La visite du Wingertsbergwand - la paroi du Wingertsberg - un ancien cone de scories estampillé par les dépôts de l'explosion du Laacher See nous livre une explication chronologique du déroulement de l'éruption.
Ratio d'émission en m³/s. et hauteur de la colonne éruptive -
H-U.Schmincke
Cette éruption a été la plus puissante du Quaternaire en Europe centrale et similaire par ses émissions à celle plus récente du Pinatubo; la
dispersion des tephras émis par l'explosion du Laacher See atteignit au nord, la Suède, et au sud, le Piémont italien.
Le montage photo mixant le panache du Pinatubo et le paysage de l'Eifel donne une idée du cataclysme - doc. H-U.Schmincke.
Aire de distribution des tephras en Europe -
H-U.Schmincke.
"" Tous les échantillons observés montrent un taux de vésiculation assez important. Par conséquent, l'expansion des gaz est en partie le moteur de l'éruption.
De plus, il existe un moteur externe qui est la rencontre entre le magma et l'aquifère. Cette rencontre provoque d'une part une trempe et une vésiculation du magma et d'autre part, une
vaporisation et une énorme dilatation de l'aquifère. Ce processus de rencontre est le phénomène débutant de ce début d'éruption. La dilatation de l'aquifère provoque, tout au moins en partie, le
débourrage du conduit volcanique. L'éruption du Laacher See est de type phréatique.
Phase de débourrage du conduit - éruption phréatique
Formation du maar après l'éruption.
Documents Vulkanpark - de
Le front de taille de la carrière du Wingerstberg est la succession la plus complète de l'éruption de ce
volcan. On n'y observe aucun sol intercalé, ni figure de ravinement. On peut en conclure que l'éruption s'est faite en une seule
fois, sans interruption notable. Elle doit avoir duré entre 3 et 6 jours, d'après les ratios d'émissions.
Le front de taille du Wingertsberg , avec situation approximative des couches.
© B.Duyck 2007
Ces observations permettent de reconstituer les différentes phases de
l'éruption :
- le débourrage du conduit s'est fait au moment de la rencontre du magma et de l'aquifère
- ensuite, un panache ascendant de cendres et de gaz - de type plinien - s'est formé, montant à plus de 30 km.d'altitude.Il est à l'origine des dépôts classés dans la LLST (Lower Laacher
See Tephra) et d'une partie de l'anneau de tuff présent autour du lac.
- Suivent des nuées ardentes qui sont soit des coulées pyroclastiques, soit des déferlantes...selon la concentration en éléments : elles forment les couches MLST (Médium Laacher See Tephra) et
ULST (Upper Laacher See Tee phra)
-
détail des couches dans article suivant -
- les pluies qui ont suivi ont lessivé la zone, formant de nombreux lahars, ainsi qu'un grand lac sur le Rhin à
la suite d'un barrage formé par la masse de pierres ponces émises. ""
( références bibliographiques en fin d'article)
Zones de
dispersions des dépôts de cendres, d'ignimbrites et barrage de ponces
sur le Rhin (Brohl dam) et des inondations consécutives à sa rupture.
document extrait de "Vulkane der Eifel" de H-U Schmincke.
La zonation chimique et minéralogique plaide pour l'existence d'une seule chambre magmatique.
On peut reconstituer le chambre magmatique AVANT l'éruption !
Ce qui a été émis en premier et constituait le dessus de la chambre magmatique se retrouve dans les dépôts les plus bas ( couches LLST).
Ce qui vient ensuite se retrouve successivement dans les dépôts moyens et supérieurs (MLST & ULST).
L'analyse des cristaux de sanidine dans les téphras émis rend compte de l'origine spatiale de ceux-ci dans la chambre magmatique AVANT l'éruption.
Document : Journal of Petrology - C.Ginibre 2004
Un excellent article de Catherine Ginibre, G.Wörner & A.Kronz dans le "Journal of Petrology" : "Structure and dynamics of the Laacher See magma chamber from major and trace element zoning in
sanidine.
vol 45, number 11, pp.2197-2223.
A l'heure actuelle, la surface du lac représente la surface supérieure de l'aquifère à l'origine du phénomène phréatique.
A
deux endroits, on y rencontre des "mofettes" (*): ces émanations de gaz - principalement du CO²et des gaz rares - ici d'origine mantellique, d'après les
analyses effectuées, témoignent de l'activité volcanique actuelle.
Le dégagement de gaz au niveau du lac en automne 2007 - © B.Duyck
Mai 2010 : plus de turbulences, moins de grosses bulles ! - © B.Duyck
(*) : Une mofette (de l'italien mofetta, du latin mephitis, « exhalation pestilentielle ») est par définition une fissure, un trou ou un puits de taille réduite, parfois terrestre, parfois sous une source d'eau ou de sédiments; d'origine volcanique et émanant certains type de gaz, souvent toxiques, principalement du dioxyde de carbone, mais aussi de l'azote ou du méthane.
Sources :
- "Volcanism" de Hans-Ulrich Schmincke - Ed.Springer
-
Vulkane der Eifel - H-U.Schmincke - Ed. Spektrum
- "Le Laacher See : un volcan allemand" - Eric Reiter - Futura
Sciences.
-
"Journal of Petrology" : article de C.Ginibre et al. réf ci-dessus.
- "Eruption dynamics during plinian eruptions..." : thèse de doctorat
de N-A.Urbanski 2003.
-
documents divers du "Vulkaneifel european geopark" et
"www.vulkanpark.com"