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Au Kilauea, l’éruption se poursuit tant au sommet qu’au sein de la zone de rift Est, avec des taux de gaz émis élevés.
Le 19 octobre, une partie de la muraille interne du cratère Overlook, constituée de lave juvénile solidifiée sur son pourtour, s’est brusquement effondrée dans le lac de lave vers 6h30. Durant quelques minutes, du spattering a marqué les abords du lac de lave, dont le niveau a fluctué entre 55 et 60 mètres sous le plancher de l’Halama’uma’u .
Ces petits effondrements sont courants, et résultent progressivement en un élargissement du cratère ; ils justifient aussi la fermeture du point de vue sur le cratère Halema’uma’u en raison des risques de projection.
Dans la zone de rift Est, l’éruption du Pu’u O’o, en cours depuis plus de trente et un ans, a nourri depuis juin 2014 une coulée de lave en direction ENE, au départ de nouveaux évents ouverts sur le flanc nord-est du cône. "La coulée du 27 juin" a été inspectée par les scientifiques du HVO le 22 octobre. Elle mesure à ce jour 20,8 km, mesurés en suivant l’axe de la coulée et descend en direction de Pāhoa, à une vitesse de 40 mètres par jour.
Un doigt de lave d’une cinquantaine de mètres de large a dépassé le front de coulée dans les deux derniers jours, et s’est avancé de 370 mètres depuis lundi. Elle s’avance maintenant dans une ravine, ce qui a fait passer son ratio de déplacement de 80 mètres par jour à 300m/jour au cours des deux derniers jours. La pointe de lave se trouve actuellement à 1.000 mètres d’Apa’a station.
La Défense Civile signale quelques incendies, les vents emportant fumée et VOG vers Puna et Hilo.
East rift zone - "la coulée du 27 juin" de jour et par la caméra thermique - unj clic pour agrandir - doc. HVO
East Rift Zone - Le front de "la coulée du 27 juin" et les incendies provoqués dans la végétation de surface ; l’ignition des végétaux engendrent des explosions de méthane - photo HVO
East Rift Zone - "La coulée du 27 juin", et en rouge les zones de haute température, vue par le satellite de la NasaEO-1 / ALI (Advanced Land Imager) le 21.10.2014
East Rift Zone - Vue du site de la Coulée du 27 juin, depuis son origine sur les flancs du Pu’u O’o jusqu’au front de lave, proche d’Apa’a St. La zone résidentielle de Pāhoa est partiellement visible dans le coin gauche. - photo HVO
Sources :
HawaIian Volcano Observatory - link
Le réseau de surveillance des Cerro Negro de Mayasquer et Chiles, des volcans "siamois" situés à la frontière entre l’Equateur et la Colombie signale une activité sismique accrue dans le secteur, avec des séismes associés à la fracturation de roches.
Le total des séismes jusqu’au 13 octobre avoisinant les 25.000 évènements, caractérisés par des épicentres situés entre 1.000 et 4.000 mètres au sud-ouest du Chiles, des magnitudes entre 0,7 et 3,5 et une profondeur comprise entre 300 et 7.000 mètres ( le sommet est situé à 4.700 mètres). Ces séismes n’ont pas été ressentis côté équatorien, mais perçus par les habitants de Cumbal dans la réserve de Chiles. Une légère inflation du volcan est enregistrée.
L’analyse de cette activité s’est faite en collaboration entre l’IGEPN et l’Ingeominas.
Le Cerro Negro, à gauche & le Chiles, enneigé, à droite - photo Minard Hall, 1985 (Escuela Politécnica Nacional, Quito) / GVP
Le 20 octobre, à 14h33 locale, un séisme de magnitude 5,9 / 5,8 centré sur le flanc sud-ouest du volcan Chiles, à 6 km de profondeur a été enregistré, accompagné à Tufiño de chutes d’objets, de bris de vitres et autres dégâts mineurs, et ressenti à Cumbal côté Colombien.
A cette date, c’est plus de 39.000 séismes volcano-tectoniques qui ont été dénombré en 22 jours, associés à la fracturation de roches, accompagnés en moindre proportion de séismes de type LP et VLP, en relation avec des mouvements de fluides. Les stations GPS sur le flanc sud-est du volcan indiquent un accroissement de la déformation dans les derniers jours.
L’alerte est passée au niveau orange côté Colombien suite à ces derniers évènements. L’IGEPN indique que nous sommes en présence d’une phase initiale d’intrusion magmatique et envisage la possibilité d’une éruption phréatique au Chiles avec production de projectiles balistiques, de cendres ou coulées de boues.
La dernière éruption du Chiles date, d’après le GVP de 160.000 ans, qui signale des sources chjaudes et un système hydrothermal actif sur son flanc Est.
Cartes des zones à risques pour le Chiles (à gauche) et le Cerro Negro (à droite) - doc. Ingeominas / un clic pour agrandir - En rouge : zone à risques forts de coulées pyroclastiques, de coulées de lave, chutes de cendres ou effondrement latéral - En orange : Zone à risques modérés de coulées pyroclastiques et de lahars - En Chamois : Zone à risques importants de chutes de cendres, et faible pour les autres risques volcaniques.
Un article dans la revue scientifique Remote sensing of environment met en lumière un travail novateur sur le monitoring des taux de magma émis par les éruptions sous-marines en milieu peu profond.
El Hierro - 03.11.2011 - image en surface de l'éruption sous-marine à l'apogée - doc.InVolcan / Guardia Civil
Une collaboration entre INVOLCAN, l’Université de Las Palmas, l’INGV, l’université de Ohio et Bionerics Research Company, avec l’aide de l’unité d’hélicoptères de la Guardia Civil des Canaries, lors de l’éruption sous-marine d’El Hierro / au large de La Restingua en 2011-2012, a permis une évaluation du volume de magma émis au cours d’une éruption sous-marine par la prise d’images thermiques au départ d’un hélicoptère, méthode plus facile d’emploi et économique que les relevés bathymétriques, et le développement d’un modèle physique de transfert de chaleur entre la bouche éruptive sous-marine et la surface de la mer.
A partir du transfert de chaleur, on a pu estimer le volume total de magma émis, de 300 millions de mètres-cubes, valeur qui se situe dans la fourchette des 10% par rapport à celles obtenues par les campagnes bathymétriques réalisées par l’Instituto Español de Oceanografía (329 Mm³).
El Hierro / La Restingua - 06.11.2011 - photo de la zone couverte par l'image thermique ci-dessus - doc InVolcan / Guardia Civil
Cette méthodologie innovante pourra être utilisée par d’autres chercheurs lors de futures éruptions sous-marines, et contribuer à l’optimisation de la gestion de crises volcaniques sous-marines à venir.
Sources :
- Diario de Avisos - Involcan valida una nueva técnica para medir magma de un volcán submarino – link
- Remote Sensing of Environment - Magma emission rates from shallow submarine eruptions using airborne thermal imaging. – by Pedro A. Hernández, Sonia Calvari, Antonio Ramos, Nemesio M. Pérez, Antonio Márquez, Roberto Quevedo, José Barrancos, Eleazar Padrón, Germán D. Padilla, Dina López, Ángel Rodríguez Santana, Gladys V. Melián, Samara Dionis, Fátima Rodríguez, David Calvo, Letizia Spampinato.
L’éruption du volcan Nishinoshima se poursuit activement près d’un an après avoir débutée.
En novembre 2013, une éruption fait émerger une nouvelle île au large de Nishinoshima. Depuis elle grandit sans cesse, et a rejoint l’île-mère en fin décembre 2013, selon les Japan Coast Guards.
Elle est en passe d’englober totalement l’ancienne île … la balance entre l’activité éruptive constructrice et l’érosion destructrice penche nettement en faveur du maintien de cette île, pour plusieurs années au moins.
Quelques photos aériennes datées permettent de constater l’évolution de ces derniers mois, avec l'évolution des coulées vers le nord..
A gauche, carte de Nishinoshima le 23.07.2014 - à droite, le 16.10.2014 - un clic pour agrandir les cartes - doc. Japan Coast Guards / JCG
Le professeur Keiji Nagatani de l’Université de Tohoku a testé divers drones – ou UAV / Unnamed aerial vehicle - et robots – ou UGV / Unnamed ground vehicle – sur un volcan actif, le Mt. Asama, en septembre 2014.
L’observation d’un volcan actif est primordiale, mais peut devenir problématique en cas de périodes d’activité rapprochées ; il n’est alors pas sûr de s’en rapprocher … d’où la solution robotisée.
Les derniers tests ont utilisé un UAV multi-rotor en « coopération » avec un UGV récolteur d’échantillon, baptisé Strawberry, pour une analyse ultérieure de roches ou cendres récemment éjectées.
Le lâcher d’un roller téléguidé par un système radio a été effectué … ce genre de robot peut cesser de fonctionner par manque de communication. Un système de communication entre plusieurs robots terrestres simultanément sur le terrain peut alors prendre le relais en cas de coupure. La vidéo ci-dessous rend compte de ce test.
On pourrait aussi équiper les robots de testeur de gaz.
Ces robots, après leur test en conditions de terrain, vont permettre d'ouvrir de nouvelles voies d'exploration et de surveillance des volcans actifs. Ils pourront également être utilisé dans un contexte de catstrophes naturelles, dans des zones à risques pour les sauveteurs.
Source:
Tohoku University - Keiji's reseach : volcano exploration robots - link
Distribution des roches plutoniques (en rose) et volcaniques (en bleu) - Ben Nevis , n°1 - Glen Coe, n°2.- doc. Jgs / Lyell collection
A quelque distance de Glen Coe, Ben Nevis est un autre exemple de caldeira géante datant de 350 Ma.
Ben Nevis, Beinn Nibheis en gaélique signifiant montagne malveillante, avec 1.344 m. est la plus haut point d’Ecosse et un lieu renommé pour l’escalade.
Le massif de Nevis est constitué d’un mélange de granite de différentes couleurs, refroidi en profondeur, et de laves noires, qui se sont répandues en surface.
Schéma de formation de la caldeira de Ben Nevis - l'actuel niveau, après érosion est marqué par la ligne noire - doc. Geocaching.
La recherche a montré que les roches ignées du Dévonien forment des intrusions en dykes circulaires concentriques dans les schistes environnants.
L’anneau intérieur, connu comme " inner granite ", constitue la majeure partie du sud de la montagne au-dessus du Lochan Meall an t-Suidhe, et la crête de Càrn Mòr Dearg.
Les granites extérieurs / "Outer granite", sont de teinte plus rouge.
Ces deux granites se sont mis en place à plusieurs milliers, voire des millions d’années d’écart.
Le dôme sommital lui-même est composé d’andésite et de laves basaltiques, qui ont recouvert le paysage avant l’effondrement de la caldeira.(voir schéma)
Le tout a été ensuite fortement érodé par les glaciations.
Glen Coe et Ben Nevis forment des sites d’intérêt scientifique, et ont le statut de Special area of Conservation.
Sources :
- Timing, relations and cause of plutonic and volcanic activity of the Siluro-Devonian post-collision magmatic episode in the Grampian Terrane, Scotland - by J.C.Neilson & oth.- link
- The Edinburgh geologist / issue n°43 / Mountain geology - link
- British Geological Survey - Glen Coe & Ben Nevis
Formant l’un des paysages parmi les plus spectaculaires d’Ecosse, Glen Coe est un glen – une longue vallée glaciaire en auge - d’origine volcanique.
Géologiquement parlé, Glen Coe est formé des restes d’une caldeira d’un grand volcan ancien et éteint. Les roches trouvées à Glen Coe, y compris celles d’origine volcanique, reflètent les différents environnements lors de leur formation : un milieu de mer peu profonde, ou un environnement subtropical désertique, certains laminés sous une épaisse couverture glaciaire.
Evolution tectonique de l'Ordovicien au Dévonien - sur la carte de gauche, on voit l'actuel Royaume-Uni en deux entités encore séparées.
Vers 470-460 Ma, les anciens continents appelés Laurentia, Baltica at Avalonia, entrèrent en collision … à cette période, de violents mouvements tectoniques initie l’édification des montagnes Calédoniennes.
I y a 420 Ma, Glen Coe a connu une période d’activité volcanique cataclysmique, au cours de laquelle cinq éruptions majeures sont dénombrées. Chaque éruption mobilisant des milliers de kilomètres cubes de magma du volcan Glen Coe ; à chaque fois, la vidange de la chambre magmatique provoque l’effondrement du volcan et la formation d’une caldeira.
A l’arrêt de l’activité volcanique, le magma s’est comprimé dans les failles, où il s’est solidifié pour former une intrusion en anneau, entourant actuellement les roches volcaniques.
Durant des millions d’années, l’érosion par les éléments, la glace, le vent et la pluie, ont exposé ces roches volcaniques formées des millions d’années avant. La dernière glaciation, il y a environ 10.000 ans, a laissé une vallée glaciaire en forme de U.
L’endroit est malheureusement aussi renommé pour le " massacre de Glen Coe " , qui s’est déroulé le 13 février 1692, à l’époque de la Glorious Revolution , appelée aussi à tort Bloodless Revolution.
Le massacre a débuté simultanément en trois endroits de Glen Coe, avant de s’étendre à toute la vallée. Trente-huit hommes du clan Mac Donaldfurent tués par ceux à qui ils avaient accordé l’hospitalité … Quarante femmes et enfants moururent de froid après l’incendie de leur maison. La troupe de cent vingt assassins fut envoyé par Guillame III, prince d’Orange.
Source :
Lochaber geopark - link
Le NOAA et l’Université du New Hampshire vont effectuer une expédition cartographique de la dorsale Mendocino, au large de la côte Pacifique de la Californie, entre le 23 septembre et le 12 octobre.
L’obtention de cadres détaillées doit contribuer à une meilleure compréhension des processus géologiques au niveau d’une frontière de plaque active.
Les plaques Nord-Américaine, Gorda et Pacifique -la dorsale Mendocino dans l'encadré blanc - doc. NOAA / CCOM
La dorsale Mendocino forme une structure étroite sur le fond marin , associée à la zone de fracture Mendocino, qui s’étend sur plus de 5.000 km. dans l’est de l’océan Pacifique. Au nord de la dorsale Mendocino, la plaque Gorda plonge sous la plaque Nord-Américaine le long de la zone de subduction des Cascades. Près du Cap Mendocino, trois plaques tectoniques, la Plaque Pacifique, la plaque Gorda et la plaque Nord-Américaine, se rejoignent pour former " un point de triple jonction ", en migration vers le nord.
Les plaques Nord-Américaine, Gorda et Pacifique, avec leur sens et vitesse de déplacement - doc. USGS
Portion de la dorsale Mendicino, présentant des volcans dont le statut n'est pas encore fixé - doc. NOAA ocean explorer
Mendocino ridge - Vue 3D du versant sud-ouest d'un volcan sous-marin sans nom - Doc. Center for Coastal and Ocean Mapping. - NOAA
Le navire de recherche Atlantis, de la Woods Hole Oceanographic Institution, a découvert aux alentours de la dorsale une zone riche en petit volcans et monticules (structure plus petite qu’un seamont, et de hauteur comprise entre 500 et 1.000 mètres).
Parmi ces monticules, la bathymétrie montre une structure ronde en forme de volcan sous-marin , de 7 km de diamètre basal, présentant des pentes estimée à 40°, et située à 400 miles nautiques au NO de San Francisco. Elle n'a pas été nommée pour l'instant.
Mendocino ridge - panache de gaz montant d'une structure en amphithéâtre - Image courtesy of NOAA-University of New Hampshire.
En 2009, le navire Okeanos Explorer du NOAA a révélé la présence, au nord de la dorsale Mendocino, de panache de méthane s’élevant sur 1.400 mètres au-dessus d’une large dépression en amphithéâtre sur le plancher océanique.
Sources :
- Return to Mendocino Ridge: U.S Extended Continental Shelf Project, Exploratory Mapping Expedition - link
- Center for coastal and ocean mapping joint Hydrogrephic center - Return to Mendocino Ridge - link
A partir du 4 octobre, le volcan Copahue, situé à la frontière entre le Chili et l’Argentine dans le sud des Andes, a présenté une nouvelle phase d’activité. Elle se caractérise par l’émission de panaches de cendres, entrecoupée par des épisodes de dégazage intense, au départ du cratère actif El Agrio. Un panache de gaz est monté à plus de 1.000 mètres le 04.10.
Au cours de la nuit, de petites explosions attribuées au système hydrothermal ont été précédée de séismes VLP.
La sismicité est, selon le SERNAGEOMIN, en accord avec une activité de type phréatique … Le Copahue a débuté une phase d’instabilité en fin 2012, caractérisée par des essaims sismiques et un dégazage en hausse. Le niveau d’alerte a été rabaissé en avril 2013, mais s’est trouvée relevée en mai.
. Le niveau de l’alerte volcanique est actuellement Amarillo/ Jaune, niveau maintenu depuis juin 2013.
L' OVDAS signale 'un contact entre le magma et l'eau ce 11.10.2014 vers 7h55 - 8h02.
Copahue - 10.10.2014 - LEs émissions de cendres se poursuivent au lever du soleil - photo OVDAS / SERNAGEOMIN
Update 12.10.2014 :
Le 11 octobre, le Copahue a été secoué par deux explosions majeures, la première à 7h52 LT / 10h52 GMT, la seconde à 13h49 LT / 16h49 GMT, suivies de plusieurs explosions mineures. Dix-sept séismes volcano-tectoniques ont été enregistrés , de magnitude maximum 1,5, et une profondeur de 4,6 km, centrés à 4,7 km au NE du cratère El Agrio.
Le niveau d’alerte est monté d’un cran, niveau orange.
Petit rappel de 2012 :
L’observatoire volcanologique des Andes du sud a remarqué le 22 décembre 2012 un début de trémor harmonique, justifiant la mise en alerte maximale. Le trémor n’a duré que 5 minutes, suivi immédiatement par deux explosions, accompagnées d’un panache de 1.500 mètres de hauteur.
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