Massif du Chenaillet (F) - les falaises de Pillow-lavas du Collet Vert : Pan de croûte océanique relevé à la verticale - photo J.P. Esteban / banque de photo SVT
Un classement des sites Français a été réalisé par Alain Guillon, selon le contexte tectonique de mise en place des pillow-lavas et de leur chronologie.
Age et période | Volcanisme lacustre | Volcanisme sous-marin |
640 Ma – infra-Cambrien |
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Locquirec (plate-forme côtière -arc volc.) |
440 Ma - Ordovicien sup, |
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Lombardières (plate-forme côtière – arc volc, |
150 Ma – Jurassique sup, |
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Chenaillet (zone d'accrétion) |
14 Ma – Miocène moyen | Roffiac / Viallard | La Martinique (plate-forme côtière – arc volc,) |
10 Ma – Miocène sup, | St Bauzille |
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1-0,5 Ma – Quaternaire | Murat-le-Quaire |
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D'après Alain Guillon |
Le massif du Chenaillet (Hautes-Alpes Françaises):
Du sommet du Chenaillet, un chemin en lacets descend vers l'est vers le col de Soureou. En empruntant une large piste horizontale entaillée dans les éboulis, on atteint le Collet Vert sur la frontière franco-italienne. En restant sur le versant français et en cheminant horizontalement, on se trouve très vite au pied d'affleurements de très beaux coussins allongés. Ils forment l'essentiel de la partie française du massif du Chenaillet.
Massif du Chenaillet - Le Collet vert - falaise de Pillow-lavas -
photo J.P. Esteban / banque de photo SVT
Les roches de la falaise du Collet Vert sont des roches vert sombre, dures, compactes, se présentant soit sous forme de "coussins" (en fait, plutôt des "polochons" allongés), dont le diamètre est de l'ordre de 50 centimètres à 1 mètre, l'allongement de plusieurs mètres ou dizaines de mètres, soit sous forme de brèches à fragments de coussins.
Massif du
Chenaillet - basalte en coussins - photo A.Saphon
Il s'agit de la surface supérieure d'une ancienne coulée sous-marine datant de 170 Ma. Le volcan sous-marin était à 2 000 mètres de profondeur, ou plus ; ses laves, exceptionnellement conservées intactes, sont maintenant à plus de 2 000 mètres d'altitude, redressées à la verticale lors du plissement alpin. Leurs surfaces forment des falaises où l'on voit s'allonger les polochons. La mise à nu actuelle de la paléotopographie de cette portion d'océan suppose que ce segment de lithosphère océanique fut recouvert après sa formation par une épaisseur de roches suffisamment épaisse pour que la puissante action érosive des glaciers, quaternaires entre autres, ne l'ait pas encore détruit.
Schéma de basaltes en coussins,
montrant leur allure en section et leur allongement.
La forme de haricot (au-dessus) et le pédoncule moulé sur les coussins sous-jacents donne clairement le haut et le bas de la
coulée. - doc. CBGA
Massif du Chenaillet - photo J. Janin / banque de photos SVT.
Pillow-lavas ou basalte en coussins, vue en coupe.
La position du pédoncule (à droite) permet d'affirmer que le bloc a été basculé de 90°.
Schéma de polarité des séries paléo-volcaniques avec pillow-lavas - doc. A. Guillon
À la périphérie des coussins, la variolite , qui a été autrefois utilisée comme pierre ornementale, et que l'on récolte dans les alluvions de la Durance jusque dans la Crau, est caractéristique de la bordure des polochons : c'est le même basalte vert, où s'individualisent de petites sphérules (quelques millimètres) blanches de feldspath, qui se sont formées après la consolidation de la lave, probablement durant son refroidissement ; il ne s'agit pas d'anciennes bulles de gaz volcanique.
Massif du Chenaillet - échantillon de variolite - photo CBGA
La hyaloclastite se rencontre
dans les interstices de section triangulaire entre les coussins. Il s'agit d'amas d'éclats de verre volcanique dus à l'éclatement par trempe à la périphérie des coussins, et au frottement des
coussins les uns contre les autres pendant la coulée. Au Chenaillet, la roche est une sorte de microbrèche vert sombre (chlorite due à la dévitrification) contenant de petits fragments
blancs.
Parfois, le refroidissement a pu être trop brutal, et les coussins ont alors éclaté : ainsi se forment les brèches de
coussins, situés souvent à la partie supérieure des coulées.
La cartographie de l’ophiolite du
Chenaillet a permis :
- l’identification de deux types de volcans à tubes et coussins, en langues d’une part, et en cônes (= hummocks) d’autre part, construits sur des pentes en formation; ces volcans ne superposent pas les uns sur les autres et sont d’autant plus récents qu’ils sont plus hauts topographiquement;
- la formation de volcans composites organisés, soit par empilement de langues directionnelles dans un système en escalier, ou par alignement de cônes dans un système en peigne; dans le type escalier, les éruptions sont nourries à partir de fissures perpendiculaires à la pente d’écoulement et localisées à la racine des marches; dans le type peigne, les volcans sont centrés sur un conduit situé à la croisée de deux fractures obliques l’une sur l’autre; les peignes, pseudosymétriques de part et d’autre des crêtes, constituent des segments grossièrement en échelon (= hummocky ridges) entre cinq volcans composites majeurs.
Sources :
- CBGA - Centre Briançonnais de Géologie Alpine - Chenaillet / Collet Vert - link
- Volcanogéol - le massif ophiolitique du Chenaillet - link
- L’ophiolite du Chenaillet (Montgenèvre, Alpes franco-italiennes), témoin d’un segment de ride volcanique axiale d’un océan
à croissance lente - par Françoise Chalot-Prat & al.