La péninsule Coréenne, surnommée "le pays du matin calme", est, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, un pays divisé en deux états.
Au nord, la république populaire démocratique de Corée n'a de démocratique que son nom : elle est dominée par une lignée de leaders staliniens, marxistes et belliqueux. Elle a pour capitale Pyongyang.
Au sud, la république de Corée, avec pour capitale Seoul, compte plus des deux tiers de la population, alors qu'elle n'occupe que 45% du territoire de la péninsule.
De fortes tensions ont toujours existé entre les deux parties depuis "la guerre froide", celles-ci trouvant leur paroxysme durant la guerre de Corée de 1950 à 1953. Depuis, la zone tampon située le long de la frontière entre les deux états, dite «zone démilitarisée » (DMZ), concentre un grand nombre de militaires. Le village de Panmunjeom, lieu de signature du cessez-le-feu de 1953, est l’endroit où se déroulent traditionnellement les négociations entre les deux Corée, entre deux scéances de "musculation".
La péninsule Coréenne comporte peu de volcans : le Paekdu (que les chinois appellent Changbaishan), le Jeju-do et
l'Ulleungdo. Le rift Ch'uga-ryong, et ses coulées basaltiques, coupe la DMZ en diagonale.
La
péninsule Coréenne et ses volcans (en orange) - d'après Google Earth.
L'un d'entre eux, sujet antique de querelle entre la Chine et la Corée, le mont Paekdu (ou Baekdu - Changbaishan) pourrait être responsable d'un rapprochement entre les deux Corées ... tout au moins d'un point de vue technique.
Le 6 avril 2011, le gouvernement sud-coréen a proposé la tenue d'une nouvelle session de discussions avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) sur la recherche volcanique, en proposant une réunion le 12 avril dans la ville nord-coréenne de Kaesong. Les négociations ont été engagées le mois dernier, sur la proposition de Pyongyang. Une première rencontre a eu lieu dans la ville sud-coréenne de Munsan, où une délégation nord-coréenne de 13 membres conduite par Yoon Yong-geun a rencontré 4 géologistes sud-coréens. Les deux parties ont alors convenu de la nécessité d'une étude conjointe des activités volcaniques du mont Paekdu.
L'île
Jeju-do - 1846 km² - avec au centre le Halla-san- Photo Nasa Landsat / R.Simmon.
Le volcanisme de Jeju-do (Cheju-do), île située au sud de la pénisule, peut être différencié en cinq grandes périodes, d'après Anne-Marie Marabal-Gonzales, volcanologue et correspondante de L.A.V.E. (Revue L.A.V.E. 135 - novembre 2008)
- la mise en place des formations basales de l'île se fait entre - 2,6 et - 1,2 Ma. Des affleurements sont visibles au niveau des falaises prismées.
Jeju-do - partie de
Jusangjedli cliff, falaises basaltiques prismées - photo Martin Chen.
- l'édification de Jeju-do au quaternaire entre - 1,6 Ma et - 700.000 ans.
- la mise en place des formations volcaniques
côtières, entre -700.000 et - 300.000 ans. Des laves basaltiques fluides ont édifié des plateaux qui ont recouvert les formations plus anciennes.
- l'édification du volcan-bouclier Halla-san , entre - 300.000 et - 100.000 ans.
Les premières émissions ont recouvert les zones côtières est et ouest, puis l'activité effusive s'est restreinte au secteur du Baengnokdam, le cratère sommital du Halla-san.
L'actuel Halla-san est haut de 1.950 m., son cratère
sommital a un diamètre de 400 m. Ses flancs sont ponctués de 360 cônes parasites, la plupart fait de scories (voir étape 5) situés sur un axe ENE-OSO.
Le massif Halla-san - photo K.Goncalves / tripadvisor.
Halla-san , le cratère est partiellement occupé
par un lac - photo Richardfabi.
- mise en place des cônes adventifs entre - 100.000 et - 25.000 ans.
De nombreux cônes adventifs, les oreums, se sont installés sur les flancs et le pourtour du volcan Halla. Le long de la côte et au large, on retrouve une vingtaine de cônes et d'anneau de tuff.
La dernière manifestation éuptive de l'Halla-san est datée de 1.007 avant JC.
L'érosion , par l'eau (eau de mer et pluie) et les perpétuels vents forts, a façonné les reliefs de l'île. Selon la légende, le roi de Corée aurait sculpté une "statue de pierre" faisant penser de loin à un soldat géant pour effrayer l'envahisseur japonais.
Jehju-do - Dragon head rock, menaçant au coucher du soleil - photo
Brian Miller
L'intérêt de Jeju-do se situe aussi dans les nombreux tunnels de lave, qui s'étendent sur un total de 42 km. Ce vaste réseau est aussi connu sous le nom d'oreum, volcan latéral en Coréen.
Le système de tunnel Geomunoreum s'est formé dans les basaltes émis par le volcan du
même nom, sur les flancs du mont Halla-san ; parmi ceux-ci, le Manjang-gul, un tunnel découvert en 1958, qui s'étend sur plus de 8 km. Ouvert au public depuis 1976, il contient des colonnes de
lave aux formes spectaculaires.
Jeju-do - Le tunnel de
lave Manjang-gul - photo Gary Cycles.
Jeju-do, Une coulée
figée dans le tunnel Manjang-gul - photo Gary Cycles.
Jeju-do est aussi réputée pour ses « Trois abondances » : vents, pierres et femmes. Auparavant, la plupart des
femmes de l'île s'adonnaient à la pêche sous-marine, sans masque ni combinaison. Ces plongeuses, qu'on appelle Haenyo, "filles de la mer", sont en voie de disparition, la nouvelle génération préférant travailler dans des domaines moins éprouvants et plus lucratifs que ses
aînées.
Une des dernières Haenyo , photographiée en 2007 - photo karendotcom 127.
Les Haenyo sont des plongeuses expérimentées, connues pour être capables de retenir leur souffle pendant plus de deux minutes et de plonger à des profondeurs environnant les vingt mètres. Elles doivent également tenir compte des dangers que représentent requins et méduses.
Les roches volcaniques ne servent pas uniquement de matériaux de construction ... les coréens y sculptent aussi de drôles de personnages aux yeux globuleux et au chapeau rond, les Dolharubangs ("les grand-pères").
Ces statues de trois mètres avaient un rôle protecteur à l'entrée des villages; elles sont devenues symbôles de l'île, et sont invoqués pour les problèmes de fertilité.
Dolharubangs sur Jeju-do - photo Jeff Shea.
