Au cours des articles précédents, les noms Bory, Dolomieu, Fouqué ont été plusieurs fois cités. A qui correspondent-ils ?
Carte de l'île de La Réunion établie par Bory de Saint-Vincent
datée du début 19° siècle - conservée à la Librairie du Congrès Américain.
Déodat Dieudonné Sylvain Guy Tancrède Gratet de Dolomieu : pour la facilité, nous le
nommerons simplement Dolomieu - est un géologue et minéralogiste français, né le 23 juin 1750 au château des Gratet de Dolomieu en Isère et décédé le 28 novembre 1801 en
Saône-et-Loire.
Son père, marquis de Dolomieu, aura sept enfants. Il l’inscrit très tôt, vers l’âge de trois ans, à l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, ce qui le marquera toute sa vie, puisque son
engagement militaire lui permettra de voyager et d’assouvir sa passion scientifique. Il réussira, malgré son titre de noblesse paternel et sa particule, à traverser sans trop de dommages la
Révolution Française grâce à des compétences scientifiques reconnues. Après avoir suivi une formation classique, il se tourne vers la chimie et les sciences naturelles ; aidé par une
intelligence vive et un sens aigu de l’observation, il se consacre bientôt aux sciences de la terre.
À 25 ans, après avoir étudié à Metz où il est en garnison, il commence à travailler sur la pesanteur dans les mines de Bretagne. En 1791, Dolomieu publie dans le Journal de Physique un article intitulé « Sur un genre de pierres calcaires très peu effervescente avec les acides et phosphorescentes par la collision ». Il a découvert cette roche dans les Alpes et en envoie quelques échantillons à de Saussure à Genève pour analyse. C’est ce savant suisse qui tranchera en faveur du nom « dolomie », en hommage à son inventeur en mars 1792, dans un courrier qu’il adresse à Dolomieu. Le nom de « Dolomites» sera ensuite donné vers 1876 à la région des Alpes italiennes. En 1795, il est élu membre de l'Académie des Sciences.Dolomieu aura une fin de vie agitée. Il participe à la campagne d'Egypte. Après quelques travaux scientifiques sur le Nil, il demande sonretour en France pour mésentente avec Bonaparte. Mais il est capturé en Calabre et emprisonné en Sicile pendant 21 mois pour d’obscures raisons de conflits politiques avec l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Il ne recouvre la liberté que le 14 juin 1800 après la victoire des armées françaises à Marengo. Très affecté par cette incarcération, il meurt en 1801. L'annonce de ce décès à celui qui fut son élève à l'Ecole des Mines de Paris incita Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent à nommer en son hommage «cratère Dolomieu » le principal cratère du Piton de La Fournaise, volcan qu'il était en train d'explorer et où, il faut le souligner, Déodat Gratet de Dolomieu n'avait jamais mis les pieds. (Wikipédia).
Croquis du Piton de La Fournaise et de l'Enclos Fouqué, de la main de Bory Saint-Vincent - c'est la
première carte des coulées de La Fournaise.
Jean-Baptiste Geneviève Marcellin Bory de Saint-Vincent est un naturaliste et géographe français, né à Agen en 1778 et mort à Paris en 1846.
Il aurait suivi deux années de médecine et chirurgie; il s'intéresse ensuite à la botanique, la systématique et la volcanologie et est
l'élève à l'école des Mines de Paris, du géologue et minéralogiste Dolomieu.
En 1800, il apprend le départ d'une expédition scientifique et obtient un poste de zoologiste en chef. Il voyagera de 1800 à 1804, à bord du navire "Le Naturaliste". Il fera escale à l'île Maurice, puis à La Réunion : il y fera l'ascencion et le première description scientifique du Piton de La Fournaise.
De retour en France, il poursuit sa carrière "savante" et est élu correspondant du Muséum de Paris. En 1804, il publie ses "Essais sur les îles fortunées" et "Voyage dans les quatre principales îles des mers d'Afrique".
En 1805, il participe à la Campagne d'Autriche et à la bataille d'Austerlitz, puis il suit les armées Napoléoniennes en Pologne , en Prusse. Après la chute de Napoléon, il vivra en exil, avant de revenir en France en 1820.Il va diriger en 1829-1830 la commission scientifique d'exploration de Morée, en Grèce; il se chargea plus particulièrement dse études de botanique.
Piton de La Fournaise - Dessin de 1865 révélant un dôme symétrique
Ferdinand André Fouqué est un géologue français né en 1828 et décédé en 1904.
Entré à l'Ecole Normale Supérieure à l’âge de 21 ans, il occupe le poste de conservateur des collections scientifiques. En 1877, il devient titulaire de la chaire de professeur d’histoire naturelle des corps inorganiques au Collège de France. En 1881, il est élu membre de l’académie des sciences.
Il s’est particulièrement intéressé aux phénomènes volcaniques et aux séismes, aux minéraux et aux roches. Il a été le premier à introduire les méthodes pétrographiques modernes en France. Il a étudié les roches éruptives de Corse et de Santorin.
A La Réunion, c'est en son honneur que la caldeira la plus récente formée par le Piton de La Fournaise a été baptisée l'Enclos Fouqué.
Sources :
- Dolomieu, gentilhomme géologue - par Fr.G.Bourrouilh-Le Jan
- Déodat de Dolomieu - dans les Annales
- Extrait des leçons orales de Dolomieu .... - notes prises par L.Cordier - lien
- Sur le site de Dominique Decobecq, l'intéressante "Lettre de M. Hubert l'Ainé à M. Bory de Saint-Vincent à Paris, sur une éruption qui a eu lieu depuis le voyage de ce dernier au volcan de La Réunion".