Vivre à Stromboli au début du 20° siècle n'était pas aisé: pas d'électricité, de l'eau collectée dans des citernes. Pas facile non plus d'élever sa famille, avec une économie basée sur une pêche artisanale et aléatoire : elle se pratiquait en barque, à la rame, et était fort dépendante des conditions de mer et de la saison. Thon, espadon , poulpes étaient destinés à être revendus en Sicile. En complément, un peu d'agriculture et de petit élevage : quelques pieds de vigne et d'oliviers, deux, trois chèvres.
Ramer se faisait "debout" à l'époque - photo archives 1952-53 sur le site de Stromboli on line, avec l'aimable autorisation de Marco Fulle
En 1900, Stromboli comptait 3.000 âmes ...50 ans plus tard, ils étaient moins de 600 habitants.
Les conditions de vie se sont détériorées suite aux problèmes économiques dus à l'unification italienne, la répétition des éruptions et des tremblements de terre et enfin au mildiou, qui dans les années trente détruisit la majorité des vignes.
Beaucoup de familles ont considéré, devant ces difficultés , l'immigration comme seule "planche de salut". Destination l'Australie, la Nouvelle-Zélande, les Etats-Unis, l'Argentine ... ou l'Italie toute proche.
L'affiche italienne du film "Stromboli" - document Bernard
Philippe.
L'île sera mise en lumière par le film de Roberto Rossellini : "Stromboli, terra di Dio".
Tourné sur place en 1949, avec comme vedettes Ingrid Bergman et Mario Vitale, ce film doit une partie de sa popularité à une éruption du volcan durant le tournage... et aussi à l'idylle entre l'actrice vedette et le réalisateur. Ce film dépeint bien les conditions de vie sur l'île de Stromboli au début des années 50.
L'histoire du film a été évoquée sur ce blog dans la rubrique "L'art sur les chemins du feu".
Les images de l'évacuation en barque de lîle pendant le tournage, suite à
une éruption, contribua au succès du film - Document Bernard Philippe.
Le succès du film lança le tourisme. Le flux touristique, qui constitue actuellement la principale ressource économique de l'île du Stromboli, fut jusqu'à la fin des années 1970, surtout représenté par des personnes à la recherche d'un environnement particulier, encore naturel et intègre, bien que privé des commodités. Dans les décennies suivantes, le manque de confort a commencé à se réduire et le tourisme a beaucoup augmenté, même s'il est globalement resté limité à la saison estivale. L'île est recherchée par ceux qui désirent la tranquillité , et sera avec Panarea la destination des V.I.P. durant quelques temps.
Les films de Tazieff et de Holzer contribuèrent à populariser le volcan et à développer des activités qui y sont liées, et qui amènent sur l'île des visiteurs qui se comptent chaque année par milliers ... l'été, l'île compte de 3 à 5.000 personnes, pour 500 résidents à demeure.
Ces résidents et des immigrants qui reviennent en visite sont attachés à l'île et à son volcan, qu'ils appellent "Idu" - "Lui" en sicilien - ... personnification du volcan avec qui ils vivent selon ses humeurs.
Maisons blanches à toit plat, plage de sable noir, et le volcan omniprésent... Stromboli.
© Frédéric & Carole Hardy
De nos jours le principal village habité, Stromboli, au nord-est de l'île, est formé par les quartiers de San Vincenzo (anciennement bourg des agriculteurs), Scari, San Bartolo, Ficogrande (anciennement bourg des armateurs) et Piscità près de la plage.
Au sud-ouest, il y a le village Ginostra seulement rejoingnable par un difficile sentier depuis le sommet, ou par la mer ; l'hiver il n'y réside qu'une dizaine d'habitants. Ginostra s'enorgueillit du titre de porto piu piccolo d'Italia (plus petit port d'Italie), les bateaux de ligne réalisent à chaque voyage un exploit pour y accoster et les marchandises étaient encore récemment transportées à terre à dos d'âne.
Ginostra et son minuscule port, rempli avec 2-3 barques
- photo sunsicily.com
Sources :
- Le blog de Bernard Philippe sur le film "Stromboli".
http://stromboli-film.skyrock.com
- Des photos d'archives, sur "Stromboli on line" confirment les dures conditions de vie de l'époque ... pas d'aliscaphe
pour rejoindre l'île, mais une barque et des rames maniés par des costaux aux visages burinés !