A partir du milieu du 18° siècle, et à la suite des Lumières, l’intérêt pour les cultures et les peuples étrangers, leurs conditions de vie et leur milieu s’est constamment accru. L'attrait pour les voyages, bien diffusé par la littérature de l'époque, a permis à un rituel d’abord répandu au sein de l’aristocratie anglaise, puis continentale, ainsi que dans la haute bourgeoisie, de se développer : " Faire le Grand Tour " .
Aquarelle sur vélin illustrant un éventail, tryptique du Vésuve en éruption - auteur anonyme 18° siècle - Harris Brisbane Dick Fund, 1938 / Metropolitan Museum of Art NY
Son objet était de parachever par un point d'orgue l’éducation des jeunes hommes par un voyage initiatique, par une tournée à travers toute l’Europe (en réalité une partie ... voir la carte sur la vidéo).
L'Italie constituait un must : de nombreux foyers artistiques y ont attiré la jeunesse dorée, et les artistes qui accompagnaient ces voyageurs fortunés.
Ce fut le cas du graveur CharlesNicolas Cochin en 1749-1751 avec le marquis de Vandières, frère de la marquise de Pompadour, de Jean-Honoré Fragonard en 1773-1774 avec le trésorier général Bergeret de Grancourt ou du Vaudois Louis Ducros en 1778 avec quatre jeunes Hollandais qui l’emmenèrent peindre des aquarelles jusqu’à Tarente, en Sicile et à Malte.
Les voyageurs croisaient aussi en Italie des artistes qui leur fournissaient des images à rapporter chez eux, accessoires inévitables de tout Grand Tour réussi : vues de la ville et de la lagune de Venise par Canaletto puis par les Guardi, scènes d’éruption du Vésuve par Pierre-Jacques Volaire, portraits peints par Rosalba Carriera à Venise et Pompeo Batoni à Rome.
Aquarelle sur vélin illustrant un éventail, double vue sur Vésuve en éruption et la Tombe de Virgile - auteur anonyme 1779 - Harris Brisbane Dick Fund, 1938 / Metropolitan Museum of Art NY
Parmi ces images, figurent de petites aquarelles du Vésuve en éruption, destinées à orner les éventails, fort utilisés par les dames du siècle et offerts en cadeau au retour. Le Metropolitan Museum of Art de New York a récemment rendu ces oeuvres consultables.
Il faut noter la précision des aquarelles, à la fois dans le rendu du paysage et de l'éruption nocturne, avec panache traversé d'éclairs, fontaine de lave, retombées de cendres, et aussi dans les détails de la frise.
Une seule oeuvre est datée et peut se rapporter à un épisode éruptif précis : 1779, soit la fin d'une éruption de VEI 3 qui a duré du 15 février 1770 au 4 octobre 1779 (GVP)
Sources :
- The Met / Metropolitan Museum of Art / article via David Bressan - link
- Histoire de l'art - les artistes et le Grand Tour - link
- Global Volcanism Program – Vesuvius – Eruptive history
Aquarelle sur vélin illustrant un éventail / détail de l'image ci-dessus (un clic pour voir en pleine écran) - éruption du Vésuve en 1779 - auteur anonyme - Harris Brisbane Dick Fund, 1938 / Metropolitan Museum of Art NY
Aquarelle sur vélin illustrant un éventail, avec encadrement double à l'encre - Paysage de campagne entourant le Vésuve, avec à droite la Baie de Naples - auteur anonyme 19° siècle - Harris Brisbane Dick Fund, 1938 / Metropolitan Museum of Art NY
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