La Montagne Pelée - photo Richard Fiske / Smithsonian 1977.
La Montagne Pelée :
C'est en 1635 que les premiers européens s'implantent en Martinique et notamment sur le site qui donnera naissance à la ville de Saint-Pierre. La Montagne Pelée vient de connaître une éruption avec mise en place d'un dôme dans le cratère sommital à partir duquel un certain nombre d'écoulements pyroclastiques se sont épanchés dans les vallées dont celle de la Rivière des Pères proche de Saint-Pierre. La végétation a été détruite sur une bonne partie des flancs du volcan et dans toute la zone sommitale, d'où probablement le nom de Montagne Pelée que les premiers habitants donnèrent à ce volcan.
La rade fort fréquentée de Saint-Pierre de La Martinique, avant l'éruption de 1902.
L'éruption de 1902 et la destruction de Saint-Pierre : résumé selon une description de l'IPGP.
Les premiers signes de réactivation de la Montagne Pelée se produisent dès 1889, avec l’apparition de fumerolles dans le cratère sommital de l’Etang Sec.
Mais ce n’est qu’en 1900 et surtout au début de l’année 1902, que le nombre et l’intensité des fumerolles augmente régulièrement jusqu’au 23 avril 1902, quand la première explosion phréatique se produit. De nombreuses explosions phréatiques se succèdent entraînant d’abondantes retombées de cendres sur le flanc ouest du volcan.
Le 5 mai, le lac qui occupait le cratère sommital de l’Etang Sec se déverse, suite à la rupture de son barrage naturel, dans la vallée de la rivière blanche, emportant les cendres accumulées sur le flanc du volcan. Il produit un lahar qui engloutit la distillerie Guérin située à l’embouchure de la rivière et fait les 23 premières victimes de l’éruption. Dans la nuit du 5 au 6 juin, les incandescences au sommet du volcan témoignent de l’arrivée du magma à la surface. Un dôme de lave commence à s’édifier dans le cratère.




C’est un total de 7 nuées ardentes comparables qui se succèdent jusqu’au 30 août 1902 et qui atteignent la ville de Saint-Pierre. On peut citer celle du 20 mai, qui parachève la destruction de la ville - comme en témoignent les nombreux blocs des habitations pris dans les dépôts - celles du 26 mai, du 6 juin et du 30 août. Cette dernière, dirigée à la fois vers l’ouest et vers le sud, détruit une partie de la ville du Morne Rouge, augmentant de 1000 le nombre des victimes. Cette nuée ardente clôture la phase paroxysmale de l’éruption. Ce sont environ 30 000 personnes qui périssent.
Les ruines fumantes de Saint-Pierre le 14 mai 1902 - courtesy of Cooper
W.G. / Spothern Methodist University - Central University Libraries - De Golyer Library.
Aiguille et dômes peléens :
La poursuite de l'activité jusqu'au début 1905 voit la croissance d'un dôme de lave visqueuse, ponctuée de nombreux écroulements de parties instables qui vont générer des coulées pyroclastiques dites d'avalanches, moins énergétiques que celles qui ont marqué la phase éruptive. Ces coulées seront drainées dans la vallée Blanche, qui sera partiellement comblée.
C'est au cours de cette période que va s'ériger la célèbre aiguille, piston de lave visqueuse de diamètre correspondant à celui du conduit d'alimentation : une cinquantaine de mètres.
Chronologie de cette construction peléenne:
- du 6 mai au 3 novembre 1902, le dôme croit à la vitesse moyenne de 2 mètres par jour
- du 3 au 24 novembre, une aiguille perce le dôme et monte jusqu'à 230 mètres, à une vitesse de 10-20 mètres par jour. Elle va s'écrouler entre le 25 novembre 1902 et le 6 février 1903, ne laissant qu'un vestige haut de 81 mètres.
- du 7 février au 6 juillet 1903, l'aiguille reprend sa croissance à la vitesse de 3 mètres par jour ... jusqu'à atteindre 265 mètres, sa hauteur maximale.
- du 7 juillet au 10 août 1903, une nouvelle période d'écroulement ne va laisser qu'une aiguille haute de 33 mètres.
A gauche, l'aiguille le 15 mars 1903.
A droite, l'évolution du dôme entre avril et septembre 1903.
Document de l'oeuvre d'Alfred Lacroix, La Montagne Pelée et ses éruptions - 1904.
Les nuées ardentes ont détruit plantations et forêts, ainsi que la ville de Saint-Pierre et recouvert le tout d'un manteau
grisâtre ... au sommet d la Montagne Pelée, se dresse les restes de l'aiguille, témoin de la puissance destructrice du volcan - Document M.H.N. Paris.
- du 10 août 1903 au 30 octobre 1905, plusieurs extrusions percent le dôme, pour s'ébouler aussitôt et ne laisser finalement qu'un dôme coiffé par des éboulis.
Le dôme de 1902 remplit une grande partie du
cratère de l'Etang sec - photo de Paul Kimberly / Smithsonian Inst. prise du Morne Macouba, au nord du sommet.
Après la crise de 1902-1904, une nouvelle manifestation éruptive intervient de 1929 à 1932. Ici encore, une importante activité phréatique précède l'arrivée du magma en surface. Lorsque ce dernier atteint le sommet du volcan, il édifie un nouveau dôme de lave visqueuse, à côté de celui de 1902. L'activité explosive, moins violente cette fois, ne génère aucune nuée ardente péléenne. Le dôme poursuit sa croissance et, devenu instable, il s'éboule régulièrement provoquant des nuées ardentes d'avalanches. Comme précédemment, elles s'écoulent dans la vallée de la rivière Blanche et finissent de la combler. Suite à cette éruption, la Montagne Pelée connaît une activité fumerollienne qui décline lentement. Les dernières fumerolles, localisées entre les deux dômes, disparaissent en 1970. ( source IPGP)
Le sommet de la Montagne Pelée est formé par le dôme de lave de 1929 - a droite, on apercoit le dôme de l'Aileron, datant de 7.750 avant JC- photo Paul Kimberly / Smithsonian Inst..
De gauche à droite, le dôme de l'Aileron (7.750
avant JC) puis le bord est de l'Etang sec et
le dôme de 1929 - photo de Lee Siebert / Smithsonian Inst / 2002.
