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Earth of fire

Actualité volcanique, Articles de fond sur étude de volcan, tectonique, récits et photos de voyage

Publié le par Bernard Duyck
Publié dans : #Excursions et voyages

Outre les habituels inconvénients liés à l’altitude, tels que dyspnée à l’effort (respiration courte), les risques d’hypothermie, de gelures, de brûlures, de phototoxicité, de lésions oculaires (kératite due aux U.V.) sont à prendre en compte.

 

Ojos-del-salado---summitpost.jpg                  En route vers le sommet de l'Ojos del Salado / Chili - photo Summitpost


Mais le problème le plus important reste le M.A.M., le mal aigu des montagnes.(encore appelé AMS - Accute Mountain Sickness) .


Les symptômes varient du malaise au coma :

Ils se manifestent quelques heures après l’arrivée en altitude ; les premiers signes sont peu sévères et limités à des maux de tête, des nausées, des vomissements, des bourdonnements d’oreilles, des palpitations, des vertiges et une lassitude … parfois des insomnies.

Au dessus de 3.000 mètres, ces symptômes peuvent s’aggraver rapidement, avec des quintes de toux, de l’essoufflement et évoluer vers des situations critiques :

- œdème pulmonaire de haute altitude : apparition de liquide dans les alvéoles pulmonaires, avec une toux sèche, de la fièvre, des lèvres bleues et un manque de respiration même au repos.

- et / ou un œdème cérébral  de haute altitude (OCHA) qui se manifeste par des troubles de l’humeur et du comportement, des maux de tête, des troubles de la vue ou des vomissements, et qui peut plonger le malade dans le coma et même entraîner la mort. Ces signes ne doivent donc pas être pris à la légère.

 

Sajama----summitpost.jpg                        Dans les "penitentes" du Nevado Sajama / Bolivie - photo summitpost

 

A quoi sont-ils dus ? :

En altitude, la pression atmosphérique diminue … il y a, pour un même volume d’air, moins de molécules d’oxygène disponible pour l’organisme. Grosso modo, la quantité d’oxygène disponible à 3.000 mètres correspond aux 2/3 de celle disponible au niveau de la mer ; à 5.000 mètres, à la moitié, et ceci avec des variations liées à la saison et la latitude.

L’organisme va réagir à ce manque d’oxygène de plusieurs façons : la ventilation et la fréquence cardiaque vont augmenter de façon à capter et transporter davantage d’oxygène. Ces deux moyens de défense coûtent de l’énergie et seront rapidement remplacés par un mécanisme plus économique : le corps va produire un plus grand nombre de transporteurs d’oxygène, un plus grand nombre de globules rouges … mais leur temps de fabrication est de l’ordre d’une semaine de séjour à une altitude suffisamment élevée. De plus, des modifications hormonales complexes vont se produire, permettant d’éviter une rétention d’eau par l’organisme (oedèmes).


Qui est concerné par le M.A.M. ?

Plus on s’élève, plus les risques d’être atteint du mal des montagnes sont importants : si moins de 20 % des gens en souffrent vers 2 000 mètres, plus de 50 % en éprouvent les effets au-delà de 4 000 mètres.

 En ce qui concerne les personnes touchées, il n’existe pas de règle ! N’importe qui, sportif ou non, peut souffrir du mal des montagnes. Cela dépend de plusieurs facteurs tels que l’état de fatigue ou d’éventuelles carences en fer. Les femmes semblent un peu plus touchées. Les enfants ne sont normalement pas plus exposés que les adultes, mais leur comportement très actif peut entraîner une plus grande fréquence de troubles. Les personnes âgées, elles, semblent moins touchées. Certaines personnes ont une réelle susceptibilité au mal des montagnes. Elles sont atteintes avant d’atteindre 2 500 mètres.

 

Shasta---Summitpost.JPG                                   Sur le Mont Shasta / USA  - photo Summitpost


Comment l’éviter ?

Pour prévenir le mal des montagnes, il faut avant tout monter progressivement. Et attendre de vous acclimater à l’altitude à laquelle vous comptez séjourner. Elle ne dure que deux ou trois jours en général, mais peut en prendre 15 sur l’Everest. Les personnes susceptibles doivent essayer de rester au repos les deux premières journées lors de séjours à la montagne.

L’empli d’alcool et de somnifères est à proscrire.

Il faut boire en abondance : les urines doive rester claires (soit 3 à 4 litres par jour) !  Le perte en eau augmente rapidement en altitude, par hyperventilation dans un milieu où la pression est diminuée.


Seules les personnes qui dans le passé ont souffert du mal d’altitude peuvent prendre préventivement l’acétazolamide (Diamox®) à la dose d’un comprimé de 250 mg, 2 x par jour (environ 7 mg par kilo de poids corporel), à commencer 1 jour avant d’avoir atteint 3000m jusqu’à 2 jours après être arrivé à la hauteur finale. La deuxième prise se fait idéalement à 16.00 heures dans l’après-midi, de telle manière que l’effet diurétique ait disparu avant l’heure du coucher. L’acétazolamide (Diamox®) favorise l’acclimatation et ne masque pas les symptômes.

Ce médicament doit être prescrit par un médecin. Les effets secondaires les plus fréquents sont des fourmillements périphériques et une altération du goût très désagréable (p.ex. lors de consommation de bière ou d’autres boissons gazeuses).

L’acétazolamide (Diamox®) ne sera pas administré aux personnes qui sont allergiques aux sulfamides ainsi qu'aux femmes enceintes; on l'utilisera très rarement chez les enfants (5mg/kg par jour en 2 doses).

 

Les personnes qui montent au-dessus de 3000 m peuvent emporter l’acétazolamide (Diamox®) et commencer avec ce médicament quand les premiers symptômes se présentent.

 

Que faire en cas d’apparition du MA.M. ?

 

Traitement en cas de mal d’altitude aigu modéré:

- Si des symptômes apparaissent quand même, une journée de repos (ou plus) s'impose, ne pas monter plus haut. Si c’est possible, on passera la nuit à moins de 500 m d’altitude.

- Quand les premiers symptômes de mal d’altitude se présentent, commencez à prendre 1 comprimé de 250 mg de Diamox®, 2x par jour pendant 2-3 jours ou plus court si on descend. Ceci favorise l’acclimatation.

- Prenez éventuellement 1 g d'acide acétylsalicylique ou de paracétamol ou 600 mg d'ibuprofène pour le mal de tête et de métoclopramide ou du dompéridone pour les nausées.

- Si malgré cela les symptômes s'aggravent, il ne reste plus qu'à redescendre d'au moins 500 m !

- Dès que les symptômes sont complètement disparus, on peut prudemment remonter.


Traitement en cas de mal d’altitude aigu sévère:

- Une descente rapide (au-dessous de 2500 m) est nécessaire pour la survie de l'intéressé !!!

- L'administration d'oxygène est indiquée si possible, en cas d’impossibilité on peut utiliser un caisson hyperbare portable (sac muni d’un piston). Ils n'offrent qu'une solution temporaire parce que leur effet diminue après quelques heures. Pour cette raison il faudra toujours le combiner avec l'administration de Diamox®, d'Adalat® et/ou de corticostéroïdes et tout mettre en oeuvre pour une descente rapide.

 

Note :
Les informations incluses dans cette page n'y sont qu'à titre indicatif. Elles sont parcellaires et ne dispensent pas de consulter un médecin pour tout ce qui touche à la santé en trekking. Aussi, l'auteur de ce site ne saurait être tenu responsable des inconvénients subis par des personnes qui n'auraient pas pris les précautions d'usage.

 

 

Un bon résumé en vidéo :

 

 

 

 

Sources :

- Institut de Médecine tropicale Anvers - médecine des voyages - link

- Ifremmont - Institut de formation et de recherche en médecine de montagne - link

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Publié le par Bernard Duyck
Publié dans : #Excursions et voyages

 

 

 

sidley-west-side---advenure-network.jpg

                           Mont Sidley côté ouest - photo Advenure Network


Le Mont Sidley est situé dans la chaîne volcanique Executive Committee Range, qui comprend cinq volcans alignés nord-sud sur 80 km. le long du 136° méridien ouest, dans le Marie Byrd Land en Antarctique.

 

volcanoes-Executive-Committee-range1.jpg

 

Cette chaîne de volcans a été découverte en décembre 1940 par une expédition de l’United States Antarctic Service, et cartographiée entre 1958 et 1960 par l’USGS / US Navy. Les volcans sont : le mont Hampton, le mont Cumming, le mont Hontigan, le mont Sidley et le mont Waesche.

L’épaisseur de la couverture glaciaire dans cette partie du continent Antarctique est de deux kilomètres. Si elle disparaissait totalement, elle laisserait un archipel d’îles volcaniques ressemblant au Japon.

 

Nous passons sous l’altitude des 5.000 avec le Mont Sidley, le plus haut du continent, qui atteint 4.285 mètres. Le pied du volcan est situé à une altitude de 2500 mètres, l’inlandsis entourant le mont Sidley culminant à environ 2100 m. Ce volcan-bouclier éteint et érodé a un volume supérieur à 200 km³.


 

750px-MountSidleyWaescheMap.jpg Les monts Sidley et Waesche, dans le sud de l'Executive Committee Range - doc. USGS Atlas of Antarctic Research.

 

Un côté de la montagne forme une caldeira en fer-à-cheval de 5.000 mètres de diamètre, nommée amphithéatre Weiss, avec des parois haute de près de 1.000 mètres. L’autre côté forme une pente douce et permet un accès grâce aux skis. A part quelques arêtes et versants, le mont Sidley est recouvert de glaciers, dont le glacier Parks qui occupe la caldeira.


Le volcanisme ayant donné naissance au mont Sidley est associé à un rift au magma alcalin. Les premières laves émises par le volcan sont des phonolites et des trachytes qui forment plusieurs cônes entrés en coalescence. Les trachytes dominent ensuite avec quelques trachy-andésites basaltiques, benmoréites et basanites.

 

F1.large    Topographie et structure (dans l'encart) du  Marie Byrd Land et situation du rift - geology.gsapubs


Le mont Sidley a commencé à se former au début du Pliocène, il y a 5,7 millions d'années. Cette première phase voit la croissance de plusieurs cônes qui fusionnent. Elle s'achève par une éruption donnant naissance à une caldeira il y a 4,7 ou 4,8 millions d'années. L'activité volcanique se déplace ensuite à environ cinq kilomètres vers le sud avec la croissance de dômes de lave qui produisent des brèches et des tufs. La troisième phase éruptive commence il y a 4,4 millions d'années par une éruption à l'origine de la formation de la caldeira actuelle. La dernière phase s'achève il y a 4,2 millions d'années avec la formation de cônes de basanite.

 

Sources :

- Adventure Network International - Mount Sidley - Volcanic seven summits - link

- Volcanoes of the Antarctic Plate and Southern Oceans.  - LeMasurier, W. E.; Thomson, J. W. (eds.) (1990) -  American Geophysical Union

- Volcanic history of Mount Sidley, a  major alcaline volcano in MarieByrd Land, Antarctica - by K.S. Panter & al.

- Petrogenesis of a phonolite-trachyte succession at Mount Sidley, Marie Byrd Land - by K.S. Panter & al.

 

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Publié le par Bernard Duyck
Publié dans : #Excursions et voyages

Toujours dans la chaîne de l’Elbrus, mais cette fois en Iran , au nord-est de Téhéran, se dresse la silhouette conique du plus haut stratovolcan du Moyen-Orient, avec 5.670 mètres.

 

Damavand-Peak-by-Hamid-Yaghoubi.jpg                   Le cône parfait du Damavand - photo Hamid Yagoubi


Le mont Damāvand a une place particulière dans la mythologie iranienne. Dans des textes et plus généralement la mythologie zoroastrienne, le dragon à trois têtes Aži Dahāka était enchaîné au mont Damāvand, condamné à y rester jusqu'à la fin du monde. Dans une version plus tardive de la même légende, le tyran Zahhāk était également enchaîné dans une grotte du mont Damāvand après avoir été battu par Kāveh et Fereydūn. Dans la poésie et la littérature iranienne, le Damāvand est le symbole de la résistance aux souverains étrangers.


Malgré la place que le Damāvand occupe dans la mythologie iranienne, il était omis sur les cartes et n'a pas été mentionné par les voyageurs occidentaux. Les historiens et géographes ont souvent écrit à propos des premières ascensions, comme celle de Abu Dolaf Kasraji, en 905 environ ou celle de Yaqut, trois siècles plus tard.


La première ascension certaine est celle de W. Taylor Thompson en 1837. En 1843, le botaniste autrichien Karl Georg Theodor Kotschy atteint le sommet. À partir de 1860, des ascensions sont effectuées par des Britanniques et des Prussiens.

 

damavand_mountain_Wallpaper_rnryn.jpg                                               Damavand - photo Mountain wallpaper

 

Sa tectonique est similaire à celle de l’Elbrus, et liée à la remontée de la plaque arabique et aux failles complexes de la zone… mais son activité à dominante trachyandésitique fut principalement originaire de l’évent sommital, avec une série de coulées radiales de nature effusive, ce qui lui vaut ce beau profil !


Un jeune cône s’est édifié au cours des 600.000 ans passés sur un ancien édifice, restes de ce qui est interprété comme une paroi de caldeira. L’activité effusive a dominé au Damavand avec une activité pyroclastique limitée et un seul évènement explosif majeur  qui a produit une ignimbrite soudée il y a 280.000 ans. L’activité plus récente a consisté en une série de coulées de lave couvrant le côté ouest du volcan. La dernière éruption est datée de 5.350 avant JC. Toutefois, des sources chaudes ponctuent ses flancs.

 

Damavand_Volcanic_Crater-08.2009-M.Samadi.JPG                          Le cratère du Damavand - photo M. Samadi 08.2009


Le sommet abrite un cratère de 150 m. de large et profond de 20 m., qui contient un petit lac gelé de 40 m. de diamètre. Malgré l’altitude, la région est trop aride pour supporter des glaciers permanents. En 1993, une visite du sommet a révélé la présence d’un petit mais puissant évent fumerollien sur le bord sud du cratère, émettant des gaz riches en SO2 à une température de 50°C environ, et de dépôts de soufre. Une autre visite par des équipes de la SVG en 1999 a confirmé cette situation.

 

Damavand---hkiaee-Summitpost.JPG        Damavand - fumerolles et dépôts de soufre prches du sommet - photo Hkiaee / Summitpost

 

Damavand---sulphuric-hill-08.2001---Summitpost.jpg                                    Damavand - "sulphuric hill"  - photo Summitpost 2001

 

Sources :

- Globl volcanism Program - Damavand

- Summitpost - Damavand

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Publié le par Bernard Duyck
Publié dans : #Actualités volcaniques

 

27.06.12---semaphore-jaune.jpg

       Sémaphore jaune à partir du 27 juin 2012 - INVOLCAN - avec les diagrammes de déformation.


Involcan a publié un communiqué de presse  informant d'une "déformation significative du terrain" sur El Hierro, détectée par les réseaux GPS.

Au cours des trois derniers jours, des déplacements horizontaux de 2 cm. ont été enregistrés à l'est, et de 3 cm. au nord, ainsi que des déplacements verticaux de 2 cm ... qui reflètent clairement des mouvements magmatiques en sous-sol beaucoup plus rapides que ceux enregistrés l'an passé.

La source responsable des déformations se trouve sous la partie SO de l'île, dénommée El Julan, et coïncide avec l'activité sismique récente.

 

Le Pevolca a augmenté le niveau d'alerte à jaune ce mercredi 27 juin 2012, pour la zone El Julan - La Dehesa, pratiquement inhabitée.

 

Juin-2012---histograma_HIERRO.jpg                         Nombre et magnitude des séismes de juin 2012 - Doc. IGN

 

25---27.06.12-14h26-Eventos_HIERRO_2D.jpg

                               Localisation et profondeur des séismes entre le 25 et le 27.06.2012 / 14h26

                                    88 séismes ont été enregistrés sur cette période.

 

seismes-01.06-.11---01.06.12---Involcan.jpg

Nombre de séismes de magnitude égale ou supérieure à 2,5 - période du 01.06.2011 - à ce jour

Doc. Involcan

 

D'autre part, Involcan signale qu'il ne pourra plus assurer une surveillance constante au niveau d'El Hierro, étant donné que les subsides aloués par le Macavol, projet qui devait durer jusqu'en juillet 2013, sont d'ore et déjà épuisés.

 

Sources :

INVOLCAN - IGN - AVCAN.

 

  

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Publié le par Bernard Duyck
Publié dans : #Excursions et voyages

Le Mont Elbrus constitue le point le plus élevé de la chaîne montagneuse du Caucase, et à ce titre également le sommet de l’Europe.

 

Mt_Elbrus_Caucasus---Jialiang-Gao.jpg                       Le Mont Elbrus domine la chaîne du Caucase - photo Jialiang Gao


Le nom Elbrus / Elbrouz dérive de termes utilisés dans l’Avesta, textes sacrés des Zorostriens, Elbourz, désignant une montagne légendaire. Après l'islamisation de la Perse, elle aurait pris le nom arabisé de Harborz puis Alborz, apparenté à l'Elbrouz.

Les Anciens appelaient cette montagne Strobilus, un emprunt du grec strobilos signifiant "objet tordu", un terme établi de longue date pour décrire la forme du volcan, et pensaient que Zeus y avait enchaîné Prométhée, le Titan qui avait volé le feu aux dieux pour l'offrir aux hommes, sans doute en référence à son ancienne activité éruptive.


 

turkeyplate1---Sigurdsson.jpgRemontée de la plaque Arabique et complexes de failles marquant le Moyen-Orient - doc. Sigurdsson.

Les triangles rouges marquent la position des volcans.


Le Caucase est formé par la collision vers le nord de la plaque arabique contre la plaque eurasienne provoquant de nombreux séismes dans la région. La zone de failles est complexe et le déplacement en grande partie latéral au niveau de l'Anatolie et de l'Iran empêche la création d'un phénomène de subduction et explique la rareté des volcans dans la chaîne de montagne. L'Elbrus est donc une des rares exceptions, constitué à la fois de roches métamorphiques (schistes, gneiss) et de roches magmatiques (granite, rhyolite, tuf).

 

Mt._Elbrus_in_Russia.jpg     Le mont Elbrus domine la vallée de Baksan et le village de Terksol. - photo Jason Blue-Smith


L'Elbrus aurait commencé à se former il y a 10 millions d'années. Les ejectas issus du volcan couvrent une superficie de 260 km². Des fragments de rhyolite et de rhyodacite ainsi que des formations de tuf et d'ignimbrite ont été trouvés et ont permis de dater à l'uranium-plomb la formation de la caldeira principale vers -700 000 ans, correspondant probablement à la fin d'un cycle éruptif majeur. La caldeira mesurerait 17 km. sur 14, soit une surface de 230 km² environ, correspondant à l’aire de production signalée par le GVP. Des datations géochronologiques ont mis en évidence des cycles éruptifs postérieurs synchrones dans différents foyers magmatiques du Grand Caucase, démontrant l'origine géologique commune de cette activité volcanique.

 

Elbruz-caldera.gif

 Carte de coulées du volcan et de la caldeira de l'Elbrus - doc. Gurbanov & al. / structure géologique de la caldeira Elbrus.

1. Volcans – 2. cratères – 3. petits centres éruptifs – 4. caldeira interne – 5. coulées de lave de l’holocène – 6. coulées du pléistocène – 7. limites de la caldeira – 8 . ignimbrites et tuffs de la formation de la caldeira – 9. coulées pyroclastiques post-caldeira – … - 14. direction des coulées pyroclastiques en relation avec la formation de la caldeira et les éruptions post-caldeira – 15. zone fragilisée est-ouest.


Deux sommets jumeaux coiffent l’Elbrus ; le sommet ouest culmine à 5.642 mètres et dépasse quelque peu le sommet Est, haut de 5.621 mètres. Les sommets sont séparés par un ensellement à 5.416 m. Le cratère de 300 à 400 mètres de diamètre, situé au sommet du pic oriental, a été progressivement comblé de neige et de glace.

 

Elbrus--13.07.2002-ISS005E09675.jpg                  L'Elbrus et ses sommets glacés le 13.07.2002 - Nasa - ISS005E-09675

 

Sa dernière éruption date du début de l'ère chrétienne : 50 ans +/- 50. (données GVP). L'activité post-volcanique est composée de solfatares près du sommet, au niveau d’une coulée de lave longue de 24 km. sur le flanc est, et de sources chaudes sur les flancs (mesurées à 21°C sur le flanc nord et plus chaudes ailleurs).


L'Elbrus est recouvert par une épaisse couche de glace, mais qui n'est pas présente dans le cratère "est", où on a enregistré une température de 20°C - à une altitude de plus de 5.000 mètres -, ce qui permet à la mousse de pousser dans les crevasses.

Une étude est menée par l'Université d'état de Moscou en 2004, qui utilise un interféromètre laser pour suivre les changements de la chambre magmatique du volcan et de la croûte terrestre au même endroit. Vadim Milyukov, qui dirige l'équipe scientifique, constate : "la chambre magmatique superficielle commence à se réchauffer " ... " nous avons développé une méthode avancée pour contrôler les caractéristiques de résonance de cette chambre et en mesurer les changements. Tout montre que le volcan se réchauffe. Il est cependant difficile de prévoir quand il entrera en éruption, mais il y a de fortes probabilités pour que quelque chose se passe ". Selon les scientifiques russes, il sera nécessaire d'étudier les concentrations d'hélium et d'aérosols émis, permettant ainsi de contrôler le début d'une nouvelle phase d'activation. Ils notent qu'il n'y a pas pour le moment de séismes liés à une recharge de la chambre magmatique.

 Le danger principal de ce volcan reste une fusion de la glace et de la neige qui le recouvrent, suivie de lahars qui menaceraient 20.000 personnes vivant en contrebas de l'Elbrus.

 

Elbrus-depuis-NE---vladimir-kopilov-summitpost.jpg                   L'Elbrus depuis le NE - photo vladimir Kopilov / Summitpost

 

Elbrus---route-depuis-la-vallee-de-Baksan---Andrey-Ershov.gif           Elbrus - Route et refuges depuis Baksan - photo annotée de Andrey Ershov


Il est recouvert de nombreux glaciers et, même si l'ascension est techniquement facile et dispose de moyens mécaniques sur l'itinéraire principal, il reste difficile d'accès en raison de ses conditions climatiques rigoureuses et changeantes. Ainsi, le point culminant n'est vaincu qu'en 1874 et la montagne, devenue un symbole de conquête, a fait de nombreux morts. Malgré des problèmes environnementaux dus à la fréquentation, la faune et la flore relativement riches sont protégées par un parc national depuis 1986.

 

Elbrus---Corax-summitpost.jpg                                    Elbrus - photo Corax / Summitpost.

 

On_the_way_to_Elbrus_summit---Alex-Lichtenberger--Flickr.jpg             Elbrus -  "En route vers le sommet" - photo Alex Lichtenberger / Flickr


 

Sources :

- Global Volcanism Program - Elbrus

- Summitpost - Mount Elbrus - link

- The Elbrus caldera in the northern Caucasus: geological structure and time of formation - by A.G. Gurbanov & al. / Russian Journal of earth Sciences 2004. - IGEM/USGS - link

- Russsian journal of earth sciences - Acitivity of elbrus volcano (North Caucase) - link

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Publié le par Bernard Duyck
Publié dans : #Sismologie

Un regain général de la sismicité marque l'île d'El Hierro / Canaries depuis le 14 juin, avec un premier essaim sismique.

A partir du 18 juin en soirée, un second essaim est enregistré.

La profondeur des hypocentres est comprise entre 16 et 19 km. et trois secousses dépassent la Magnitude 2 sur l'échelle de Richter.

 

Les 24-25 juin sont marqués par un nouveau pic : 24 séismes le 24, et 186 le 25 !

L'Avcan détaille ceux-ci sur sa carte, où nous pouvons voir une migration des foyers depuis El Golfo vers l'intérieur de l'île, entre Sabinosa et Malpaso., puis vers l'ouest.

 

01-25.06.12-AVCAN3309.jpg

Séismes du 01 au 23.06 : beige (120) - séismes du 24.06 ; vert (16) - séismes du 25.06 : de 00:00 à 12:00 : rouge (79) - de 12:00 à 18:00 h. : rose (85) et de 18:00 -en cours : violet (22). - Doc. synthétique AVCAN du 26.06.12

 

18---25.06.12-17h-Eventos_HIERRO_us.jpg

              Localisation et profondeur des séismes entre les 18 et 25.06.12 /17:00 h - doc. IGN

 

25.06.12-HT---seismes-CHIE.jpg               HT et séismes du 25.06.12 entre 00:00 et 17:00 h - sismo station CHIE - doc. IGN

 

25.06.12-21-22-h-CHIE.jpg                     Séismes du 25.06.12 entre 21:00 et 22:00 h - sismo station CHIE - doc. IGN

                           Secousse de M3 environ, en absence de précisions de l'IGN.


La plupart des séismes ont une magnitude comprise entre M2 et M3 , avec un trémor élevé en parallèle ... ce qui laisse supposer une intrusion magmatique.

 

Un rapport du PEVOLCA, le 25.06 vers 18h, n'ordonne pas de précautions spéciales à prendre, même pas pour le zone d'El Julan, sous laquelle les séismes sont centrés. Les partenaires scientifiques du Pevolca, IGN et INVOLCAN, cautionnent cette décision sur base d'une absence de déformation de l'île, d'une absence d'émissions gazeuses et de la profondeur des séismes, aux alentours des 20 km.

Le rapport mentionne que l'IGN suit en temps réel la sismicité, au contraire des infos données au compte goutte et avec retard au public.

 

Affaire à suivre donc, car il semble que l'accès du magma en direction des cônes sous-marins soit bloquée ... la magnitude des séismes en hausse laisse augurer différents scénarios !

 

Sources :

- AVCAN, IGN, INVOLCAN, Gobierno de Canarias

- Earthquake reports.

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Publié le par Bernard Duyck
Publié dans : #Excursions et voyages

Le mont Kenya, point culminant du Kenya et deuxième plus haut sommet d'Afrique, est situé au nord  nord-est de Nairobi, la capitale.

 

Mt_kenya_gorges_valley_chogoria_route---Mehmet-Karatay.jpg 

Mont kenya - la Gorges valley sur l'itinéraire Chogoria - on y voit le Batian, le Nelion, la pointe Lenana et The Temple - photo Mehmet Karatay 2006

 

Les croyances et les rituels des tribus locales envers le mont Kenya sont la source de l'appellation du pays.

Différentes tribus ont leurs propres noms pour désigner le mont Kenya. Les Kikuyu l'appellent Kirinyaga qui signifie "montagne blanche" ou "montagne brillante", les Embu Kirenia qui signifie  "montagne de la blancheur", les Masaï Ol Donyo Eibor ou Ol Donyo Egere, soit respectivement  "la montagne blanche" et  "la montagne tachetée" et les Akamba Kiinyaa qui signifie "montagne de l'autruche". Ce dernier nom renvoie à la couleur des pics qui sont blancs avec la neige et noirs avec les rochers, ressemblant au plumage du mâle. Krapf demeurait dans un village Wakamba lorsqu'il vit la montagne pour la première fois et lui attribua donc le nom de Kegnia , une déformation de Kiinyaa.

À l'époque, il n'était pas nécessaire d'ajouter « mont » dans le nom de la montagne. On ne commence à trouver le toponyme actuel « mont Kenya » qu'en 1894, avant qu'il ne devienne officiel en 1920 lorsque la colonie du Kenya, précédemment Protectorat britannique d'Afrique de l'Est, est fondée.

 

MtKenya--camptocamp.org.jpg                  Un relief exceptionnel pour un volcan ... le Mont Kenya - photo Camptocamp

 

Le mont Kenya, comme le Kilimandjaro, est situé à l'intersection de la branche continentale du rift et du linéament d'Assoua (*), zone de fracturation importante.
Né de l'ouverture du rift , il y a environ 3 millions d'années (3,1 à 2,6 Ma), il n'a pas l'apparence habituelle d'un stratovolcan !
Ceci est du à sa couverture durant des millénaires par une importante calotte glaciaire qui a fortement érodé ses pentes et lui a donné ce relief particulier, avec de nombreuses vallées qui descendent du sommet. il reste aujourd'hui une douzaine de petits glaciers, en retrait rapide. La montagne demeure une source d'eau essentielle pour une grande partie du pays.


 

600px-Mount_Kenya_Summit_photomap-fr.svg---Semhur.png

                   Sommet du Mont Kenya - et noms des glaciers, vallées et pics - doc. Sémhur

 

Les plus hautes cimes culminent à 5.199 m. à la pointe Batian, 5.188 m. à la pointe Nelion ; la pointe Lenana est mesurée à 4.985 m.
Les deux pointes les plus élevées seraient parties prenantes du bouchon de l'ancien cratère. Ils sont composés de néphéline-syénite (*).
Les roches des pentes situées plus bas sont faites d'agglomérats et de différentes laves.

 

800px-Batian_Nelion_and_pt_Slade_in_the_foreground_Mt_Kenya.JPG Mont Kenya - La pointe Batian (au centre gauche), la pointe Melion (au centre droit) - reliquats de l'ancien cratère - et la pointe Slade à l'avant plan - photo Chris 73.

 

Le mont Kenya fut découvert par les européens en 1849, avec Johann Ludwig Krapf. Comme dans le cas du Kilimandjaro, la communauté scientifique resta circonspecte sur la véracité de cette découverte et l'existence de neiges éternelles sous ces latitudes. La confirmation n'arriva qu'en 1883 et la première exploration en 1887; le sommet fut vaincu en 1889 par l'équipe de H.J.Mackinder.

 

750px-Mount_Kenya_Climbing_Routes_and_Huts_photomap-fr.svg-.png                            Routes et refuges du Mont Kenya - doc. Sémhur

 

Aujourd'hui de nombreux itinéraires et refuges permettent aux bons marcheurs d'accéder au volcan en 4 - 5 jours, mais pour atteindre les 2 pointes précitées, il faut des compétences d'alpinistes confirmés.

 

Mt_kenya_shiptons_camp_with_sendeyo---Memeth-Karatay.jpg

Mont Kenya - Shipton's camp, sur la route Sirimon - Terere et Sendeyo, à l'arrière-plan - photo Mehmet Karatay.

 

Mt_kenya_the_temple---Mehmet-Karatay.jpgMont Kenya - "The Temple", un à-pic impressionnant dominant le lac Michaelson - route Chigoria - photo Mehmet Karatay.

 

(*) :
 - néphéline-syénite  - lien vers la fiche USGS très complète.
 - linéament d'Assoua :  carte du CNRS d'après Chorowicz

 

Sources :

- Summitpost - Mount Kenya

- Camptocamp - Mont Kenya

- Unesco - Mount Kenya national park

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Publié le par Bernard Duyck
Publié dans : #Excursions et voyages

 

Appelé Ol Doinyo Olibor en maa, langue des Maasai, son nom, adopté en 1860, viendrait du swahili Kilima Ndjaro (kilima : petite montagne, ndjaro : blancheur,éclat), soit la " montagne étincelante ".

Sa silhouette arrondie couronnée de neiges éternelles domine la plaine africaine et sert de toile de fond à sa faune : le Kilimandjaro, s'élève dans le nord-est de la Tanzanie, à 5.891,8 mètres (mesures 2008 GPS /gravimétrie).

Pour nombre de randonneurs, le " Kili ", comme on l’appelle familièrement n’est que le toit de l’Afrique, et la montagne isolée la plus haute du monde … mais c’est surtout un massif volcanique !

 


Mt._Kilimanjaro_12.2006--wiki-Chris3---12.2006.JPG                  Le toit de l'Afrique, le Kilimandjaro en décembre 2006 - photo Chris 73.

 
Ce complexe volcanique de forme ovale : 70 km. (N.O. - S.E.) par 50 km. (N.E. - S.O.), couvre 388.500 hectares.
Ce stratovolcan est composé de trois sommets principaux, qui sont tous des volcans éteints : le Shira, à l'ouest (3962 m.), le Kibo, au centre (5892 m.) et le Mawenzi à l'est (5149 m.)

 

ReliefKilimanjaro-copie.jpg

Le massif du Kilimandjaro (3D / fausses couleurs) et deux volcans voisins, le Ngurdoto et le Mt. Méru


Le Kibo est couronné d'une caldeira elliptique - 2,4/3,6 km. - renfermant un cratère de 900 m. de diamètre, le Reusch crater, au milieu duquel s'élève un cône de cendre de 200 m. de diamètre, nommé Ash pit. Le pic principal, situé sur le bord méridional de son cratère externe, s'appelle Pic Uhuru ("liberté" en swahili); au S.O. du sommet, un glissement de terrain a donné naissance, il y a 100.000 ans, à Western Breach qui domine la Baranco Valley.

 

Light-1937.jpg

Kilimandjaro - le sommet du Kibo en 1937 - photo archives UWMilwaulkee libraries / Mary and Richard Light.

Kili 2004 - Sémhur                    Kilimandjaro - le sommet du Kibo en 2004 -photo Sémhur.


 

Le volcanisme du Kilimandjaro débute au cours du Pliocène et la construction de cet édifice se fait en 4 grandes phases, qui ont émis un total de 5.000 km³ de roches volcaniques. Les trois dernières ont formé les stratovolcans imbriqués : Shira, Kibo et Mawenzi. Le rift qui les traverse a donné naissance à de nombreux cônes satellites.

1. Le paléo-volcan KILEMA :
Cette phase est probablement antérieure à 2,5 Ma, mais reste mal connue en raison du faible nombre de datations effectuées sur le volcan et de l'enfouissement des coulées par d'autres plus récentes.
Au total, le volume émis par ce paléo-volcan représenterait près des 2/3 du volume actuel.

 

Mount_Kilimanjaro_Geology_map-fr.jpg      Carte géologique simplifiée du massif du Kilimandjaro, et de ses trois entités - doc. Sémhur

 

2. Le SHIRA :
La naissance du Shira remonte à 2,5- 2 Ma et se caractérise par des émissions volcaniques à la jonction et le long des dorsales d'Ol Molog et de Kibongoto, orientées en gros N/S.
Un volcan basaltique allongé se met en place à partir de pyroclastites, de tufs et de laves.
Le Shira présente une caldeira ouverte vers le N-E., avec des remparts marqués à l'ouest et au sud. Une centaine de dykes, témoins d'une ultime activité, s'élèvent en son centre.
L'érosion, principalement glaciaire, puis les émissions du Kibo ont modifié son relief.

3. Le MAWENZI :
La naissance du Mawenzi remonte à 1,1 - 0,7 Ma, résultant de la migration de l'activité volcanique vers l'est, au niveau de l'ancienne dorsale du Kilema.
- dans un premier temps, le Mawenzi connait des intrusions basaltiques (Neumann tower) et des extrusions de trachy-basaltes et de trachy-andésites, formant des cônes et des necks (*) érodés (South Peak, Pinnacle Col et Purtscheller Peak).
L'érosion post-volcanique est maximum sur ces matériaux fins et le relief prend un aspect chaotique, laissant émerger des sills (*).

- dans un second temps, vers 600 - 500.000 ans, des nuées ardentes éventrent le rebord N-E. de la caldeira du Mawenzi. Un volcanisme de type Peléen se met en place avec émission de pyroclastites (*) et des lahars.
S'en suit une seconde phase érosive du à la glaciation des sommets.

 

kili-profile1.jpg                       Kilimandjaro : profil (exagéré) du massif avec ses trois sommets - wiki

4. LE KIBO:
La naissance du Kibo remonte à 600 - 500.000 ans et se fait en cinq étapes.
- 1° étape : jusqu'à 400.000 ans, un stratovolcan conique se forme, au dessus de la dorsale de Kibongoto; les éruptions irrégulières favorisent une érosion et des dépôts morainiques engendrés par une première période de glaciation. Elles se concluent par un évènement explosif (le Weru Weru) et les premières irruptions de cônes secondaires dans la zone d'Ol Molog.
- 2° étape : entre 400.000 et 250.000 ans, un dôme de trachytes et phonolites se forme, qui émet des coulées de lave à porphyre suivies de l'effondrement de l'édifice. Une deuxième période de glaciation provoque une nouvelle érosion.
Un lac se forme, comme en atteste la présence de Pillow lavas (*).

- 3° étape : entre 250.000 et 100.000 ans avant notre ère, des explosions de type plinien se succèdent.
Une érosion causée par une 3° période de glaciation entraîne un effondrement partiel et la vidange de la caldeira, notamment par des lahars et des nuées ardentes.
- 4° étape : entre 100.000 et 18.000 ans, la caldeira et le dôme actuels se forment à l'intérieur des restes de la précédente. Des traces d'éruptions phréatiques et d'érosion valident l'existence des 4° et 5° glaciations, entrecoupées d'épisodes plus humides.
- 5° étape : entre 18.000 et 5.000 ans, le Kibo accueille un lac de lave; sa vidange crée le Pit carter, en couvrant le sommet de scories et le versant nord de coulées de lave.

 

Kili cratère - ph chinanews

        Kilimandjaro - le sommet du Kibo, vue zénithale des cratères - photo chinanews.

 
Alors que la dernière éruption sommitale remonte à plus de 500 ans, et qu'il est aujourd'hui considéré comme éteint, le Kilimandjaro connaît des secousses sismiques et émet des fumerolles (CO2, SO2, HCl) au fond du cratère Reusch, dont la température en surface atteint 78°C. Des scientifiques ont conclu en 2003 que du magma était présent à 400 m. de profondeur sous le sommet.

Les dernières éruptions se sont déroulées le long de la dorsale de Rombo et au maar du lac Chala, au S-E. du volcan; elles sont de différents types : strombolien, vulcanien ou hawaïen... ceci montre la complexité des cycles d'ouverture du rift, de migration de l'activité au niveau des dorsales du volcan et de la différenciation du magma.

 

Les neiges du Kilimandjaro :

 

Connues depuis Ptolémée, qui le décrit comme une "grande  montagne enneigée", rendues célèbre mondialement par Ernest Hemingway dans "les neiges du Kilimandjaro", les neiges de la calotte du volcan n'en diminuent pas moins depuis 1850 environ, en raison d'une baisse naturelle des précipitations qui s'est sensiblement accélérée au cours du 20° siècle.

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Régression des neiges et glaciers au sommet du Kilimandjaro, entre 02.1993 et 02.2000 - photos Nasa Earth Observatory

 

Le réchauffement climatique, tout d'abord incriminé dans ce rapide retrait des neiges et glaciers, a été remis en cause en 2003 par G. Kaser et Ph. Mote : la forte régression serait due à la baisse des précipitations, qui pourrait être liée à son tour à une évolution locale provoquée par la déforestation ... et en cascade diminution de l'humidité atmosphérique, la forêt jouant un triple rôle de réservoir ( dans le sol, dans la biomasse et dans l'air) . En raison de la forme des glaces, on a pu déterminer que le rayonnement solaire et l'absorption de chaleur au niveau de la roche volcanique sombre, ensuite diffusée à la base des glaciers, entrent aussi en ligne de compte ... phénomène multifactoriel complexe donc.

 

P1010689---PGond.jpgKilimandjaro - contraste entre le sol noir et le blanc étincelant des glaciers sommitaux - photo Pierre Gondolff 2006

 

P1010708-copie---PGond.jpg Kilimandjaro - glaciers sommitaux, avec quelques "penitentes" sur le dessus - photo Pierre Gondolff 2006

 

L'ascension du "Kili" :

 

De nombreux randonneurs (20.000 chaque année) veulent entreprendre cette ascension ; selon la voie choisie, elle se fait en 6 à 10 jours pour l'aller-retour.
Il faut savoir, avant de se lancer dans cette aventure, qu'une excellente condition physique est nécessaire ... et si possible, un entraînement ou un séjour préalable en altitude. Si les risques sont faibles, seuls 40% des ascensions sont couronnées de succès et certains n'en reviennent pas indemnes.

 

P1010579---PGond.jpgPas d'escalade, mais une très ...très longue marche - ascension par la voie Rongaï, peu fréquentée (en bleu sur la carte) - photo Pierre Gondolff 2006 / Aventure et Volcans.

 

Routes.png   Kilimandjaro - les différentes voies / itinéraires d'accès - doc. Sémhur / Kilimandjaro travel guide


La meilleure période se situe de juillet à octobre, ou en janvier-février afin d'éviter les saisons des pluies.
Comme il s'agit d'un parc national et en raison du taux élevé de fréquentation, des règles strictes sont à observer: un droit d'entrée est demandé; il faut suivre les sentiers de randonnée et se cantonner aux zones autorisées pour le camping; il faut être accompagné d'un guide homologué; des porteurs et un cuisinier sont recommandés; et l'équipement adapté aux conditions extrêmes régnant au sommet.

La partie la plus dure du trek se situe à l'étage nival : marche de nuit, altitude et ses inconvénients : oxygène raréfié, froid intense (-15°C), fatigue accumulée ... pour ne stationner au sommet que quelques minutes, étant donné les conditions extrêmes, mais pour un instant sublime et la satisfaction de l'exploit accompli.

 

Kilimanjaro_Uhuru_Peak_Sign.jpg                         Kilimandjaro - Uhuru peak, le point culminant - photo Arne d


(*) Lexique :

- neck : piton rocheux formé par une colonne de lave solidifiée dans une ancienne cheminée volcanique et ultérieurement mis en relief par l'érosion.
- sill : "filons-couches", plus ou moins horizontaux, respectant la stratigraphie générale du volcan
- pillow lava : boules semblables à des oreillers, formées par de la lave fluide, émise sous une certaine pression d'eau et se refroidissant rapidement au contact de celle-ci.
- pyroclastites : matériaux "cassés par le feu", projetés à grande vitesse, à des altitudes et distances considérables.

 

Sources :

- Global Volcanism Program - Kilimanjaro

- Summitpost - Kilimanjaro

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Publié le par Bernard Duyck
Publié dans : #Excursions et voyages

  

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                   El Pico de Orizaba - depuis le Cofre de Perote - photo Ricraider

 

El Pico de Orizaba, haut de 5.636 mètres, est le plus haut volcan mexicain. Ce stratovolcan est situé à l’extrémité est du Champ volcanique trans-Mexicain (TMVB)

 

Trans-Mexican-volcanic-belt---Tephrabase.gif            Localisation des volcans du TMVB - Trans-Mexican Volcanic Belt - carte Tephrabase.


Son nom en Nahuatl , Citlaltépetl, signifie "montagne de l’étoile" , et provient des radicaux accolés citlal(in) = étoile et tepetl = montagne.

Le nom espagnol, Orizaba, vient de la ville et la vallée au pied du volcan ... il serait une déformation de l'aztèque Ahuilzapa, qui se traduit par " la place où l'eau joue".

 

Le volcan est un lieu de légende : les Aztèques croyaient que le feu divin du cratère Orizaba avait consumé le grand serpent à plumes, Quetzalcoatl. Alors Quetzalcoatl, le dieu du savoir et du sacerdoce, prit forme humaine pour arpenter les mers,  jurant de revenir et de se venger de la nation aztèque.

 

Mexico Orizaba - geo.mtu.edu                        Le sommet du Pico de Orizaba  - photo go.mtu.edu

 

Pico-de-Orizaba---cratere---Summitpost.jpg             Le cratère du Pico de Orizaba, depuis le sommet - photo Summitpost.


Au départ du centre du cratère, sa topographie est asymétrique, avec sa face Est la plus élevée. Le cratère elliptique, de 478 m. sur 410, a une surface estimée de 154.830 m² pour une profondeur maximale de 300 mètres.


-Citlaltepetl_Glaciers---Ricraider.pngC’est aussi l’un des trois volcans mexicains à supporter neuf glaciers : Gran Glaciar Norte, Lengua del Chichimeco, Jamapa, Toro, Glaciar de la Barba, Noroccidental, Occidental, Suroccidental, and Oriental.

Le glacier principal s’étend sur 3,5 km. entre 5.650 et 5.000 mètres, couvrant environ 9 km².

 

Les glaciers du Citlaltepetl - doc. Ricraider


Ce volcan s’et construit en trois phases et consiste en trois stratovolcans superposés et dômes intrusifs : - Torrecillas – 650.000 – 250.000 ans ; Espolón de Oro – 210.000 – 16.000 ans ; et Citlaltépetl – de 16.000 ans à actuellement.


L’édification des Torrecillas et Espolón de Oro est contemporaine de la croissance du volcan Sierra Negra sur le flanc sud-ouest ; elle fut suivie de l’effondrement de l'édifice et de la production de volumineuses avalanches de débris et de lahars.

Une coulée de lave, nommée coulée Calcahualco, épaisse et formée d'orgues, est exposée dans une vallée au NE. du volcan; elle daterait de 530.000 ans / stade Torrecillas.

 

Le Citlaltépetl, le volcan moderne, s’est construit, entre la fin du Pléistocène et l’Holocène, par superposition de produits éruptifs, de nature andésitique visqueuse et dacitique. Au début de l’holocène, des éruptions explosives à répétition se sont accompagnées de la formation et de la croissance d’un dôme de lave et d’effusions. L’éruption la plus violente s’est produite en 6710 avant JC, atteignant une VEI 5 et caractérisée par l’extrusion d’un dôme de lave et des coulées pyroclastiques.

Ses éruptions historiques consistent en une activité explosive modérée et une activité effusive de coulées dacitiques. La dernière est datée de 1846, et qualifiée de VEI 2.

Le monitoring du volcan es assuré par le CENAPRED depuis l’installation, le 20 mars 1998, d’une station sismique à 4.150 mètres d’altitude.

  

Orizaba-coulee-dacitiqueSO.---G.Carraso-Nunez.jpgEnorme coulée de lave en blocs dacitique (110 m. épaisseur - 1300 m. de large au front de coulée - 5.500 m. depuis le cratère) A gauche, le Cerro Colorado, un dôme de lave dacitique, vieux de 90.000 ans et qui a produit des coulées pyroclastiques vers l'ouest. Photo Gerardo Carrasco-Núñez, 2002 (Universidad Nacional Autónoma de México).

 

montaOrizaba - montero.org   Les sommets environnants le Pico de Orizaba : Sierra Negra et au loin, le volcan-bouclier Cofre de Perote - photo Montero.org

 

Pour allécher les grimpeurs, une vidéo (et une carte) du site Mexico High Guiding

 

 

 

Sources :

- Global Volcanism Program - Pico de Orizaba

- Mexico High Guiding - Pico de Orizaba - link

- Summitpost - Pico de Orizaba - link

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Publié le par Bernard Duyck
Publié dans : #Excursions et voyages

Trois 6.000 indissociables sont situés à la frontière Chili-Bolivie : le Sajama – 6.542m. - , le Paranicota – 6.348 m. – et le Pomerape – 6.222 m., les deux derniers étant appelés les Nevados de Paychatas.

 

sajama-et-les-jumeaux---twiga-269-flickr.jpgUne superbe photo qui regroupe ces trois hauts volcans : l'ombre du Sajama rejoint pratiquement les volcans-jumeaux Parinacota et Pomerape - photo  twiga269 FreeTIBET / Flickr

 Le Nevado Sajama

Considéré comme éteint, le volcan Sajama n’en demeure pas moins le volcan le plus élevé de Bolivie.

 

Sajama-et-llareta---twiga-269-Flickr.jpg Le Nevado Sajama et une plante typique des hautes andes, la Llareta, en coussins - photo  twiga269 FreeTIBET / Flickr

 

On ne connaît pas avec certitude la date de sa dernière éruption qui est estimée avoir eu lieu durant l'Holocène, il y a 25 000 ans. La formation de la calotte glaciaire peut être datée entre -14000 et -11000. Il est considéré comme un volcan actif, même si peu d'entre les 600 volcans de la zone dépassant les 5 000 mètres sont actuellement en phase d'activité. Aucune trace de cratère n'est visible.

 

Selon la légende,

… Il y a bien longtemps se déroulait une guerre impitoyable entre les montagnes. Le Huayna Potosi, le Condoriri, l’Ancohuma ou encore l’Illampu poursuivaient le même rêve : celui d’être le plus haut d’entre tous !

"Pacha", le créateur, fatigué de ces querelles, ordonna la fin des hostilités. Au moment de la trêve, l’Illimani était le grand vainqueur. Mais un voisin ambitieux contesta sa victoire.

Troublé dans son sommeil, "Pacha" décida de punir l’insolent en lui coupant la tête. Il fit alors tourner sa terrible fronde... tous les sommets, impressionnés, se firent tout petits, le vent de l’arme cosmique brûlait les blessures à peine cicatrisées qu’ils s’étaient infligés les uns aux autres. Ils entendirent alors le sifflement du projectile et le terrible fracas de l’impact. Lorsque la poussière disparut, il manquait toute la partie supérieure de l’imprudent. Sa tête reposait bien loin sur l’Altiplano et les hommes le nomment aujourd’hui chak xaña, soit "l’éloigné" en Aymara. Quant au reste dépourvu de tête -et dont on peut admirer la cime qui prend la forme, non d’un sommet, mais d’un vaste plateau neigeux- il se nomme aujourd’hui Mururata, le décapité... (version Terra Andina )

 

Les Nevados de Payachatas, ou les cerros de Payachatas.

Payachatas signifie en Aymara "les jumeaux" … selon la légende, Pomerape sajama-3b.jpget Parinacota étaient un prince et une princesse à l’amour contrarié, qui se transformèrent en montagne, pour rester côte à côte pour l’éternité.

Les deux volcans chevauchent la frontière entre le Chili et la Bolivie et peuvent être escaladés au départ de chaque pays.

 

 

Dossier-35-7381-copieParinacota-Pomerape.jpg

                       "Los payachatas" ... Parinacota et Pomerape © Jean-Michel Mestdagh

 

Paranicota-07.10.11----ISS029-E-020003.jpgLe Parinacota, au cratère et coulées bien visibles, le Pomerape, et les lacs de retenue Chungará et Cotacotani, vus le 07.10.2011 par l' ISSO29-E-0200003 / Nasa


Le Parinacota - "lac aux flamants " en aymara - est un stratovolcan potentiellement actif, culminant à 6.348 mètres. Bien qu'aucune observation directe d'activité éruptive n'ait été enregistrée, la datation des coulées fait remonter la dernière activité  aux environs de 290.

L'effondrement de son flanc ouest, il y a 8.000 ans, a profondément marqué la topographie locale. Une avalanche de débris de 6 km³ s'est déplacée sur 22 km. en direction ouest, bloquant les drainages et créant le lac Chungará, le plus haut lac d'altitude.

La surface en hummock de cette avalanche de débris a favorisé aussi l'installation de mares et du lac Cotacotani.

L'activité subséquente a reconstruit le nouveau Parinacota, qui contient un cratère sommital de 300 m. de large et 200 m. de profondeur, et de jeunes coulées sur les flancs ouest.

 

Dossier-35-7124-copie-Parinacota.jpgLe Parinacota surmonte des dômes de lave andésitique à rhyolitique et des coulées qui bordent la laguna Chungará  -  © Jean-Michel Mestdagh

 

Paranicota-sommet---summitpost.JPG                         Parinacota - sommet et cratère - photo Summitpost


Le Pomerape, l'autre jumeau, est un stratovolcan datant du Pléistocène, considéré comme éteint ; haut de 6.222 mètres, il est relié au Parinacota par un ensellement.

Ces deux structures ne sont donc jumeaux que par apparence, et non par la naissance.

 

Pomerape---de-la-base-du-Parinacota---Summitpost.JPG           Le Pomerape, vu de l'ensellement qui le rattache au Parinacota - photo Summitpost

 

Pomerape-impress.-Serac---Summitpost.JPG                       Impressionnant serac au sommet du Pomerape - photo Summitpost

 

Sources :

- Global volcanism Program - Parinacota

- Summitpost - Sajama - Parinacota - Pomerape


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