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Earth of fire

Actualité volcanique, Articles de fond sur étude de volcan, tectonique, récits et photos de voyage

Publié le par Bernard Duyck
Publié dans : #Actualités volcaniques
Le sommet du Chimborazo en 2010 - photo José Luis Espinosa-Naranjo

Le sommet du Chimborazo en 2010 - photo José Luis Espinosa-Naranjo

Naia Morueta-Holme, chercheur à l’Université de Californie à Berkeley après une thèse à l’Université d’Arhus au Danemark, et auteur principal d’une étude intitulée " Strong upslope shifts in Chimborazo’s vegetation over two centuries since Humboldt ", a analysé les changements de végétation sur les pentes supérieures du volcan Chimborazo en Equateur.

L’étude comparative, entre les publications d’Alexander von Humboldt en 1802 et les relevés scientifiques effectués sur les mêmes pentes 210 ans après, permet de rendre compte de l’influence du réchauffement climatique sur la distribution spatiale des espèces végétales et animales dans cette région tropicale.

Planche de von Humboldt : "Géographie des plantes équinoxiales" / de son "Essai sur la Géographie des plantes"- 1802

Planche de von Humboldt : "Géographie des plantes équinoxiales" / de son "Essai sur la Géographie des plantes"- 1802

A.von Humboldt avait détaillé très précisément, dans son "Essai sur la Géographie des plantes", la distribution des espèces végétales sauvages et cultivées lors de son ascension du volcan, de même que les conditions extérieures, température, humidité, pression atmosphérique, ainsi que la limite inférieure des glaciers qui le recouvrent.

Deux siècles plus tard, les scientifiques ont parcouru comme Humboldt les flancs sud et est du Chimborazo, avec les outils modernes à leur disposition aujourd’hui, caméras, ordinateurs, GPS, et comparé leurs observations.

Illustration dans le style du " Tableau physique des Andes et Pays voisins " de von Humboldt montrant la différence de situation du Chimborazo entre 1802 et 2012 – doc. Morueta-Holme & al.

Illustration dans le style du " Tableau physique des Andes et Pays voisins " de von Humboldt montrant la différence de situation du Chimborazo entre 1802 et 2012 – doc. Morueta-Holme & al.

Le recul des glaciers s’est effectué à une moyenne de deux mètres par an : ils apparaissaient à 4.814 mètres en 1802 et commencent à 5.270 mètres en 2012.

La limite de croissance des plantes a augmentée d’environ 500 mètres vers le haut ; une plante de la famille des gentianes du genre Espeletia y Chuquiraga, croissant entre 2.000 et 4.100 m selon von Humboldt, se retrouve avec une limite à 4.600 m. Une graminée, connue comme pajonal et citée en 1802 à une altitude de 4.600 m, est aujourd’hui trouvée jusqu’à 5.100 m.

Les documents officiels de la République Equatorienne, et les données globales permettent d’estimer une élévation de température du Chimborazo à 2°C depuis 1802.

Un ratio moyen de variation de température de 6°C par 1.000 m d’altitude, conforté par d’autres études du climat de montagne permettent de calculer une augmentation maximum de l’altitude de croissance des plantes de 410 mètres depuis la visite d’Humboldt. Malgré un léger décalage avec les prévisions, on peut établir une relation entre le changement climatique et les limites de croissance des plantes en zone tropicale … les données de von Humboldt étant antérieures à la Révolution industrielle et au réchauffement climatique lié, elles autorisent une analyse des changements dans cet écosystème sur 200 ans.

Toutefois d’autres facteurs ne sont pas à exclure totalement : d’une part, les cendres émises par le volcan voisin Tungurahua, de nouveau actif depuis 1999, peuvent avoir influencé aussi la fonte glaciaire (corps noir sur la glace). D’autre part, la modification de la population et des habitudes agro-pastorales ont pu aussi modifier la migration de la végétation : les cultures autrefois limitées à 3.600 mètres d’altitude se rencontrent aujourd’hui jusqu’à 3.800 mètres, et les zones de prairies se sont également plus étendues.

A. von Humboldt et A. Bonpland au Chimborazo - tableau de Friedrich Georg Weitsch 1810

A. von Humboldt et A. Bonpland au Chimborazo - tableau de Friedrich Georg Weitsch 1810

La qualité de ces travaux - et il faut encore souligner la prise scrupuleuse de notes par von Humboldt – montre que des changements majeurs ont déjà eu lieu, " même , comme le conclut Morueta-Holme, si l’augmentation de température a été inférieure aux prévisions pour la fin du siècle, nous pouvons attendre plus de changements dans l’avenir ".

 

Sources :

- El Pais - Un dibujo de Humboldt de hace 200 años prueba el cambio climático - link

- El Comercio / Planeta  - Un estudio alerta sobre cambios en el Chimborazo - link

Le Chimborazo, depuis El Santuario - photo José Luis Espinosa-Naranjo 2015

Le Chimborazo, depuis El Santuario - photo José Luis Espinosa-Naranjo 2015

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