Il y a quelques 120 millions d’années, une masse importante de granit a percé la croûte terrestre et fait intrusion dans le sous-sol du nord de l’actuelle Namibie.
Connue comme "Dâures " ou montagne brûlante par les Namibiens, elle est aussi appelée massif du Branberg, par les Afrikaners… en raison de son apparence au coucher du soleil ; ce phénomène est du au feldspath, un composant du granit, qui peut prendre une teinte rouge sang.
Le point culminant atteint 2.573 mètres au "Königstein", pour une masse d’environ 650 km², ce qui en fait la plus haute montagne du plus vieux désert de la planète.
Namibie - Le Brandberg, intrusion granitique mise à jour par l'érosion - photo Voyage nature Namibie
Le Königstein, point culminant du Brandberg, arbore des teintes rosées qui passeront au rouge sang au coucher du soleil - photo
Mariusba.
Cette intrusion a jailli par une cheminée volcanique de 25 km. de diamètre , puis a été exposée par l’érosion après la rupture du Gondwana et la séparation des continents américain et africain.
La datation à 120 Ma coïncide avec la période d’extinction massive des dinosaures ; au nord du Brandberg, dans "la forêt pétrifiée", on retrouve des exemplaires fossilisés de conifères, long de 30 mètres, signes de la couverture végétale extensive et d’un environnement humide. Dans la même zone, on retrouve des traces de tillite, laissée par un retrait d’énormes glaciers, couvrant le sud africain au début de l’ère Karoo.
Le désert du Karoo s'est formé il y a deux à trois cents millions d'années. Une brusque montée des eaux recouvrit alors ce qui était une forêt tempérée. Après avoir été un marécage à l'époque des dinosaures, le Karoo est de nos jours une région aride, presque totalement privée d'eau en surface à l'exception de brèves périodes où les orages gonflent les rivières asséchées accélérant alors l'érosion.
Le Brandberg - Burning mountain - vu de l'espace - photo Nasa
Lors d'une seconde étape, intervenue il y a 130 millions d'années, une éruption volcanique recouvrit la région de lave basaltique ; la couche de basalte atteint par endroit 800m. d’épaisseur …on en retrouve des restes qui forment les monts Goboboseb, à 35 km. au sud-ouest du Branberg.
Des couches horizontales de basalte et des dykes de dolérite sont une évidence du développement géologique complexe du Branberg.
Un anneau de roches sombres aux parois abruptes enserre l’intrusion granitique : la chaleur générée par l’épisode volcanique a cuit et durci les roches du Karoo qui sont visibles comme une série de terrasses sombres autour du Brandberg et près du sommet.
Une inclinaison de ces roches vers l’intérieur indique que la masse granitique s’est d’abord élevée puis s’est abaissée … une subsidence a suivi l’intrusion.
Fresque de la Dame Blanche - la partie de droite est "interprétée ci-dessous - d'après une photo
Harald Süpfle
Fresque de la Dama Blanche - dessin interprétatif - doc. Messir
Le peuplement humain de la région du Brandberg est très ancien : au pied de la montagne, on retrouve des zones recouvertes d’artefacts datant du milieu à la fin du Pléistocène, soit environ 500.000 ans. Les produits érosifs se sont mêlés à ceux laissés par l’occupation humaine.
La montagne elle-même ne montre que des sites pus récents, datés des derniers 10.000 ans, incluant un grand nombre d’endroits avec des peintures rupestres. La concentration des sites dans cette montagne est justifiée par des conditions climatiques plus arides à l’époque ; chaque zone de peuplement est centré sur un ou plusieurs grands sites de peintures rupestres, montrant des détails de la vie culturelle quotidienne et des célébrations.
Ces communautés de chasseurs n’étaient pas isolées … des coquillages et pierres insolites retrouvées témoignent de mouvements et d’échanges avec d’autres populations.
La "fresque de la Dame blanche", datée de 4.000 ans, a été découverte en 1918 par le géologue et explorateur allemand Reinhard Maack alors qu'il explorait le massif du Brandberg. Il fut, d'après ses dires, particulièrement impressionné par la figure centrale, qu'il décrivit comme étant un "guerrier".
Les notes écrites par Maack furent reprises par l'abbé et anthropologiste Henri breuil alors qu'il était en visite au Cap. C'est alors que l'appellation Dame blanche fut trouvée, en référence au personnage central, qui, selon Breuil lui-même, allait le hanter pendant plusieurs années.
Cette fresque est peinte sur un pan de rocher de 5,5 m x 1,5 m. et est une œuvre des bochimans, comme toutes les nombreuses autres peintures qu'on leur a attribué dans le Brandberg, mais aussi dans tout le Damaraland.
On considère généralement que cette fresque reproduit une sorte de danse rituelle, et que la Dame Blanche n'est autre qu'un chaman, peut-être celui qui a peint cette fresque. Cette dame blanche serait en fait un homme, car on peut voir un pénis dessiné. Ce serait un chaman, car couleur blanche de son corps représenterait des peintures rituelles, et il arbore également des décorations corporelles. Il tient dans ses mains un arc et un calice. À cause de la présence des animaux, notamment les oryx, et de l'arc du chaman, on a longtemps pensé que cette peinture représentait une scène de chasse. Mais comme le chaman est la seule figure humaine clairement représentée, toutes les autres étant réduites à de simples silhouettes, l'hypothèse de la danse rituelle ou du produit d'une transe chamanique est plus courante. Cette hypothèse de la transe est d'autant plus plausible qu'un des oryx a des jambes humaines.
Sources :
- Journal of Petrology - etendeka volcanism of the Goboboseb mountains and Messum Igneous complex ... - link
- Minéraux des Goboboseb mountains - link