Une visite familiale dans la région de St Raphaël, sur la Côte d'Azur, m'a permis d'approcher une région volcanique:
le massif de l'Estérel.
Situé entre les les massifs des Maures et du Tanneron, le massif de l'Estérel s'aborde tout d'abord par le côté mer : la route du littoral, surnommée "la corniche d'or", présente une palette de grande beauté. Contraste saisissant entre le vert des forêts, l'incandescence des porphyres qui, dans le soleil couchant, donnent l'illusion de coulées de lave flamboyantes, et le bleu intense du ciel et de la mer.

Pour ne pas se limiter au bord de mer, ni "bronzer idiot", il faut s'attaquer au massif ! Dans ce désert de roches rouges, on retrouve la solitude de la haute montagne, à quelques encablures de Fréjus, St Raphaël et Cannes.
La raison : sur ces hauteurs, il ne pousse rien ! Les romains avaient vite constaté ce fait et nommé l'endroit "sterilis ", d'où a peu être dérivé le nom moderne d'Estérel - à moins que ce ne soit d'une tribu celto-ligure, les Suelteri, qui occupait la région voisine des Maures. Si près des routes et cités engorgées, on y retrouve une nature intacte, le silence seulement troublé par le cri d'un rapace ou le bruit du vent, un soleil omniprésent et une vue portant d'une part sur le massif, d'autre part sur une mer étincelante.

Ascension du pic de l'Ours - © B.Duyck
Des routes très étroites, accessibles seulement de jour, mènent vite vers des chemins peu empruntés par les randonneurs, qui permettent d'accéder à ce jardin secret et clos. Clos par la mer et les routes de la corniche et la mythique Nationale 7, par le massif des Maures à l'ouest et les plaines du Var à l'est.

Du sommet du pic de l'Ours, vue sur la baie de Cannes - © B.Duyck
Les reliefs accidentés, paysages déchiquetés et criques abruptes plongeant dans la Méditerranée, témoigne d'une histoire
géologique mouvementée.
Tout aussi riche , son histoire humaine débute avec la préhistoire (burins de Noailles, sur le site de Gratadis, près d'Agay) Ensuite, toutes les civilisations de la Méditerranée marquèrent de leur empreinte le massif de l'Estérel : celto-ligures, grecs, romains, arabes. au moyen-âge, il servit de refuges aux ermites, dont St Honorat à la Sainte Baume, mais aussi aux forçats évadés du bagne de Toulon. Gaspard de Besse,le brigand au grand coeur, y cacha un trésor toujours à retrouver.
Pays de légendes, parmi lesquelles celle de la "fée Esterelle", célèbre au moyen-âge. La Peyro de la Fado est un dolmen de 4 pierres placées à champ, surmontées d'une table pesant plus de 20 tonnes; c'est une sépulture collective datant de la fin du néolithique (2500-2000 av.JC.). L'endroit doit son nom à une légende due à Jean de Nostre-Dame, et reprise par le poète Mistral : une fée aimait se déguiser en bergère. Un jour, elle séduisit un jeune génie, à qui elle offrit sa main à condition que le mariage soit célébré sur une table formée de 3 pierres dont elle fit le croquis. Le jeune homme reconnut les pierres qui avaient dévélé la montagne voisine. Il en dressa deux, mais la troisième résista.
Pendant la nuit, la fée souleva cette lourde pierre d'un geste magique et la déposa sur les deux autres. Quand le génie découvrit le prodige, il comprit qu'il était un bien modeste jeune homme et qu'il était condamné à mourir puiqu'il aimait une fée plus habile que lui. Il décéda et fut pétrifié.
à suivre : formation de l'Estérel