ans, tandis que celles au carbone-14 varient entre 7.335 et 10.920 ans. Les volcanologues du Smithsonian Institute voient son activité entre 8.890 et 8.590 avant JC.
Ce maar a une forme irrégulière, en poire, mesurant 320 m. sur 225. Son cratère, profond de 60 mètres, entaille le sous-bassement du Dévonien..
Le professeur H-U. Schmincke a examiné une paroi de 65 mètres de long, bien exposée à proximité de l’église. Il y distingue huit unités, différant en granulométrie et couleur, appartenant à des types de roches variables. Dans la partie basse de la paroi, il remarque sur trois mètres de hauteur, trois couches distinctes, chacune mesurant environ un mètre d’épaisseur.
Panneau didactique de la paroi de l'Umener maar - un clic pour agrandir - photos © Bernard Duyck 08.2015
La couche la plus basse (A sur le panneau didactique et la photo) est caractérisé par une granulométrie fine des couches minces, reflétant des épisodes de basses énergie de l’éruption.
La couche B qui la surmonte est riche en fragments du socle Dévonien, dont un gros bloc d’environ un mètres de diamètre, qui a impacté des sédiments plus fins, et qui laissent deviner sa direction de projection .
La couche C est peu colorée et contient de nombreux fragments jaunâtres de grès qui contrastent avec ceux de la couche B. L’explosivité de l’éruption phréatomagmatique se remarque ici par l’absence de coulées de lave ou de dépôts de spatters à chaud … les téphras déposés l’ont été à froid et en milieu humide ; ils sont beaucoup plus différenciés chimiquement que ceux des autres maars de l’Eifel et fortement cimentés par des carbonates.
On ne peut quitter l’Eifel ouest sans mentionner « die Wallenborn brubbel" : ce geyser d’eau froide est lié indirectement au volcanisme de l'Eifel : suite à l'activité intense, il y a 10 à 12.000 ans, de grandes quantités de dioxyde de carbone se sont accumulées sous la surface terrestre. Lorsque la pression est suffisamment élevée, une colonne d'eau jaillit . Avec la vidange de la poche de gaz, le phénomène s'interrompt et l'eau reflue.
Selon les chroniques locales, il en est fait mention pour la première fois en l'an 1225.
Jusqu'en 1933, date du premier forage, l'endroit n'était qu'une source de plein pied formant une petite mare, cloturée pour éviter les accidents liés aux émanations de dioxyde de carbone.
Le puits a été foré à 38 m. de profondeur... en vue d'une utilisation industrielle du gaz; celle-ci fut rapidement abandonnée en raison de l'agressivité de l'eau minérale et de la corrosion rapide des tuyaux.
Après la seconde guerre mondiale, ne subsistait qu'un bout de tuyau; on retrouvait régulièrement des oiseaux morts, pour avoir voulu se poser quelques instants à cet endroit.
En 1975, un concours, dans le cadre "Mon village est beau", gagné par Wallenborn permis aux villageois, aidés d'une entreprise locale, de réaliser une structure mettant le site en évidence. L'étang boueux a été dragué, le fond rempli de gravier, un trop-plein a été posé se déversant vers le ruisseau proche et la sécurité repensée avec la pose d'une grille.
Depuis 1983, des accords à long terme régissent la source et son environnement.
Wallenborn brubbel - à gauche, avant 1933 - à droite, travaux de réhabilitation à partir de 1975. - archives Wallenborn
Sources :
- Vulkane der Eifel – par H-U. Schmincke – éd. Spektrum
- Guide des volcans d’Europe et des Canaries – par M.Krafft et FD. De Larouzière – éd. Delachaux & Niestlé
- Maarmuseum Manderscheid
- Vulkaneifel geopark - link