« Y6K » est l’immatriculation d’un cygne chanteur équipé d’une balise satellite ; il était suivi le 16 avril par les chercheurs du WWT – le Wildfowl & Wetlands Trust – dans son périple migratoire qui devait le mener de sa zone d’hivernage en Grande-Bretagne vers son aire de nidification islandaise.
Cygne chanteur - Whooper Swan - Cygnus cygnus - photo WWT.
Les vents orientés vers le sud-est ont poussé le nuage de poussières volcaniques, émis par le volcan Eyjafjöll lors de sa deuxième phase éruptive qui a débuté le 14 avril, en direction de l’Europe. Ces vents ont ralentit son approche, expliquant qu’il a mis quatre jours et demi pour traverser la distance qui sépare les îles Hébrides de l’Islande. Repéré le 16 avril à 10 h.46 à proximité du nuage, on le croyait perdu …mais il est arrivé le 17 avril dans une zone située à l’est de l’Eyjafjöll, et a bénéficié de 24 heures de repos dans des champs près de Höfn.
Il a contourné le nuage éruptif, mais on se perd en conjonctures ; a-t-il effectivement repéré le nuage en vol, et si oui, a-t-il modifié consciemment sa trajectoire ?
Seule certitude, il n’a pas été mis au courant de la fermeture de l’espace aérien européen.
- En gris, zones touchées par la pollution causée par l'éruption du volcan Eyjafjöll
(triangle rouge) au 19/04/10 mesurées à partir du sol jusqu'à 20 km d'altitude
- Ligne noire : trajet au 17/04/10 du Cygne chanteur Y6K suivi par satellite par le WWT
- Zones bleu clair : zones d'hivernage de l'Oie rieuse du Groenland
- Flèches bleu foncé: voies de migration printanière (avril-mai) de Oie rieuse du Groenland vers le Groenland, en passant par l'Islande
Carte: Ornithomedia.com
Voici le "twitt" émis par le Super Whooper blog :
16 April 2010
Further to yesterday’s blog on the consequences of the Eyjafjallajökull volcanic eruption for Icelandic wildlife, including our whooper swans, we now are concerned to find that swan Y6K has chosen to migrate at just the wrong time! Having originally migrated direct from Iceland to Ireland last autumn, he moved via Kintyre to the area around the Solway in mid-winter. On 12th April he started heading north from Dumfriesshire and had reached the Outer Hebrides by the morning of 13th April. That evening he set off for Iceland and by early the following evening (on 14th April) he was more than half-way across. After spending the night on the water he made much slower headway on the morning of 15th April and seemed to be veering a little off course (northeastwards) before turning and heading northwesterly again towards Iceland yesterday afternoon. The latest data indicate that he was still about 100 miles from southeast Iceland this morning. So we wait for the next data download (scheduled for Sunday morning), to determine whether he’s merely assessing the situation before coming in to land, or whether the volcano may have caused him more serious problems during the migratory crossing.
Si les cendres sont dangereuses pour les réacteurs d’avion, qu’en est-il pour les oiseaux, spécialement en cette période de migrations ?
Le panache de cendres, propulsé à 6-7.000 mètres d’altitude, contenait de nombreuses particules de silice (57% de dioxyde de silice) très fine et de nombreux gaz toxiques (CO2 , SO2 , acides chlorhydrique et fluorhydrique).
Cendres volcaniques récoltées en Angleterre - grossissement 400 x - en haut à
gauche, la sphère est un grain de pollen - les particules de silice translucides ressortent mieux sur un fond noir.
Photo Ian Russell .
Cet ensemble toxique pour le système respiratoire des mammifères l’est d’autant plus pour celui des oiseaux : le système respiratoire aviaire présente en effet une zone d’échange avec l’air beaucoup plus importante, les échanges respiratoires étant encore accrus en période d’exercice intense (vol migratoire).
C’est d’ailleurs pour cette raison que les mineurs utilisaient autrefois des canaris en cage pour détecter les niveaux de grisous dans les galeries souterraines.
Voici la vision des oies avant de
pénétrer le nuage de cendres - photo O.Eggertsson.
Dans certains secteurs, le nuage était plus bas et susceptibles d’être traversé par les oiseaux ; des journalistes ont d’ailleurs rapporté la
pénétration du nuage par des vols d’oies ; des agriculteurs auraient entendu ces oiseaux émettre des cris de détresse avant d’agoniser, le nuage ayant perturbé leur sens de
l’orientation. Olafur Einarsson, du WWT, relève que des nuages très denses entraînant une obscurité totale ont stationné plusieurs jours de suite au-dessus d'une zone au sud-est du volcan
très fréquentée par les Cygnes chanteurs (Cygnus cygnus) qui y stationnent après avoir traversé les étendues marines séparant l'Islande des îles britanniques où ils ont passé
l'hiver.
Les chercheurs du WWT soulignent qu'avril est la principale période de migration de plusieurs espèces d'oies, et ils ont donc exprimé des inquiétudes pour les Oies cendrées (Anser anser), Oies à bec court (Anser brachyrhynchus), Bernaches cravants à ventre pâle (Branta bernicla hrota), Oies rieuses du Groenland (Anser albifrons flavirostris) et Bernaches nonnettes (Branta leucopsis) qui passent par l'Islande en avril avant de rejoindre le Groenland en mai.
Un groupe de bernaches nonettes et cravants en halte migratoire - © B.Duyck
2007
Sources :
- WWT- Supper whooper - lien
- Ornithomédia - lien
- Are birds affected by volcanic ash ? Living the scientific
life.
- The Avian Respiratory System: A Unique Model for Studies of Respiratory Toxicosis and for Monitoring Air Quality