Biodiversité - endémisme - archaïsme :
Madagascar, l'île- continent, figure parmi les 10 hot spots de la diversité biologique mondiale et possède l'un des écosystèmes les plus riches du monde. Elle est caractérisée actuellement par la grande diversité de sa topographie, de ses paysages et de son climat, a favorisé une différenciation très remarquable de ses espèces végétales et animales dans des habitats naturels très diversifiés.
Au fil du temps, la Grande Ile est devenue un refuge exceptionnel pour les descendants d’espèces archaïques maintenant disparues des continents africain et asiatique avec lesquels elle était reliée à certaines périodes de son histoire géologique.
Les estimations sur le taux d’endémisme au niveau des espèces varient entre 81 et 86%. En fait, ce taux peut être encore plus élevé lorsqu’on considère certains groupes taxinomiques ou certains types biologiques : 100% chez les Pachypodium, 97% pour les Palmae et 91% pour les Cyatheaceae ; 7 espèces typiquement malgaches de Baobabs (Adansonia, Bombacaceae) pour 1 seule espèce connue sur le continent africain.
Adansia grandidieri - Baobab - l'allée des baobabs de Morondava est un endroit
magique.
Les pistes en latérite contrastent avec le vert des plantes environnantes. C'est cette latérite qui donne à Madagascar son sobriquet "d'île rouge".
Malgré tous ses avantages, la nature de Madagascar se limite de plus en plus aux zones difficilement accessibles, ou aux parcs et réserves naturelles.
La flore :
La flore malgache actuelle est marquée par la persistance d’espèces ou de genres très archaïques du Gondwana appartenant à des familles seulement connues à l’état fossile sur les autres continents, surtout en Afrique. Un grand nombre d’exemples témoigne de l’existence d’Angiospermes très primitifs du Crétacé à Madagascar : Takhtajania (Winteraceae) ; Ascarina (Chlorantaceae) ; Cinnamosma (Cannellaceae) ; Voanioala, Ravenea (Palmaceae) ; Beilschmiedia, Cryptocarya (Lauraceae) ; Dicoryphe (Hamamelidaceae).
Les Pachypodium, espèce 100% endémiques, sont caractérisés par
- un tron pachycaule, au pied morphologiquement élargi pour stocker l'eau nécessaire à la survie en cas de secheresse
- la spinesence, le port de feuilles transformées en épines qui vont canaliser l'humidité et la récupérer au dépens de rosées ou de brouillards.
Pachypodium Rosulatum gracilius - ancré dans une anfractuosité rocheuse peu apte à retenir de l'eau ... d'où ses adptations à la sécheresse. - photo B.Gagnon
Au bout de l'allée des
baobabs, en retrait dans une clairière, les "baobabs amoureux" ... arbres fusionnels - Photos treakearth.
Les baobabs sont eux aussi adapté à la sécheresse, avec leur
tronc gonflé et gorgé d'eau, qui est stockée dans un tissu spécial, le parenchyme aquifère. Ces géants, atteignant 30 à 40 mètres de haut, ont l'aspect "d'arbres plantés à l'envers"... comme
disent les malgaches, "l'arbre sens dessus dessous" ou encore l"arbre de vie", "l'arbre pharmacien". Arbre de vie, à cause d'une exceptionnelle longévité ... elle n'est pas quantifiable par
dendrochronologie, et une des seule datation faite au C14 a fait estimer sa durée de vie à plus de 1.000 ans. Il tient une place dans les cultures et croyances
autochtones.
La faune, très riche et comportant 80% d'endémiques, se caractérise par l'absence de grands mammifères et l'abondance de lémuriens, de camaléons, sans compter une avifaune colorée.
Les lémuriens sont inféodés à la Grande Ile; ils sont à protéger car, selon la dernière liste de l'UCN, 63% des espèces malgaches sont menacés d'extinction.
Trois espèces parmi les 71 possibles, pour les avoir examinées sur le terrain : l'élégant Propithèque de Verreaux, au pelage blanc auréolé d'une couronne brune, l'Indri, blanc et noir aux yeux verts et aux vocalises puissantes, et le turbulent et attachant Eulémur fauve.
Propythèque de Verreaux - en malgache : Sifaka - réserve de
Kirindy
Ce propythèque vit selon les sous-espèces dans des forêts ombrophiles à sèches; son habitat est menacé par la déforestation, principalement pour la confection de charbon de bois.
Indri - en malgache : Babakoto - réserve du Périnet.
Le plus grand lémurien de Madagascar, il est diurne et vit essentiellement en hauteur dans les arbres. Il vit en petite troupes, qui communiquent par des cris puissants s'entendant à des kilomètres.
Son nom malgache, "babakoto", signifie "le fils du père" ... la légende raconte qu'un indri
sauva un enfant et son père. Ils étaient venus cueillir du miel en forêt; le père était grimpé avec l'enfant, le laissant sur une branche. Il chuta de l'arbre, laissant l'enfant en hauteur.
alerté par ses cris, un indri se chargea de le redescendre, lui permettant d'aller au village chercher des secours pour son père blessé et immobilisé. A dater de ce jour, chasser l'indri est
"fady" , interdit !
Eulémur fauve - en malgache : gidro - réserve des tsingi de Bemaraha
Une anecdote pour celui-ci : lors du séjour dans les tsingis, une jeune femelle eulémur "apprivoisé" s'est entiché de notre groupe et a fini par ne plus vouloir lâcher un compagnon de voyage, à tel point qu'il a été obligé de prendre sa douche avec le lémurien sur l'épaule, et qui lui lèchait le savon... il se prénommait "secotine", nom prédestiné !
Quelques caméléons, de toutes couleurs, de toutes tailles:
De gauche à droite et de haut en bas, Furcifer pardalis, caméléon d'Oustalet, Furcifer minor et Furcifer pardalis.
Ces insectivores, aux yeux indépendants, sont particulièrement placides ... quel bonheur de pouvoir aller en pirogue, en prélever un du bout de la pagaie, de le voir se mouvoir tout en lenteur, et le remettre dans son biotope après quelques minutes d'observation.
Le principal responsable de la déforestation : le charbon de bois, vendu le long des routes en petits sachets.
Un des gros problème de Madagascar est la déforestation, qui morcèle et détruit les habitats; elle est pratiquée à des fins de culture bien sûr, mais surtoiut pour produire du charbon de bois, seule énergie "accessible" aux malgaches. La promotion récente de fours solaires va améliorer cet état de choses.
Un effort d'éducation des populations, non seulement général, mais aussi dans le domaine de la protection de la nature, est primordial ; couplé à une meilleure redistribution des richesses, et une coruption moindre, ceci devrait rendre plus heureux ce peuple "toujours souriant" !
Sources :
- Guide des oiseaux de Madagascar - Olivier Langrand - éd. Delachaux & Niestlé
- Mammals of Madagascar - Nick Garbutt - Pica Press
- Baobab, l'arbre-pharmacien, l'arbre de vie - FuturaSciences