Le nuage éruptif de l'Eyjafjöll photographié par le satellite Terra - Modis
ce 15.04.2010 .
NASA image by Jeff Schmaltz, MODIS Rapid Response Team at NASA GSFC. Caption by Michon Scott.
Les faits :
En moyenne soixante volcans entrent en éruption chaque année et 10% d'entre eux sont caractérisés par l'émission de colonnes éruptives atteignant la stratosphère (8 à 16 km.)
Avec l'augmentation du trafic aérien depuis vingt ans, la possibilité de confrontation entre l'avion et le panache éruptif ou un nuage de cendres augmente elle aussi fortement, d'autant que ces aléas ne sont pas visibles sur les radars de contrôle.
En 1980, deux avions, un 727 et un DC-8, pénètrent dans le nuage éruptif du St-Helens ; tous deux voient leur pare-brise s’opacifier et plusieurs systèmes endommagés. Malgré un atterrissage sans visibilité, pas de pertes humaines !
Doc. USGS
En 1982, une éruption inattendue du Galunggung en Indonésie endommagea 80 "jets" qui traversèrent le nuage de cendres émis par le volcan, et au moins dix avions expérimentèrent une perte de puissance moteur.
En 1989, un Boeing 747 avec plus de 300 passagers à bord, en phase de descente vers Anchorage, rencontra à 8.000 mètres le nuage de cendres émises par le Redoubt (Alaska).L'équipage relança les moteurs pour essayer de surmonter le nuage … mais en une minute, il perdit les quatre moteurs et l’avion chuta de 4.000 mètres. Par chance, deux puis les quatre moteurs purent être relancés permettant un atterrissage en toute sécurité. Les dommages collatéraux – moteurs à remplacer, réparation des systèmes hydraulique et de contrôle environnemental, etc – se montèrent à 80 millions de dollars.
Eruption du Pinnatubo - Doc. R.P.Hobblit -
USGS
En juin 1991, une douzaine d’avions furent confrontés avec le nuage émis
par le Pinnatubo, frisant la catastrophe. A la suite de quoi, l’aéroport de Manille fut fermé et ce comportement de prudence est depuis devenu la règle …
comme à Quito en 2000, suite aux manifestations du Guagua Pichincha, et en 2002 avec
le Reventador.
Situation similaire en Sicile avec les éruptions de l’Etna, en juillet 2001 et octobre-novembre 2002.
La cause :
Le phénomène, inexpliqué de prime abord, est maintenant bien compris.
Le problème est lié dans un premier temps à l’ingestion et à l’accumulation des poussières volcaniques. Outre leur action abrasive, dans un deuxième temps, ces poussières fondent à la chaleur des moteurs, et adhèrent aux ailettes des turbines. Le réacteur s’étouffe et s’arrête !
En cas « d’alerte aviation » comme c’est le cas aujourd’hui :
Suite aux faits précédemment énoncés, et devant les pertes potentielles en vie humaines et le coût matériel des dommages aux appareils, un système de surveillance des éruptions volcaniques et de leurs émissions couplé à une « alerte aviation codifiée » a été instauré.
Le nuage éruptif de l'Eyjafjöll le 15.04 à 6h. - en couleur brun-noir, par rapport à d'autres formations nuageuses. -
Doc. EUMETSAT en couleurs réelles et infra-rouge.
Devant le nuage éruptif émis par l’Eyjafjöll, et l’avancée du nuage de cendres en direction de l’Ecosse et de la Scandinavie d’une part, d'autre part en direction de la Hollande, la Belgique et le continent dans une moindre mesure et sous l’effet des vents, la décision fut prise d’interdire au vol progressivement des zones de plus en plus large.
Le vent faible et par conséquent la non-dispersion et le passage lent de ce nuage vont perturber pour quelques jours tout le trafic aérien sur l’Europe du nord. En Belgique, les aéroports regorgent de touristes et des mesures ont été prises pour permettre aux voyageurs bloqués de se restaurer, de pouvoir passer la nuit, dans des conditions de « camping », d’être pris en charge par les services de santé si nécessaire. Les avions, au sol, verront leurs réacteurs bâchés. Cette situation de crise contraste étonamment avec l’aspect de l’aéroport de Glasgow, où les couloirs sont déserts !
La situation du trafic aérien sur l'Europe du Nord ce 15.04 à
13h50
- Doc. Der Spiegel .
Les zones d'exclusion (pointillés différents en fonction des altitudes de vol visées) sont respectées, mais il y a de l'embouteillage aux limites de celles-ci.
Avancée du nuage de cendres dans les prochaines heures :
Prévisions fonction des vents observés au moment de l'établissement des cartes.
De gauche à droite et de haut en bas : situation le 15.04 à 6 h. et 18 h.; et le 16.04 à 0 h. et à 6 h.
Pour la Belgique, et le nord de la France, des recommandations sont adjointes : durant la période présumée de passage du nuage, il est conseillé aux insuffisants respiratoires de rester chez eux, portes et fenêtres fermées et pour tous de ne pas pratiquer de sports en plein air (augmentation du volume ventilé).
Sources :
- citées dans l'article
- archives personnelles.