Ténérife, l'île principale de l'archipel des Canaries, offre une grande diversité de paysages et de curiosités naturelles : plages de sable blanc ou noir, végétation exubérante et bananeraies, champs de lave dominés par la silhouette du Pico del Teide, forêts de pins et laurisylve ... rien ne semble manquer à ce triangle volcanique paradisiaque, fortement attaché à ses racines Guanches.
Toponymie :
Ténérife est un toponyme d'origine berbère (Amazighe) Tin Irifi, signifiant "l'endroit de la soif".
Les romains l'appelaient Nivaria, dérivé du latin "nieve"- neige, faisant clairement référence à la couverture neigeuse du Teide. D'autres dénominations datent des 14 et 15° siècles et rappellent l'activité volcanique de l'île : Isla del Infierno - île du Diable.
Le volcan est en partie responsable du nom de l'île donné par les natifs du lieu : Tene - montagne et Ife - blanc ... ce qui rejoint la dénomination latine; plus tard l'hispanisation ajouta un "r" pour joindre les deux mots.
Quoi qu'il en soit, toutes ces dénominations illustrent bien l'endroit !
Formation de l'île :

Les stratovolcans El Teide (prononcez "té-i-dé") et Pico Viejo sont les centres de l 'activité volcanique les plus récents sur Ténérife. Cette île de 2058 km² culmine à 3718 m. et possède une histoire volcanique complexe.
La formation de l'île et le développement du Teide peuvent se résumer en cinq grandes phases.

Phase un : sous l'action d'un point chaud intraplaque (*), le magma a percé la plaque africaine et déclenché des éruptions sous-marines à l'origine de la naissance de trois volcans à la fin du Miocène. Formés il y a 7 Ma, ces volcans boucliers forment la "série des anciens basaltes" et portent comme noms : Macizo de Teno, Macizo de Anaga et Macizo de Adeje. (aussi appelé Roque del Conde)
(*) :La théorique la plus récente met en jeu une vaste anomalie thermique sous une zone qui s'allonge de l'archipel canarien au rif du Maroc septentrionale. L'alignement NE-SO des nombreuses failles et des épicentres sismiques, s'égrenant du Maroc à La Palma, soutiennent cette hypothèse.
Ils ont été construits en moins de 3 Ma; ces structures sont actuellement érodées et gisent sous les extrémités ouest, est et sud de l'île triangulaire.


Situation intermédiaire stade 1 & 2 Période de repos.
Phase deux et trois : Après la période juvénile, suit une ère de relatif repos et d'érosion qui dure 2-3 Ma.
Ensuite l'activité se concentre en deux zones : le massif d'Anaga et le volcan Las Canadas central qui pourrait avoir atteint des proportions considérables : 40 km. de diamètre et une hauteur de 4.500 mètres.
Phase quatre : Il y a environ 160 à 220.000 ans, le sommet du volcan Las Canadas I s'effondre créant une vaste caldeira Las Canadas.
Deux théories coexistent quant à la formation de cette grande caldeira de 16 km. sur 9. La première, théorie classique de formation caldérienne, se réfère à un collapsus vertical du volcan après vidange de sa chambre magmatique suite à un large volume d'éruptions explosives.
La seconde fait référence aux mécanismes décrit sur Hawaii : la caldeira se serait formée suite à une série d'effondrements latéraux gravitationnels. Cette seconde hypothèse se fonde sur des observations terrestres et des études géologiques marines.
Ensuite, un stratovolcan, Las Canadas II se forme avant de subir un sort identique au premier. Son emplacement serait voisin de Guajara.
Las Canadas III et IV se forment ensuite dans le secteur Diego Hernandez de la caldeira.


Phase 3 : Las Canadas Activité post-effondrement
Phase cinq :
- il y a 1 Ma, la Cordillera dorsal voit le jour suite à une activité fissurale; ses mensurations : 25 km. de long et une hauteur de 1.600 mètres.
- il y a 800.000 ans, deux glissements de terrain gravitationnels se produisent donnant naissance aux actuelles vallées La Orotava et Güimar
- il y a 200.000 ans, des éruptions débutent dans la zone Pico Viejo-Teide, dans la caldeira Las Canadas, au centre de l'île.

illustrent des étapes "intermédiaires" par rapport au schéma de base.
Point de vue sud-ouest.
Le vieux massif d'Anaga :
Il abrite la laurisylve de Ténérife, relique florale préhistorique et les roches volcaniques les plus anciennes. Le vieux massif est constitué d'une superposition de coulées basaltiques alternant avec des pouzzolanes, recoupées d'un réseau dense de dykes de roches basiques.


Cette étrange formation nait quand la lave forme une intrusion plus ou moins cylindrique. Le refroidissement par la périphérie du cylindre entraine la formation de prismes perpendiculaires aux parois du cylindre (radiales) et dessine cette "rosace".
Pour suivre : Le Pico del Teide, après le week-end.
Sources :
- Guide des volcans d'Europe et des Canries - M.Krafft et F.D.de Larouzière.
- images de la Societad Geologica Canaria
- Planet terre - rosaces d'orgues - lien
- AVCAN - Actualidad Volcanica de CANarias