Jade et plaques tectoniques :
Le jade est un terme "culturel" pour désigner deux types de roches métamorphiques connues sous le nom de jadéitite et celui de néphrite, toutes deux extrêmement dures et utilisées par le monde pour fabriquer des outils, des bijoux et des talismans. La région de Motagua contient un des plus grand gisement de jadéite mondial, source du jade archéologique Mésoaméricain, employé sous les Mayas, Toltèques et Aztèques.

La jadéitite ( ou jadeite jade) peut être considéree comme une sorte de tissu de cicatrisation des blessures faites suite à la collision entre les plaques tectoniques terrestres.
Lorsque la croûte océanique est poussée sous un autre bloc, ou soumise au phénomène de subduction, la pression s'accroit avec seulement une petite augmentation de la température, avec comme résultante une compression et un assèchement des roches sans arriver au stade de fusion. Le jade précipite alors depuis les fluides s'écoulant dans le lit de subduction et dans le dessus du manteau refroidi pour devenir de la serpentinite.
L'assemblage de serpentinite, contenant du jade, est de faible densité et peut être relevé, soulevé durant les phénomènes de collisions intraplaques et se trouver extrudé à la zone frontière de collision. Ce phénomène se rencontre dans les Alpes, en Californie, en Russie et bien d'autres endroits de par le monde.
Jade et histoire géologique du Guatémala :

par rapport aux plaques tectoniques en présence (en haut , à gauche de l'image)
Document USGS.

Position de la faille de Motagua par rapport à la zone de subduction de la plaque
Cocos sous la plaque Caraïbe et à l'arc volcanique méso-américain.
Une analyse nouvelle du jade trouvé le long de la faille de Motagua laisse sous-entendre que l'histoire géologique guatémaltèque est plus complexe que prévue.
Comme on retrouve le jade et d'autres roches métamorphiques associées, de part et d'autre de la faille, et que celui retrouvé au nord de la faille est plus jeune de 60 millions d'années, une équipe de géologues a émis l'hypothèse selon laquelle la plaque nord-américaine et la plaque Caraïbes ont fait bien plus que se "frotter" une fois ... elles sont entrées en collision deux fois !
Dans une précédente étude, l'équipe de géologues a mis en évidence la double collision par datation du mica trouvé dans les roches provenant de la collision (et incluant le jade) : le côté nord-américain a été daté à 70 millions d'années tandis que le côté sud (plaque Caraïbe) est plus vieux : 120 à 130 millions d'années.
Cette fois, ils se sont tourné vers l'éclogite, une roche métamorphique formée dans le lit de subduction à partir du plancher océanique basaltique. La datation est identique des deux côtés de la faille transformante : 130 millions d'années.
Le scénario explicatif est le suivant : une collision datée à 130 millions d'années a généré un lit de serpentinite qui fut découpé et dévié entre plusieurs segments.
Dans un deuxième temps, après que le mouvement de la plaque eut changé de direction il y a 100 millions d'années environ, une collision entre l'un des segment formé lors de la première collision et la plaque nord-américaine a transformé le mica en jadéitite (trouvée il y a 70 millions d'années du côté nord de la faille).
Finalement, les mouvements de la plaque au cours des derniers 70 millions d'années a fait se juxtaposer les serpentinites sud et les serpentinites du nord de la faille (qu'on a retrouvé dans des déchets de collision de part et d'autre de la faille).
On aurait donc, selon Harlow - curator in the division of earth and planetary science at the american museum of natural history - deux épisodes de collision :
- un épisode impliquant le côté sud
- deux épisodes impliquant le côté nord.
Toute la serpentinite se serait formée en même temps le long de la faille, mais l'assemblage-nord aurait été "re-métamorphosé" au bout de 70 millions d'années.
Un excellent schéma illustre ce mécanisme, visible seulement sur Geology.com, étant donné le copyright.
Sources :
- article publié dans "Earth and Planetary Science letters" :
This research was published in Earth and Planetary Science Letters. In addition to Brueckner and Harlow, authors on this research paper include Hans Lallemant of Rice University in Houston, Texas; Virginia Sisson of the University of Houston in Texas; Sidney Hemming of Columbia University's Lamont-Doherty Earth Observatory, New York; Uwe Martens of Stanford University, California; Tatsuki Tsujimori of Okayama University in Japan, and Sorena Sorensen of the National Museum of Natural History in Washington, D.C. The National Science Foundation funded the research.
- "Jade sheds lights on Guatemala's geologic history" :
article original de l'American Museum of Natural History
http://www.amnh.org/science/papers/jade_guatemala.php
repris dans :
http://www.eurekalert.org/pub_releases/2009-07/amon-jsl072709.php
- "l'origine du Jade - Jadeite" :
research.amnh.org/users/gharlow/L'origineDeJade-Sum.pdf
- INSIVUMEH : Instituto Nacional de SIsmologia, VUlcanologia, MEteorologia
e Hydrologia.
http://www.insivumeh.gob.gt/
