Après l'essaim sismique sous l'Öræfajökull fin octobre, un nouveau chaudron glaciaire s'est formé la semaine passée sur le glacier recouvrant la caldeira; il mesure un kilomètre de diamètre, et reflète une récente augmentation de l'activité géothermique au sein de la caldeira.
Les eaux de fonte ont été lentement relâchées depuis les dessous du chaudron en direction du glacier exutoire Kvíárjökull, en association avec une odeur de soufre perçue le 16 novembre au niveau de la rivière Kvia.
Par mesures de précautions, le code d'alerte aviation a été augmentée à Yellow par l'Icelandic Met Office, malgré l'absence de signes d'éruption imminente.
Parmi les dernières éruptions historiques de ce volcan, la plus violente fut celle de 1362, de VEI 6.
Glaciers principaux et exutoires du Vatnajökull - L'Öræfajökull et ses exutoires au sud du Vatnajökull
L'éruption de 1362 :
Elle fut précédée d'une période de dormance de près de 500 ans. L'éruption plinienne de 1362 a été très explosive et violente, produisant 10 km³ de cendres et ponces rhyolitiques retombantes principalement sur un secteur ESE.
Le magma rhyolitique éjecté a été de composition homogène tout le long de l'éruption, avec 0,5-1% de cristaux d'oligoclase, fayalite, hedenbergite, ilmenite et magnetite.
Dans un carottage effectué dans la calotte Groenlandaise dans les années 90, un pic du nombre de particules de cendres a été associé, sur base de sa composition chimique et morphologique, à une éruption explosive rhyolitique originaire de l'Öræfajökull en 1362.

Une section de tephra d'1,8 mètres d'épaisseur retrouvé sur le flanc sud-est du volcan montre 14 unités reconnaissables. Ils ont dominés par du verre hautement vésiculé, indiquant une ascension rapide du magma et explique la fragmentation mécanique au sein de la colonne éruptive.
L'explosion qui a dégagé l'évent a produit des débris phréatomagmatiques contenant plus de 35% de fragments lithiques. La présence faible de tels fragments durant les phases suivantes indiquent un conduit et un évent demeurés stables.
La dimension des ponces va en augmentant vers le haut des dépôts de retombées, et la présence de blocs de ponce ressemblant à des bombes, indiquent une moindre fragmentation mécanique durant la contraction et l'affaissement de la colonne plinienne.
Hvannadalshnjúkur, le pic pyramidal qui culmine sur le bord du volcan Öræfajökull - photo © Bernard Duyck 2015
Le glacier recouvrant le volcan s'appelait Knappafellsjökull durant l'établissement des premiers colons en Islande ,,, suite aux destructions consécutives à l'éruption de 1362 et au jökulhlaup, il fut renommé Öræfajökull, d'après "Öræfi" qualifiant "un pays en friche".
Sources :
- Icelandic Met Office - A new ice-cauldron in Öræfajökull volcano – link
- Iceland Monitor – link
- Geophysical reseach – Volcanic ash from the 1362 AD Öræfajökull eruption in the Greenland ice sheet
- Acta naturalia Islandica - Öræfajökull eruption of 1362 – by Sigurdur Thorarinsson