Pour bien situer la condition des Papous, peuple majoritairement présent en Papouasie, il ne faut pas seulement envisager
l'étude de la Nouvelle-Guinée, mais aussi celle de la Papouasie occidentale et l'histoire de ces "peuples premiers".
Papous d'Irian Jaya - photo Survival.
Joueur de tambour Papou - photo Resizer
Durant le Pléistocène, des épisodes répétés de glaciation se sont traduits par des abaissements du niveau marin de l'ordre de
100-150 m. par rapport au niveau actuel, favorisant la migration des populations, à partir de moins 60-50.000 ans, à partir du "Sunda"et à travers le "Wallacea" vers le "Sahul", entité regroupant
les actuelles Australie et Papouasie - Nouvelle-Guinée.

Une analyse génétique de 2007 a conclu que le « peuplement de l'Australie et de la Papouasie-Nouvelle-Guinée par les
humains modernes [a été effectué par] un seul groupe de personnes qui sont restées dans un isolement substantiel ou total jusqu'à une époque
récente. La constatation [écarterait] les hypothèses [sur] des vagues de migration ultérieures [...]. Les aborigènes [d'Australie] et les habitants de la Papouasie-Nouvelle-Guinée [sont les]
descendants d'une unique population fondatrice .
Les premiers européens sont des Portugais (Antonio de Abreu en 1511), des Espagnols et des Hollandais au cours du 16ème
siècle. L'anglais William Dampier découvre la Nouvelle-Bretagne en 1690 et explore la côte nord de Nouvelle-Guinée en 1700. Le capitaine Cook aborda la côte sud en 1770.
La vrai colonisation a débuté à la fin du 19ème siècle.
La partie nord-est, comprenant tous les territoires qui n'étaient pas sous souveraineté anglaise ou hollandaise, fut annexée par l'Allemagne en
1884. Cette même année, le Royaume Uni prit possession du sud-est, mais en 1906, cette partie fut concédée à l'Australie comme faisant partie du territoire de Papouasie. Les troupes australiennes
occupèrent la région allemande en 1914, qui par décision de la Société des Nations devint plus tard un territoire sous mandat australien, et fut renommé le Territoire de Nouvelle-Guinée.
Au cours de la Seconde guerre mondiale, la Nouvelle-Guinée fut envahie par le Japon et de nombreuses troupes japonaises y
demeurèrent jusqu'en septembre 1945. En 1946, le Territoire de Nouvelle-Guinée fut déclaré territoire sous tutelle des Nations Unis, dirigé administrativement par l'Australie.
Les Pays-Bas abandonnèrent le contrôle de la partie ouest en 1962, qui est devenue la province indonésienne d'Irian Barat
sous Soekarno, puis Irian Jaya sous Souharto. La partie orientale devint indépendante en tant que Papouasie - Nouvelle-Guinée en 1975. L'intérieur de l'île ne fut vraiment exploré que dans le
courant du 20° siècle, et certaines régions de l'intérieur demeurent encore peu connues.
Cérémonie chez des Papous de nouvelle-Guinée - Les Papous, hommes et femmes, ne masquent de leur corps que le sexe... la
nudité est donc habituelle. Mais lorsqu'il s'agit d'apparaître en public pour certains rituels, presque tous les groupes papous utilisent d'extraordinaires maquillages multicolores, associés à
des parures éphémères en plume, en fibre, en végétaux et minéraux divers. - Photo Iago Corazza.
La situation des Papous, particulièrement du côté occidental de la grande île, est très difficile humainement, socialement et
culturellement... on leur dénie tout droit !
Pour désengorger l’île de Java, où vit la moitié de la population indonésienne, et surtout pour affirmer son emprise sur la
Papouasie, le gouvernement de Djakarta mène son programme de « transmigration » des Javanais à destination de la nouvelle Irian Jaya.
La Nouvelle-guinée confisquée aux Papous -
Le Monde Diplomatique
Cette colonisation démographique se traduira très vite par la redistribution des parcelles de terre appartenant depuis des
millénaires aux tribus papoues, au profit des nouveaux arrivants javanais. Puis, au coeur de la cordillère centrale de la province, de gigantesques mines à ciel
ouvert ont été creusées pour en extraire des minerais d’or, de nickel, de cuivre.
M. Sem Karoba, coordinateur de l’OPM - l’Organisation pour la libération de la Papouasie (Organisasi Papua Merdeka, OPM) - en Europe, résume bien la situation : « Depuis 1969, nous sommes assassinés et nos villages sont bombardés. Nous
ne maîtrisons pas notre propre éducation et notre langue est interdite. Nos maisons sont détruites. Notre culture est méprisée car notre religion traditionnelle nous conduit à croire aux arbres,
aux montagnes, aux fleuves. Les compagnies minières nous disent qu’il faut croire en un Dieu unique et non aux divinités de la nature. ».
La situation n'est pas idyllique non plus en Nouvelle-Guinée,
où cela crée de l'insécurité et de la violence dans les villes. (voir conseils de voyage du Ministère des affaires
étrangères)
Manifestation pour "la Papouasie libre" en décembre 2008
- photo Reuters
De plus, la plus grande nation "islamiste" au monde a lancé une campagne qui s'attaque à la nudité pratiquée
traditionnellement par les tribus Papous vivant dans les zones reculées au centre de la Papouasie indonésienne, entourée de hautes montagnes et sans contact avec le monde extérieur jusqu'à la fin
de la seconde guerre mondiale.
Ces hommes "à poil et à plumes" ne portent que le koteka, un étui pénien fait d'une calebasse, pour tout
vêtement. Cette habitude culturelle/ethnique est menacée par la loi "anti-pornographie" récemment adoptée par le parlement indonésien, à 3500 km. de là, et fortement soutenue par les adeptes de
la charia. La question est d'autant plus sensible que la Papouasie n'échappe pas aux assauts de la modernité et de la mondialisation, qui perturbent les relations entre générations et fragilisent
les traditions. La plupart des enfants et des jeunes adultes ont ainsi adopté tee-shirt et pantalon comme tenue quotidienne, et bien sûr l'innommable "robe missionnaire".
Cérémonie religieuse, avec dans l'assistance de nombreuses filles aux cheveux crépus,
affublés de "robes missionnaires" - © Antony Van Eeten
Tatouage facial appliqué aux filles à la puberté - photo Chris Bray /Australian geographic
Sociétés fondées sur la compétition, pour rivaliser de beauté et de prestige, les tribus papoues des Hautes-Terres de
Papouasie - Nouvelle-Guinée orientale attachent à la parure une importance capitale. Peintures faciales, coiffures somptueuses, bijoux en nacre composent le costume rituel des grandes cérémonies.
Jadis, on perçait les cloisons nasales lors de rites d'initiation. Les peintures corporelles ne suffisent pas pour incarner le personnage du guerrier. Les guerriers cachent leur visage sous un
masque de terreur pétri dans de l'argile. Les membres de la tribu des Lufa le noircissent au charbon de bois, l'auréolent de plumes de poule. Deux dents de porc sont fichées dans les
narines. Certaines tribus Chimbu portent un casque en terre glaise hérissé de défenses en bambou, comme leurs doigtiers. Les peintures faciales masquent les traits naturels du visage. On
distingue les hommes par des motifs clairs sur fond noir. Au fond de teint rouge qui évoque la fertilité, on reconnaît un visage féminin. Croissant de nacre autour du cou, grand coquillage sur la
poitrine, plumes de cacatoès dans les cheveux, fourrure de marsupial fixée avec des os, la jeune fille est prête à danser avec le guerrier dont elle apprécie la beauté. En signe de deuil, une
femme, qui a perdu son mari, enduit son corps d'argile grise, couleur symbolisant la mort. C'est le rituel de l'anti-parure. La durée du deuil est déterminée par le temps de putréfaction du corps
du défunt.
Guerriers Kunga - doc. Géo.fr
Il serait illusoire de vouloir analyser en quelques lignes les
richesses ethniques de cette myriade de tribus ... j'ai simplement voulu entrouvrir une porte sur ce peuple. Poussez là si vous êtes intéressés !
Sources :
- Papouasie - Nouvelle-Guinée
- La Nouvelle-guinée confisquée aux Papous - Le Monde Diplomatique
- Regain de tension en Papouasie - Le Monde
- Les Papous revendiquent le droit à la nudité - 7/7- lien
- Revealing the prehistoric settlement of australia by Y chromosome and mtDNA analysis 05.2007.
- Dossier sur l'Art contemporain Papou - Musée des
Confluences