
Partagé entre trois pays, le peuple Afar est aujourd'hui un peuple semi-nomade.
Coupés du monde, isolés sur des terres desséchées où les points d'eau sont quasi inexistants, ils survivent avec obstination.


Une grande fierté étincelle dans leur regard. Gilé (ce grand poignard à lame courbée) porté anciennement sur la hanche, aujourd'hui kalachnikov négligemment portée sur l'épaule, ces hommes de légende, dont le seul nom évoque aventure et violence, sont restés indépendants et libres, toujours prompts à sauter les frontières qu'ils ignorent.
La meilleure preuve que pouvait donner un afar de ses droits au respect et à l'honneur était d'avoir massacré un étranger, qui aurait pu leur disputer le peu de nourriture que produit le pays. nul Danakil n'était considéré comme suffisamment sérieux pour les responsabilités du mariage s'il ne pouvait pas se vanter d'au moins un assassinat, et faire parade des organes sexuels de sa victime, qui se portaient comme un ornement autour du cou.

Les guerriers, morts au combat, avaient le droit à une sépulture "spéciale" :ils étaient enterrés debout, avec leurs armes, leur corps entourés de pierres formant d'étranges tours dans le paysage.
La légendaire hostilité des Afars doit être placée dans un contexte culturel : ils ne sont pas plus hostiles envers l'étranger qui traverse leurs terres que nous ne le serions envers un inconnu qui passerait le portail de notre propriété pour traverser le jardin sans autorisation !
Ces moeurs appartiennent au passé...mais on comprend mieux dans un tel contexte, qu'il faille demander - à plusieurs niveaux - des autorisations de passage. Pour faciliter ces démarches, les autorités délèguent des gardes armés avec les groupes s'aventurant dans ces terres reculées.
Cette agressivité "naturelle" est d'ailleurs encore palpable chez les enfants qui nous font le "signe de nous trancher la gorge" ... en gage de bienvenue !
Eleveurs de chèvres, ils assuraient autrefois le transport caravanier du sel et des esclaves... seul reste le transport du sel et quelques activités de brigandage.
S'ils respectent les cinq prières quotidiennes, ils ont réussi un mélange de conceptions païennes et islamiques, où se mèlent puissance divine et croyances surnaturelles.
Leur société, toujours soumise à des structures sultaniques, est construite sur la "tradition" et une hiérarchie tribale, avec un conseil des anciens pour régler litiges et problèmes.
L'hospitalité - une fois admis - est une règle morale dont le manquement est sanctionné par les lois coutumières. Respect et réserve font qu'ils gardent toujours une distance envers les étrangers.


En fond, à gauche, le volcan Dalafilla. - © B.Duyck
Dans le désert, ils vivent dans des huttes nomades réalisées avec des armatures de branchages couvertes de nattes, et facilement démontables : les "toukouls". Il y régne la journée une obscurité et une chaleur difficilement supportables.
Les rôles sont aussi répartis selon la tradition : aux hommes, la conduite des troupeaux et caravanes; aux femmes,et aux fillettes, la corvée d'eau et les tâches ménagères.

Corvée d'eau au dernier puit avant le désert de sel du lac Karoum - ©JM. Mestdagh
Les femmes sont vêtues d'une jupe ample, et d'un châle qui leur couvre les épaules et la tête; les hommes portent la même jupe et une chemise, remplacée aujourd'hui par un T-shirt.

Plaque funéraire rédigée en amharique - © B.Duyck
Les langues couchitiques (environ 25 millions de locuteurs) sont surtout utilisées dans la région d'Addis-Abeba, dans le Centre, le Sud et tout l'Ouest; ces langues occupent des frontières communes avec l'Érythrée, Djibouti et la Somalie. Les langues couchitiques sont les suivantes: l'afar, l'agaw (awngi), l'alaba, l'arbore, le baiso, le bussa, le daasanach, le dirasha, le gawwada, le gedeo, le haaiyya, le kambatta, le komso, le libido, l'oromo (plus de 17 millions de locuteurs), le saho, le sidamo (près de deux millions de locuteurs), le somali (plus de trois millions de locuteurs), le tsamai et le xamtanga.

Même si l'amharique est une langue minoritaire (30 %), il constitue la langue officielle et administrative du pays. Le gouvernement fédéral l'utilise comme langue de travail. L'amharique sert également de langue véhiculaire entre les différentes ethnies du centre du pays. On estime que l'amharique est parlé par autant de locuteurs comme langue seconde, ce qui fait que 60 % de la population peut s'exprimer d'une manière ou d'une autre dans cette langue.Jetez un oeil à la plaque funéraire ci-dessus et vous aurez compris qu'il est inutile de s'essayer à déchiffrer ce langage.
Sites sur l'ethiopie :
http://www.dear-ethiopia.com/
http://www.toiquiviensdethiopie.com - suivre : région Afar et photos.
Frank Burch 04/10/2010 19:23
Bernard Duyck 04/10/2010 22:49