Oeuvre de Manrique - Jardin de cactus -
©JM. Mestdagh
" L'intégration de l'homme à la nature ".
Dans le tunnel de lave généré par le volcan La Corona, nous avons vu hier La Cueva de los Verdes ... il existe dans le même tunnel, une "grotte" aménagée par César Manrique : le Jameos del Agua.
Jameos est un mot issu du dialecte local signifiant grotte ou bulle.
Les infiltrations d'eau ont engendré un lac naturel qui sert de tanière à une espèce unique au monde : un crabe albinos et aveugle, appelé familièrement "jameitos", le Munidopsis polymorpha.
Les rayons du soleil pénétrant par les ouvertures du plafond illuminent ce lac : le Jameo grande.
Jameo grande - le lac au crabes albinos - doc.
wiki.
Rapprochement de l'art et de la nature, voulu par César Marique, peintre, designer, architecte, sculpteur et surtout grand défenseur de la nature de Lanzarote.
Né en 1919 à Arrecife, il a toujours vécu sur l'île et a eu la chance, contrairement à
beaucoup d'artistes, d'être reconnu "de son vivant". Manrique est partout sur Lanzarote : il a conçu le Mirador del Rio, observatoire intégré à la nature, créé le jardin de cactus, et sa
résidence privée devenue la Fondation Cesar Manrique; c'est aussi lui qui a pensé et dessiné le sympathique petit diable , mascotte du parc de Timanfaya.
Un jardin qui ne manque pas de piquant, à Guatiza.
Il constitue un bel exemple d'intervention architectonique intégrée au paysage : en pleine démarche d'intégration des ouvrages au paysage insulaire, il s'est intéressé à l'ancienne carrière de Guatiza, a fait restaurer le moulin à gofio (farine de maïs) qui couronne l'enceinte.
Une partie du jardin de cactus et le moulin à golfio. - ©JM. Mestdagh
L'intérieur circulaire est une métaphore des cratères de l'île; des murs en terrasses descendantes dévoilent les différentes variétés de cactus, avec au centre des monolithes de gravier compacté qui témoignent de l'activité carrière passée.
©JM. Mestdagh
©JM. Mestdagh
Intégration de la carrière de Guatiza au paysage volcanique environnant - ©JM. Mestdagh
Ce jardin de cactus, où se mêlent plantes, sculptures, architecture, se situe dans un environnement agricole de figuiers de barbarie, support d'un insecte, la cochenille - Dactylopius Coccus - à la base de la production d'un colorant naturel : la carmin de cochenille.
"Sculpture du vent", jouet des alizées - oeuvre de César Manrique - ©JM. Mestdagh
Taro de Tahiche : c'est ici que Manrique a construit sa spectaculaire demeure, sur une coulée de lave produite par l'éruption de 1730-1736.
En 1970, lors d'une excursion à Tahiche, il découvre un figuier dont l'extrémité verte pointe d'une coulée de lave noire figée. Il décide alors de construire sa maison à cet endroit. Les propriétaires de cette terre ne veulent pas êtres payés car ils estiment qu'elle est sans valeur, et ils proposent même à César Manrique de prendre tout le terrain dont il a besoin. L'artiste y bâti sa maison sur deux niveaux et intègre cinq bulles volcaniques découvertes lors de la construction, les aménageant en salon, piscine, atelier...
Une bulle de lave aménagée en salon - meubles modernes intégrés aux pierres volcaniques
photo Wollex - Wikipedia.
En 1988, il quitte l'endroit pour emménager dans une maison paysanne; sa demeure deviendra un musée et le siège de sa fondation, qui a pour rôle de promouvoir et développer les activités artistiques.
Le jardin de la fondation et la fresque de mosaïque conçue par Manrique -
photo G.Keller.
Sur la zone d'El Jable, une frange de terrain calcaro-siliceux d'origine marine propice aux cultures abrite un monument de Manrique.
"Fécondité", hommage sculptural gigantesque aux agriculteurs de Lanzarote, situé à côté de la Casa del Campesino - ©JM. Mestdagh
Manrique se définit lui-même en premier lieu comme peintre; On lui attribue un rôle de pionnier dans le mouvement espagnol d'art abstrait et il passe pour être un précurseur du surréalisme. Le fil rouge de son oeuvre et de sa vie est la mise en avant de la symbiose entre l'homme et la nature; il laisse la nature intacte et essaie de donner un cadre artistique à sa beauté pour en révéler sa valeur et le faire partager.
Son projet de transformer son île natale en l'un des plus beaux endroits du monde a convaincu Pepin Ramirez, un ami devenu président du gouvernement des Canaries; il prévoit de n'autoriser que des constructions traditionnelles, de renoncer aux bâtiments de plus de deux étages et de supprimer les panneaux publicitaires !
Si on pouvait s'inspirer de cette ligne directrice
un peu partout !
Sources :
- Le jardin de cactus - Centros de arte, cultura y
turismo.
- Jameos del Agua - islanzarote.com