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Earth of fire

Actualité volcanique, Articles de fond sur étude de volcan, tectonique, récits et photos de voyage

Publié le par Bernard Duyck
Publié dans : #Mythes et légendes.

 

Vesuvius_from_Pompeii.jpg

                                    Le Vésuve, vu de Pompéï - doc. Wikipedia


" C'est à l'Etna et au Vésuve que christianisme et volcanisme s'imbriquent le plus intimement ! " dixit Maurice Krafft, dans le chapitre "Les saints protecteurs d'éruptions" in "Histoires de volcans".

A Naples, toute grosse éruption du Vésuve entraîne une procession religieuse avec sortie des reliques de saint Janvier de Télévent (San Gennaro de Televento).


En 1660, le saint signale sa présence en faisant pleuvoir des petites croix noires sur les villages environnants le volcan ... miracle !

Il s'agissait en fait de macles de pyroxène, arrachées au magma et projetées hors du cratère.  { Une macle est une association de 2 ou plusieurs cristaux de même nature, orientés différemment mais toujours suivant des règles cristallographiques rigoureuses. }


Hamilton---Vesuve-1767.jpgUn des premiers volcanologue, Lord Hamilton, utilise le registre de sorties des processions pour dater les éruptions passées du volcan; c'est ainsi qu'il nous raconte que lors de la grande éruption du Vésuve en octobre 1767, les cendres tombent sur la ville de Naples durant deux jours, recouvrant maisons et bateaux en mer de scories. La population des environs manifeste devant l'évêché pour que l'on sorte les reliques de San Gennaro; dès que celles-ci sont présentées au volcan, la fontaine de lave isue du cratère s'arrête de jaillir. Alexandre Dumas, qui a longtemps vécu à Naples et s'y est passionné pour l'histoire et les tarditions locales, écrit dans Le Corricolo : "Tout à coup, la statue de marbre de saint Janvier, qui se tenait à la tête du pont (le pont de La Maddalena) les mains jointes, détacha sa main droite de sa main gauche, et, d'un geste suprême et impératif, étendit son bras de marbre vers la rivière de flammes. Aussitôt le volcan se referma; aussitôt la terre cessa de frémir; aussitôt la mer se calma. Puis la lave, après avoir fait encore quelques pas, sentant la source qui l'alimentait se tarir, s'arrêta tout à coup à son tour. Naples était sauvée ! "

Aujourd'hui encore, la statue de San Gennaro veille, le bras levé face au volcan, à l'extrémité du pont.

 

San Gennaro sortira encore, aux signes de la prochaine éruption du Vésuve ... c'est d'ailleurs cette croyance aveugle qui permet aux napolitains de ne pas prendre trop au sérieux les avertissements des volcanologues concernant un réveil futur des volcans qui menacent la ville.

 

La légende de Saint Janvier :

Gennaro serait né vers 270 à Napoli et serait le descendant d’une ancienne famille romaine patricienne, la Gens Januari. Il aurait été ordonné prêtre puis élu évêque de Benevento en 302.

Vers 303-304, au début de la grande persécution de Dioclétien, deux de ses diacres furent arrêtés et jetés dans les prisons de Cumes par Dragontius, proconsul deCampanie.

En 305, Dragontius fut rappelé à Rome et remplacé par Timothée et les chrétiens emprisonnés à Cumes furent relâchés.

Apprenant cette libération, Gennaro, qui avait partagé la douleur des prisonniers, quitta son diocèse pour venir partager leur joie. Ils se rejoignirent dans une église aux environs de Pozzuoli et l’évêque y célébrait la messe quand il se fit au-dehors un grand bruit, suivi d’un long silence : une voix lisait le décret de persécution de Dioclétien que Timothée avait remis en vigueur.

Timothée arrêta l'évêque à Nola; condamné à mort à l’issue d'un interrogatoire, l'évêque sortit indemne du bûcher où on l’avait précipité ; il fut alors fouetté au sang et jeté en prison avec Sosius, Proculus, Eutyche, Acuce, Festus et Desiderius. Puis les sept condamnés furent menés à l’amphithéâtre de Pozzuoli pour être donnés en pâture aux fauves mais les lions, les tigres et les hyènes, bien qu’affamés, se couchèrent à leurs pieds… Timothée, pris d’un coup de sang, en perdit la vue mais Gennaro la lui rendit… Devant ce miracle, cinq mille des trente mille spectateurs présents demandèrent à être baptisés par le futur saint ; Timothée, quelque peu agacé, ordonna alors qu’on coupe la tête de Janvier, Proculus et Sosius et rentra dans son palais à Nola.

Gennaro fut décapité en 305; la nuit suivant le martyre, une parente recueillit du sang de l’évêque martyr avec une éponge, comme il était d’usage à l’époque, et en remplit les deux fioles qui avaient servi à Janvier à célébrer sa dernière messe puis elle emmena les ampoules chez elle, à Antignano à Naples. Un aveugle de Pozzuoli à qui saint Janvier avait rendu la vue à l’issue de son martyr récupéra la tête, le corps et le doigt du martyr et les plaça dans un coffre qu’il emmena à l’Agro Marciano (Fuorigrotta) à Naples ; puis, le corps fut ultérieurement transféré dans la catacombe dite de saint Janvier, toujours à Naples.

 

san-gennaro-miracolo_1252401379.jpg                    La sainte ampoule lors d'une procession -


Le miracle de Saint Janvier :

La légende du saint raconte qu’à Antignano, le samedi précédent le 1er jour de mai du début du IVe siècle, lors du transfert de son corps vers sa catacombe, le sang se liquéfia lorsque les deux ampoules contenant le sang desséché furent approchées de sa dépouille par sa parente. Ce phénomène a ensuite été attesté pour la première fois à Naples le 17 août 1389.

Le « miracle » de la liquéfaction du sang de saint Janvier est célébré habituellement trois fois par an :

- le samedi précédant le premier dimanche de mai, date anniversaire du transfert de la dépouille du saint de Fuorigrotta dans sa catacombe à Capodimonte, au début du IVe siècle, où le phénomène se produisit pour la première fois.

- le 19 septembre, date anniversaire du martyre.

- le 16 décembre, date anniversaire de l'éruption du Vésuve e1631, qui fit 4.000 morts mais épargna la ville de Naples.

La liquéfaction du sang de saint Janvier fait l’objet d’une cérémonie au Duomo San Gennaro : le sang, contenu dans les deux ampoules hermétiques disposées dans une châsse fait l’objet d’ostensions, face à la foule. La cérémonie se déroule en présence de l’archevêque de Naples, de personnalités de la région et de milliers de fidèles massés dans la cathédrale et sur son parvis.

Généralement au cours des ostensions, le sang se liquéfie - ou même parfois entre en ébullition - en changeant de couleur et de volume (du simple au double), puis les reliques sont précieusement remises sous clefs.

Si le sang se liquéfie rapidement, c’est le signe que Naples bénéficiera de toutes sortes de bénédictions et c’est la liesse générale dans la ville. Par contre, si le sang tarde à se liquéfier ou ne se liquéfie pas, c’est signe de malheurs à venir pour la ville et le moral des Napolitains s'en ressent, ce qui se comprend.


La liquéfaction du sang de saint Janvier constitue un sujet de controverse : ce n’est pas un miracle véhiculé par une simple tradition orale et auquel on ne peut apporter ni preuve, ni démenti mais au contraire un phénomène bien matériel qui se produit plusieurs fois par an, depuis des siècles et sur demande. De nombreuses hypothèses - dont la Thyxotropie - ont été jusqu'à présent émises, sans satisfaire complètement ! ... mais ceci est une autre histoire.

 

 

Sources :

- Les feux de la terre, histoires de volcans , par Maurice Krafft - Découvertes Gallimard.

- Des volcans et des hommes , par J.Durieux et Ph. Bourseiller. - Ed. de la Martinière.

- La légende de saint Janvier, par A.Dumas - Corricolo 1843 / site de Dominique Decobecq - lien

- Portanapoli - La festa di San Gennaro

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C
Dans mon article sur la procession des Saints Patrons à Naples le 2 mai dernier, j'ai cité votre blog<br /> à l'adresse suivante:<br /> http://napolipole.blogspot.com/2015/05/naples-la-liquefaction-du-sang-de-san.html<br /> Bonne soirée <br /> Christine
Répondre
A
Merci Bernard, cela nous touche beaucoup <3
B
Merci ... votre blog est sympa !

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