Excursion à La Fossa :
Vulcano - l'état de l'esplanade du débarcadère après le lahar ... l'auto a faillit finir dans la mer; il a fallu
deux jours pour tout déblayer au bulldozer. - © B.Duyck
Je suis arrivé en fin d'après-midi sur Vulcano, avec les nuages. La nuit s'est passée sous de violents orages; au matin, les rues basses étaient sous 15 cm. d'eau et un mini lahar avait fait descendre cendres et pierres du volcan jusque dans le port ... ascension compromise : nous avons dû attendre le feu vert d'un guide "arnaqueur", qui a profité de l'occasion pour augmenter ses tarifs, pour pouvoir enfin, vers 16 h., monter à La Fossa.
Vulcano - montée à La Fossa - une partie du chemin a été emportée par un lahar
(voir au niveau des personnages au centre ) - © B.Duyck
Après la montée dans les cendres en suivant le trajet supposé du chemin qui avait en partie disparu, emporté par le lahar, on accède à une zone de tufs rouge-rosâtre, représentant les éjections de Fossa II, au stade initial.
Vulcano - montée à La Fossa , zone de tufs rouge-rosâtre.
- © B.Duyck
Puis, arrivée sur des tufs noirs, correspondant à l'activité récente de ce même volcan.
Le cratère se découvre, sous un vent violent : des fumerolles habillent les lèvres est et nord, et sortent du cratère de quelques 500 mètres de diamètre. On aperçoit le fond, d'un diamètre de 200 mètres, encore perturbé par les pluies de la nuit précédente.
© B.Duyck
La traversée des fumerolles se fait, masque obligatoire, à l'endroit indiqué par le guide ... "chaud aux fesses", on ne s'attarde pas dedans !
"C'est LA ... qu'il faut passer !" - © B.Duyck
Eric Reiter précise dans un article sur "les minéraux fumerolliens de Vulcano" que : "La composition chimique des gaz (et donc des fumerolles) dépend en grande partie de leur température :
- Jusqu’à 100°C, les fumerolles sont constituées d’eau et de gaz carbonique
- Entre 100 et 300°C, le composant majoritaire est l’eau mais elle est accompagnée d’acide borique, de gaz carbonique, de
méthane, d’hélium, d’argon, d’ammonium, et de sulfure d’hydrogène
- Entre 300 et 500°C contiennent de l’eau, de l’hydrogène sulfuré, du dioxyde de soufre, de l’hydrogène et de l’acide
chlorhydrique
- Au dessus de 500°C, les fumerolles sont dites sèches car elles ne contiennent plus d’eau. Leurs constituants sont alors
l’hydrogène, le dioxyde de soufre, le fluor et le chlore."
Les températures des fumerolles ont beaucoup varié dans le temps avec des pics observés en 1920, 1930 et 1945. Quelques
exemples : en 1924, 624°C - en 1934, 465°C - en 1972, 210°C - en 1989, 550°C - entre février 1995 et décembre 1996 : entre 400 et 500°C. - en 2004, 500°C (Krafft - Reiter - GNV)
L'examen de l'intérieur du cratère se fait toujours sous surveillance : tous les états du soufre sont ici visibles, monoclinique, en bloc, liquide, différents sulfures. Les magnifiques petites aiguilles jaunes sont malheureusement intransportables ... et le réalgar - sulfure d'arsenic - aussi ... j'ai dû éjecter vite fait un morceau que j'avais mis en poche, transformé pour part en acide sulfurique sous l'effet de l'humidité. (prenez des boites plastiques pour échantillonner)
Vulcano - cratère de La Fossa - évent coloré par le soufre - © B.Duyck
Vulcano - cratère de La Fossa - le réalgar colore les dépôts
de soufre en orangé - © B.Duyck
Vulcano - cratère de La Fossa - bloc de soufre - © B.Duyck
Les éruptions vulcaniennes projettent des fragments de lave déjà consolidés ou très visqueux, qui forment ces bombes "en croûte de pain". La croûte, formée lors de la trajectoire atmosphérique, se craquelle sous l'effet de la sortie des gaz contenus dans la lave. La plupart des bombes sont de composition trachytique à plagioclase et olivine.
Il est interdit de descendre dans le fond du cratère, en raison des concentrations mortelles
en dioxyde de carbone, gaz inodore et "lourd", qui s'accumule dans la dépression.
Vulcano - cratère de La Fossa - bombe en croûte de pain (hauteur 50-60 cm.), éjectée lors de la dernière éruption - © B.Duyck
Sur le flanc nord de La Fossa, une coulée d'obsidienne rhyolitique, la coulée "Pietre Cotte" date de l'éruption de 1731-39. La haute viscosité de cette coulée ne lui a pas permis de s'étendre jusqu'à la base du cône; le front de la coulée présente de nombreux microplissements.
Obsidienne rhyolitique de Vulcano - © B.Duyck
Descendre du cratère se fait par deux voies : le même chemin qu'à la montée, ou directement en "surfant" sur les cendres du flanc occidental.
Fin de journée sur les Eoliennes, du sommet de La Fossa, à l'avant-plan.
De gauche à droite : Filicudi, Salina, Lipari - © Frédéric & Carole Hardy
Sources :
- Guide des volcans d'Europe et des Canaries - M.Krafft & de Larouzière.
- Documents INGV - Instituto Nazionale di Geofisica e Vulcanologia & GNV - Gruppo Nazionale per la Vulcanologia, reçus au
Centro GNV "Marcello Carapezza" de Vulcano.
- Terre et volcans - les minéraux fumerolliens de Vulcano - lien
- Spectro-sciences : les fumerolles - E.
Reiter
- Réalgar - mindat.org