Situation du volcan Nyamuragira et de son champ de lave étendu (en brun) - les autres volcans de la région sont signalés par des triangles blancs. - Carte 2010 / B.Smets Royal Museum of Central Africa, Tervueren, Belgium.
Un des volcans africains parmi les plus actifs, le Nyamuragira est un grand volcan-bouclier basaltique. D'un volume de 500
km³, il a couvert le rift de ses coulées sur 1.500 km²et jusqu’à 30 km. du foyer éruptif.
Le Nyamuragira - littéralement "celui qui commande" - a de nombreux synonymes dont le Nyamulagira, le Namlagira, le
Girungo-Namlagira.
La caldeira du Nyamuragira en 2004 - photo Simon Care, in GVP.
Ce volcan-bouclier a des pentes faibles, de 3° à la base pour atteindre 10-20° près du sommet haut de
3.058 mètres et tronqué par une caldeira de 2,3 km. sur 2 entourée de parois hautes d’environ 100 m., dont la morphologie change fréquemment. Un lac de lave a même occupé le cratère sommital
entre 1921 et 1938, date à laquelle il s’est vidangé lors d’une éruption de flanc majeure.
De nombreux cônes ponctuent les flancs du Nyamuragira.
Carte du cratère - N.Zana in GVP
La caldeira sommitale du Nyamuragira - Nasa 2005.
Les coulées signalées sur le schéma et la fissure du flanc sud y sont bien visibles.
Fontaines de lave de l'éruption fissurale 2010 - Doc. Keystone.
Les laves qui caractérisent le Nyamuragira sont très fluides et responsables de fontaines de lave pouvant atteindre, comme en 2010, une hauteur de 300 mètres.
Les volumes éruptés sont importants et les surface couvertes par les coulées également : une étude de l'université de Cambridge offre une comparaison entre les surfaces et les volumes émis par:
- l'éruption du Nyamuragira en 2001 : Surface couverte : 44,2 Mm² - Volume lave érupté : 133 Mm³.
- versus l'éruption du Nyiragongo en 2002 : Surface couverte :
17,7 Mm² - Volume lave émis : 22 Mm³.
Les quantités de SO2 relarguées par le volcan sont considérables, comme l'atteste le diagramme ci-dessous :
Quantités de dioxyde de soufre exprimées en kilotonnes entre 1979 et 2003 - celles concernant le Nyamuragira sont marquées d'une étoile
jaune/ligne bleue. - TOMS Volcanic Emissions Group / Magalhaes.
Carte d’activité et des coulées entre 1900 et 1992 - Doc. GVP
Entre 1865 et 2004, on dénombre 40 épisodes éruptifs confirmés ; l’intervalle entre les éruptions n’est que de deux ans, depuis 1980.
En mai 2004, un survol du volcan permet de voir un lac de lave actif de 300 m. de diamètre, nourri par 4 fortes fontaines de
lave. Ce lac sera temporaire ; des fontaines sont actives aussi sur le flanc N-NO. le long d'une fracture, avec construction de 4 cônes.
Après la reprise en octobre 2006 de l'activité sismique, une éruption est localisée en novembre sur le flanc sud, avec des fontaines de lave alignées sur une large zone. Leurs lueurs pouvaient
être vues de Goma, à 30 km.
En 2007, de nombreuses anomalies thermiques sont signalées par le MODIS/MODVOLC.
En mars-avril 2009, une intense activité fumerollienne est détectée à la jumelle.
Demain, l'éruption de janvier 2010.
Parmi les coulées qui recouvrent les flancs du Nyamuragira, quelques
zones vertes épargnées : des Kipuka. - photo simon Carn / Univ. du Maryland.
Kipuka est un terme hawaïen pour désigner une "île"
de végétation complètement entourée de coulées de lave récentes; ces zones sont préservées à cause de leur topographie : petite colline ou dôme entourée de terrain plat. On en retrouve sur les
volcans Hawaïen, ou encore à Crater of the Moon - USA.
Sources:
- Global Volcanism Program - Nyamuragira
- Investigations of Nyamuragira and Nyiragongo volcanoes (Democratic Republic of the Congo) using InSAR - by Sarah Colclough
- Cambridge University, Earth Sciences, Cambridge, CB2 3EQ, United Kingdom
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