Vue satellite du "Campo volcanico de Timanfaya" - d'après Google 2010.
Timanfaya - Valle de la Tranquilidad - ©JM. Mestdagh
Le parc national de Timanfaya est situé dans le sud-ouest de l'île et compte une superficie de 51,07 km². Il s'étend de la limite de la commune de Yaiza jusqu'à la montagne Montaña Timanfaya. A l'ouest il est limité par la côte. Cet endroit a vu la naissance de 32 cônes volcaniques. Du haut de la montagne Montaña Rajada (350 m d'altitude) on a un bel aperçu du parc.
Timanfaya - Paysage lunaire ...une autre planète - Photo G.Keller.
©JM. Mestdagh
Avant les éruptions volcaniques, cette immense étendue recouverte aujourd'hui par une mer de lave figurait parmi les terres les plus fertiles de Lanzarote. Après la catastrophe, ces terres furent recouvertes par des millions de mètres cube de lave et 420 maisons furent ensevelies. Les villages détruits furentTimanfaya, Los Rodeos, Mancha Blanca, Santa Catalina, Mazo, Jarretas, Tingafa, Peña Palomas, Testeina, La Geria, Macintafe, Mozaga, Guagaro, Masdache et Iguadén ainsi que les terres agricoles de Maretas et Chupaderos.
Les volcans qui composent le parc national de Timanfaya sont du type hawaïen. Ceux-ci forment de grandes colonnes de cendre lors de l'éruption et les lapilli, poussés par le vent, ont recouvert de vastes étendues et les pentes de cratères plus anciens.
©JM. Mestdagh
Cette étendue recouverte par les pluies de cendre est appelée Valle de la Tranquilidad (vallée de la tranquillité). Le centre de l'éruption était situé au Maciso del Fuego (le massif du feu) haut de 525 m. Ce volcan est aujourd'hui recouvert par les cendres et les scories des éruptions du XVIIIe s., mais on a constaté que le flanc arrière du volcan, qui rayonne encore énormément de chaleur, est composé de lave très ancienne. Les nombreuses rangées de petites cheminées (Hornitos) et les volcans "parasites" (nommés ainsi car ils se sont formés au pied du colosse central) sont intéressant à observer.
©JM. Mestdagh
L'imposant cratère Corazoncillo, le plus grand cratère d'explosion de Lanzarote, possède une caldeira d'une profondeur de 100m. C'est la lave de ce volcan qui a enseveli le village de Timanfaya.
Au regard des quantités de lave rejetées et de la durée des éruptions, elles figurent parmi les plus importantes de l'histoire du volcanisme. Selon le Global Volcanism Program :
Start Date: 1730 Sep 1 | Stop Date: 1736 Apr 16 |
Dating Technique: Historical Records Volcanic Explosivity Index (VEI): 3 Lava Volume: 4.0±1.0 x 109 m3 Area of Activity: Montañas del Fuego |
Eruptive Characteristics: |
Spectacle envoûtant, vision figée de la furie volcanique, images de genèse de la terre ... seul bémol, le vulcanophile ne peut ici poser un seul pied par terre et les seuls déplacements permis le sont, soit à dos de dromadaires, soit en guagua (autobus aux vitres hermétiquement fermées !) sur la "Ruta de los volcanes", itinéraire long de 14 km. dessiné par Jesus Soto.
La ruta de los volcanes - ©JM. Mestdagh
En détail, quelques "spots intéressants" :
- le hornito du "Manto de la Virgen" de taille impressionnante.
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- Depuis "El Mirador", au sommet de la Montaña Rajada, la vue se perd jusqu'à la mer... à l'infini, de la lave.
On peut voir un tunnel de lave partiellement effondré et repérer la fissure éruptive , jalonnée de cônes pyroclastiques.
Fissure éruptive et cônes alignés - ©JM. Mestdagh
Des tunnels de lave effondrés sur une longue distance créent un "sinuous rille" - un sillon sinueux, au sein des coulées émises par le s éruptions de 1730-1736. Sur une vue satellite, on peut voir des portions non effondrées (flèches blanches) montrant qu'il s'agit d'un tunnel, et non d'une coulée surbaissée et enserrée entre deux levées - Document Planet Terre, Pierre Thomas, ci-dessous.
Certains cônes, nommés ici islote, sont entièrement cernés par les coulées.
De retour à Islote de Hilario, on peut découvrir l'anomalie thermique qui perdure en cet endroit, grâce à quelques manipulations faites par les guides: des températures voisines de 400 °C ont été mesurées à une dizaine de mètres de profondeur.
Les scories sont brûlantes par endroit, et des branches d'aulaga, une papilionacée locale, s'enflamment spontanément dès qu'elles sont enfoncées dans un trou.
Ailleurs, un tube d'acier planté de quelques mètres dans le sol permet de produire à volonté un geyser artificiel : un seau d'eau versé dans le tube de
forage, ressort vaporisé quelques secondes après, en rugissant en une colonne d'une dizaine de mètres de hauteur.
Le restaurant "El Diablo", encore une réalisation de Cesar Manrique, construit en pierre volcanique et parfaitement intégré à son milieu, utilise la chaleur du volcan pour ses barbecues.
Les dernières éruptions volcaniques sur l'île eurent lieu en 1824. Le 31 juillet de cette année là, le volcan Clérigo Duarte est entré en éruption. La coulée de lave s'étendait sur plus de 14 km et, près de Punte del Cochino, elle s'est écoulée dans la mer. Les 10 années qui précédaient l'éruption furent ponctuées par de nombreux séismes. La particularité de cette éruption était la grande fluidité de la lave ainsi que les énormes colonnes d'eau salée bouillante qui furent éjectées du cratère et qui inondèrent les alentours. La dernière coulée de lave menaçait le village de Mancha Blanca. Dans leur détresse le habitants de ce village empruntèrent la statue de la vierge Virgen de los Dolores au village de Tinajo et formèrent une procession pour aller à l'encontre de la lave en fusion. Le miracle se produisit et la lave se figea juste avant d'atteindre la première maison du village. Aujourd'hui une croix en bois s'élève à cet endroit. En 1781, les habitants ont érigé une petite chapelle (Nuestra Señora de los Volcanes) et de nos jours encore une procession est organisée tous les ans à la date anniversaire de cet évènement.
©JM. Mestdagh
Demain, nous verrons le récit de ces éruptions terribles échelonnées de 1730 à 1736, grâce au récit du curé de Yiaza.
Sources :
- Guide des volcans d'Europe et des Canaries - M.Krafft et F.de Larouzière - éd. Delachaux et Niestlé.
-Montanas del Fuego - doc. Parque National de Timanfaya.
- Planet terre - tunnels de lave effondrés - P.Thomas