Outre les habituels inconvénients liés à l’altitude, tels que dyspnée à l’effort (respiration courte), les risques d’hypothermie, de gelures, de brûlures, de phototoxicité, de lésions oculaires (kératite due aux U.V.) sont à prendre en compte.
En route vers le sommet de l'Ojos del Salado / Chili - photo Summitpost
Mais le problème le plus important reste le M.A.M., le mal aigu des montagnes.(encore appelé AMS - Accute Mountain Sickness) .
Les symptômes varient du malaise au coma :
Ils se manifestent quelques heures après l’arrivée en altitude ; les premiers signes sont peu sévères et limités à des maux de tête, des nausées, des vomissements, des bourdonnements d’oreilles, des palpitations, des vertiges et une lassitude … parfois des insomnies.
Au dessus de 3.000 mètres, ces symptômes peuvent s’aggraver rapidement, avec des quintes de toux, de l’essoufflement et évoluer vers des situations critiques :
- œdème pulmonaire de haute altitude : apparition de liquide dans les alvéoles pulmonaires, avec une toux sèche, de la fièvre, des lèvres bleues et un manque de respiration même au repos.
- et / ou un œdème cérébral de haute altitude (OCHA) qui se manifeste par des troubles de l’humeur et du comportement, des maux de tête, des troubles de la vue ou des vomissements, et qui peut plonger le malade dans le coma et même entraîner la mort. Ces signes ne doivent donc pas être pris à la légère.
Dans les
"penitentes" du Nevado Sajama / Bolivie - photo summitpost
A quoi sont-ils dus ? :
En altitude, la pression atmosphérique diminue … il y a, pour un même volume d’air, moins de molécules d’oxygène disponible pour l’organisme. Grosso modo, la quantité d’oxygène disponible à 3.000 mètres correspond aux 2/3 de celle disponible au niveau de la mer ; à 5.000 mètres, à la moitié, et ceci avec des variations liées à la saison et la latitude.
L’organisme va réagir à ce manque d’oxygène de plusieurs façons : la ventilation et la fréquence cardiaque vont augmenter de façon à capter et transporter davantage d’oxygène. Ces deux moyens de défense coûtent de l’énergie et seront rapidement remplacés par un mécanisme plus économique : le corps va produire un plus grand nombre de transporteurs d’oxygène, un plus grand nombre de globules rouges … mais leur temps de fabrication est de l’ordre d’une semaine de séjour à une altitude suffisamment élevée. De plus, des modifications hormonales complexes vont se produire, permettant d’éviter une rétention d’eau par l’organisme (oedèmes).
Qui est concerné par le M.A.M. ?
Plus on s’élève, plus les risques d’être atteint du mal des montagnes sont importants : si moins de 20 % des gens en souffrent vers 2 000 mètres, plus de 50 % en éprouvent les effets au-delà de 4 000 mètres.
En ce qui concerne les personnes touchées, il n’existe pas de règle ! N’importe qui, sportif ou non, peut souffrir du mal des montagnes. Cela dépend de plusieurs facteurs tels que l’état de fatigue ou d’éventuelles carences en fer. Les femmes semblent un peu plus touchées. Les enfants ne sont normalement pas plus exposés que les adultes, mais leur comportement très actif peut entraîner une plus grande fréquence de troubles. Les personnes âgées, elles, semblent moins touchées. Certaines personnes ont une réelle susceptibilité au mal des montagnes. Elles sont atteintes avant d’atteindre 2 500 mètres.
Sur le Mont Shasta / USA - photo Summitpost
Comment l’éviter ?
Pour prévenir le mal des montagnes, il faut avant tout monter progressivement. Et attendre de vous acclimater à l’altitude à laquelle vous comptez séjourner. Elle ne dure que deux ou trois jours en général, mais peut en prendre 15 sur l’Everest. Les personnes susceptibles doivent essayer de rester au repos les deux premières journées lors de séjours à la montagne.
L’empli d’alcool et de somnifères est à proscrire.
Il faut boire en abondance : les urines doive rester claires (soit 3 à 4 litres par jour) ! Le perte en eau augmente rapidement en altitude, par hyperventilation dans un milieu où la pression est diminuée.
Seules les personnes qui dans le passé ont souffert du mal d’altitude peuvent prendre préventivement l’acétazolamide (Diamox®) à la dose d’un comprimé de 250 mg, 2 x par jour (environ 7 mg par kilo de poids corporel), à commencer 1 jour avant d’avoir atteint 3000m jusqu’à 2 jours après être arrivé à la hauteur finale. La deuxième prise se fait idéalement à 16.00 heures dans l’après-midi, de telle manière que l’effet diurétique ait disparu avant l’heure du coucher. L’acétazolamide (Diamox®) favorise l’acclimatation et ne masque pas les symptômes.
Ce médicament doit être prescrit par un médecin. Les effets secondaires les plus fréquents sont des fourmillements périphériques et une altération du goût très désagréable (p.ex. lors de consommation de bière ou d’autres boissons gazeuses).
L’acétazolamide (Diamox®) ne sera pas administré aux personnes qui sont allergiques aux sulfamides ainsi qu'aux femmes enceintes; on l'utilisera très rarement chez les enfants (5mg/kg par jour en 2 doses).
Les personnes qui montent au-dessus de 3000 m peuvent emporter l’acétazolamide (Diamox®) et commencer avec ce médicament quand les premiers symptômes se présentent.
Que faire en cas d’apparition du MA.M. ?
Traitement en cas de mal d’altitude aigu modéré:
- Si des symptômes apparaissent quand même, une journée de repos (ou plus) s'impose, ne pas monter plus haut. Si c’est possible, on passera la nuit à moins de 500 m d’altitude.
- Quand les premiers symptômes de mal d’altitude se présentent, commencez à prendre 1 comprimé de 250 mg de Diamox®, 2x par jour pendant 2-3 jours ou plus court si on descend. Ceci favorise l’acclimatation.
- Prenez éventuellement 1 g d'acide acétylsalicylique ou de paracétamol ou 600 mg d'ibuprofène pour le mal de tête et de métoclopramide ou du dompéridone pour les nausées.
- Si malgré cela les symptômes s'aggravent, il ne reste plus qu'à redescendre d'au moins 500 m !
- Dès que les symptômes sont complètement disparus, on peut prudemment remonter.
Traitement en cas de mal d’altitude aigu sévère:
- Une descente rapide (au-dessous de 2500 m) est nécessaire pour la survie de l'intéressé !!!
- L'administration d'oxygène est indiquée si possible, en cas d’impossibilité on peut utiliser un caisson hyperbare portable (sac muni d’un piston). Ils n'offrent qu'une solution temporaire parce que leur effet diminue après quelques heures. Pour cette raison il faudra toujours le combiner avec l'administration de Diamox®, d'Adalat® et/ou de corticostéroïdes et tout mettre en oeuvre pour une descente rapide.
Note :
Les informations incluses dans cette page n'y sont qu'à titre indicatif. Elles sont parcellaires et ne
dispensent pas de consulter un médecin pour tout ce qui touche à la santé en trekking. Aussi, l'auteur de ce site ne saurait être tenu responsable des inconvénients subis par des personnes qui
n'auraient pas pris les précautions d'usage.
Un bon résumé en vidéo :
Sources :
- Institut de Médecine tropicale Anvers - médecine des voyages - link
- Ifremmont - Institut de formation et de recherche en médecine de montagne - link