Sa silhouette arrondie couronnée de neiges éternelles domine la plaine africaine et sert de toile de fond à sa faune : le Kilimandjaro, s'élève dans le nord-est de la Tanzanie, à 5.891,8 mètres (mesures 2008 GPS /gravimétrie). Son altitude en fait le point culminant de l'Afrique, et la montagne isolée la plus haute du monde.

Toponymie :
Appelé Ol Doinyo Olibor en maa, langue des Maasai, soit "montagne blanche", son nom, adopté en 1860, viendrait du swahili Kilima Ndjaro (kilima : petite montagne, ndjaro : blancheur,éclat), soit "montagne étincelante".
Topographie :
Ce complexe volcanique de forme ovale : 70 km. (N.O. - S.E.) par 50 km. (N.E. - S.O.), couvre 388.500 hectares.
Ce stratovolcan est composé de trois sommets principaux, qui sont tous des volcans éteints : le Shira, à l'ouest (3962 m.), le Kibo, au centre (5892 m.) et le Mawenzi à l'est (5149 m.)
Le Kibo est couronné d'une caldeira elliptique - 2,4/3,6 km. - renfermant un cratère de 900 m. de diamètre, le Reusch crater, au milieu duquel s'élève un cône de cendre de 200 m. de diamètre, nommé Ash pit. Le pic principal, situé sur le bord méridional de son cratère externe, s'appele Pic Uhuru ("liberté" en swahili); au S.O. du sommet, un glissement de terrain a donné naissance, il y a 100.000 ans, à Western Breach qui domine la Baranco Valley.


Géologie :
Le volcanisme du Kilimandjaro débute au cours du Pliocène et la construction de cet édifice se fait en 4 grandes phases, qui ont émis un total de 5.000 km³ de roches volcaniques. Les trois dernières ont formé les stratovolcans imbriqués : Shira, Kibo et Mawenzi. Le rift qui les traverse a donné naissance à de nombreux cônes satellites.
1. Le paléo-volcan KILEMA :
Cette phase est probablement antérieure à 2,5 Ma, mais reste mal connue en raison du faible nombre de datations effectuées sur le volcan et de l'enfouissement des coulées par d'autres plus récentes.
Au total, le volume émis par ce paléo-volcan représenterait près des 2/3 du volume actuel.

2.Le SHIRA :
La naissance du Shira remonte à 2,5- 2 Ma et se caractérise par des émissions volcaniques à la jonction et le long des dorsales d'Ol Molog et de Kibongoto, orientées en gros N/S.
Un volcan bouclier basaltique allongé se met en place à partir de pyroclastites, de tufs et de laves.
Le Shira présente une caldeira ouverte vers le N-E., avec des remparts marqués à l'ouest et au sud. Une centaine de dykes, témoins d'une ultime activité, s'élèvent en son centre.
L'érosion, principalement glaciaire, puis les émissions du Kibo ont modifié son relief.
3. Le MAWENZI :
La naissance du Mawenzi remonte à 1,1 - 0,7 Ma, résultant de la migration de l'activité volcanique vers l'est, au niveau de l'ancienne dorsale du Kilema.
- dans un premier temps, le Mawenzi connait des intrusions basaltiques (Neumann tower) et des extrusions de trachy-basaltes et de trachy-andésites, formant des cônes et des necks (*) érodés (South Peak, Pinnacle Col et Purtscheller Peak).
L'érosion post-volcanique est maximum sur ces matériaux fins et le relief prend un aspect chaotique, laissant émerger des sills (*).
- dans un second temps, vers 600 - 500.000 ans, des nuées ardentes éventrent le rebord N-E. de la caldeira du Mawenzi. Un volcanisme de type Peléen se met en place avec émission de pyroclastites (*) et des lahars.
S'en suit une seconde phase érosive du à la glaciation des sommets.
4. LE KIBO:
La naissance du Kibo remonte à 600 - 500.000 ans et se fait en cinq étapes.
- 1°étape : jusqu'à 400.000 ans, un stratovolcan conique se forme, au dessus de la dorsale de Kibongoto; les éruptions irrégulières favorisent une érosion et des dépôts morainiques engendrés par une première période de glaciation. Elles se concluent par un évènement explosif (le Weru Weru) et les premières irruptions de cônes secondaires dans la zone d'Ol Molog.
- 2°étape : entre 400.000 et 250.000 ans, un dôme de trachytes et phonolites se forme, qui émet des coulées de lave à porphyre suivies de l'effondrement de l'édifice. Une deuxième période de glaciation provoque une nouvelle érosion.
Un lac se forme, comme en atteste la présence de Pillow lavas (*).
- 3°étape : entre 250.000 et 100.000 ans avant notre ère, des explosions de type plinien se succèdent.
Une érosion causée par une 3° période de glaciation entraîne un effondrement partiel et la vidange de la caldeira, notamment par des lahars et des nuées ardentes.
- 4°étape : entre 100.000 et 18.000 ans, la caldeira et le dôme actuels se forment à l'intérieur des restes de la précédente. Des traces d'éruptions phréatiques et d'érosion valident l'existence des 4° et 5° glaciations, entrecoupées d'épisodes plus humides.
- 5°étape : entre 18.000 et 5.000 ans, le Kibo accueille un lac de lave; sa vidange crée le Pit carter, en couvrant le sommet de scories et le versant nord de coulées de lave.
Alors que la dernière éruption sommitale remonte à plus de 500 ans, et qu'il est aujourd'hui considéré comme éteint, le Kilimandjaro connait des secousses sismiques et émet des fumerolles (CO²,SO², HCl) au fonnd du cratère Reusch, dont la température en surface atteint 78°C. Des scientifiques ont conclu en 2003 que du magma était présent à 400 m. de profondeur sous le sommet.
Les dernières éruptions se sont déroulées le long de la dorsale de Rombo et au maar du lac Chala, au S-E. du volcan; elles sont de différents types : strombolien, vulcanien ou hawaïen... ceci montre la complexité des cycles d'ouverture du rift, de migration de l'activité au niveau des dorsales du volcan et de la différenciation du magma.
Les neiges du Kilimandjaro :

Régression des neiges et glaciers au sommet du Kilmandjaro, entre 02.1993 et 02.2000 - Wikipedia
Le réchauffement climatique, tout d'abord incriminé dans ce rapide retrait des neiges et glaciers, a été remis en cause en 2003 par G.Kaser et Ph.Mote : la forte régression serait due à la baisse des précipitations, qui pourrait être liée à son tour à une évolution locale provoquée par la déforestation ... et en cascade diminution de l'humidité atmosphérique, la forêt jouant un triple rôle de réservoir ( dans le sol, dans la biomasse et dans l'air) .En raison de la forme des glaces, on apu déterminer que le rayonnement solaire et l'absorption de chaleur au niveau de la roche volcanique sombre, ensuite diffusée à la base des glaciers, entrent aussi en ligne de compte.

Les grands "consommateurs" sont les Wachagga , cultivateurs, situés au sud et à l'est du massif...
au contraire des Maasai, pasteurs au NO.
Lexique : (*)
- neck : piton rocheux formé par une colonne de lave solidifiée
dans une ancienne cheminée volcanique
et ultérieurement mis en relief par l'érosion.
- sill : "filons-couches", plus ou moins horizontaux, respectant
la stratigraphie générale du volcan
- pillow lava : boules semblables à des oreillers, formées par de
la lave fluide, émise sous une certaine pression d'eau
et se refroidissant rapidement au contact de celle-ci.
- pyroclastites : matériaux "cassés par le feu", projetés à
grande vitesse, à des altitudes et distances
considérables.
Sources :
- "Guide des volcans" de Rosi & al.
- "Volcanologie" de J.M.Bardintzeff
- articles divers du web : e.a. http://fr.wikipedia.org/wiki/Kilimandjaro
Demain : les voies d'accès au volcan et la nature rencontrée.