On a parlé récemment de l’éruption des volcans de la ligne Taupo sur North island, le Tongariro et White island, qui se sont tous deux "calmés" d’après le rapport hebdomadaire du Global Volcanism Program.
Par contre, on fait peu souvent état du champ volcanique d’Auckland, situé au nord-ouest de cette même île. Une étude a révélé que les habitants de cette ville et de ses vastes faubourgs vivaient sous la menace potentielle de volcans sur lesquels elle s’est édifiée.
Le lac Pupuke, un maar ... et une partie de l'aglomération
d'Auckland. - photo GNS
Le champ volcanique d’Auckland :
Ce champ élliptique de 29 km. de long N-S couvre 360 km². Plus de 50 structures monogéniques (*) s’y sont formées au cours des dernières 140.000 années : maars, tuff rings, cônes de scories et petits volcans boucliers. Les coulées de lave contiennent 14 tunnels de lave.
Les
structures volcaniques monogéniques du champ volcanique d'Auckland - doc. GNS / L.Kermode
En rose : cendres, lapilli, tuff - En rouge : lave, scories - cercles noirs : étendue
des dépôts volcaniques - points noirs : volcans.
Contrairement au volcanisme explosif induit par subduction du centre de North Island, les volcans d’Auckland ont été alimentés intraplaque par un magma basaltique à basanitique. Ce volcanisme est induit par un point chaud actif situé à 100 km. sous la ville.
Les 20.000 ans passées ont connus 19 éruptions, la plus récente, il y a 600 ans, concernant Rangitoto. Cette île de 6 km. de large s’est formée au cours du dernier millénaire et consiste en de multiples cônes de scories qui couvrent un volcan-bouclier bas.
La plupart de ces volcans ont aujourd’hui été exploités sous forme de carrières ou transformés en parc ou base de loisirs. Ces structures monogéniques (*) ne redeviendront pas actives, mais le champ volcanique lui-même est "jeune et toujours actif" !
Auckland - un cône de scories exploité au milieu de la ville -
Auteur non référencé
Auckland - le Mt. Eden ... un cône de scories et son cratère dans
la ville ! - photo GNS.
Rangitoto est visible depuis
Auckland - photo Ingolfson
L’étude de la Massey University a permis aux autorités locales d’identifier les zones à hauts risques.
L’analyse topographique a permis de mesurer la longueur maximale atteinte par les coulées de 15 volcans majeurs. Dans la partie nord et centrale du champ, les coulées pourraient être canalisées par les accidents du paysage, laissant la majorité des dorsales hors d’atteinte. Au sud , elles pourraient par contre couler plus librement sur un terrain plus plat. La longueur moyenne des coulées typiques d’Auckland est de 2.500 m. - 6.500 m. pour le Mt Wellington - et l’épaisseur peut varier de 80 m. à One Tree Hill, à plus de 180 m. à Rangitoto.
Carte simplifiée des sites étudiés et de la direction potentielle des coulées de lave - doc. du New Zealand Herald.
La localisation du site d’une future éruption ne pourra se faire que quelques jours, si pas quelques heures avant celle-ci. La détermination des zones à hauts risques ne peut donc prendre en compte comme "points chauds" que les dépressions principales, où il est vraisemblable que les coulées se produiront.
Le DEVORA – Detremining VolcanicRisk in Auckland – a inclus ces données dans ses plans et prédit , dans le cas d’une éruption majeure, des dommages significatifs aux infrastructures, la fermeture de l’aéroport, et des pertes pour un montant estimé à plus de deux milliards de dollars.
Auckland et ses habitants sont assis sur une poudrière !
Auckland - des volcans dans la ville - le Mt. Mangere
(*) : un volcan monogénique est un volcan qui se forme au cours d'une seule et
unique éruption.
Sources :
- Global Volcanism Program - Auckland field
- GNS - Auckland volcanic field
- GNS - Auckland volcanic field geology - link
- LiDAR-based quantification of lava flow susceptibility in the city of Auckland - NZ - by G.Kereszturi & al.
- The New Zealand Herald - 500.000 people in lava's line of fire - 23.08.12