Le fait que les très puissants tremblements de terre peuvent déclencher une augmentation de l'activité des volcans proches de l’épicentre a été mis en évidence statistiquement par des scientifiques de l'université d'Oxford. (11.2008)
Une analyse des évènements volcaniques au Chili Méridional a prouvé la survenue de jusqu'à quatre fois plus d'éruptions volcaniques au cours de l'année suivant de très puissants tremblements de terre par rapport aux autres années.
Cette augmentation subite d’activité volcanique peut impliquer des volcans jusqu'à au moins 500 kilomètres de l'épicentre d'un tremblement de terre.
Jusqu'à ce jour, les scientifiques avaient identifié quelques cas où les éruptions volcaniques suivaient de très puissants tremblements de terre. Cependant il avait été difficile de prouver statistiquement que de tels séismes étaient responsables d'une augmentation du nombre d'éruptions. Jusqu’ici, cette corrélation spatiale était plutôt mise sur le compte d'une coïncidence.
La partie la plus inattendue de cette découverte est la distance considérable séparant l’épicentre du tremblement de terre et l’endroit du déclenchement de ces éruptions ainsi que la période durant laquelle l’augmentation de l’activité volcanique a été observée.
Ces résultats statistiques suggèrent que les ondes sismiques, rayonnant à partir de la zone de rupture sismique, peuvent déclencher une éruption en agitant ou en secouant la roche en fusion sous les volcans. Les perturbations résultantes conduisent à l’éruption. Cependant, en raison de la période durant laquelle la pression à l’intérieur de l’édifice volcanique augmente graduellement et de la durée d’ascension du magma vers la surface, une éruption peut se produire seulement quelques mois après le tremblement de terre.
Sebastian Watt, un étudiant du département des sciences de la terre
d’Oxford, a examiné les évènements d’éruption volcanique et de tremblement de terre au Chili Méridional où, en 1835, Charles
Darwin avait suspecté, pour la première fois, un lien entre les tremblements de terre et les éruptions. Sur base de l’analyse soigneuse des évènements historiques, il a découvert que l'activité
volcanique a augmenté durant environ une année après chacun des tremblements de terre les plus puissants du Chili Méridional au cours des 150 dernières années.
Les volcans impliqués, dans un rayon de 500 km de l’épicentre sismique, comprenaient des volcans actifs et en sommeil. Les deux grands tremblements de terre chiliens de 1906 et 1960 (le plus puissant jamais enregistré) furent chacun suivis par l’activité de 6 ou 7 volcans, une augmentation significative par rapport au taux moyen d’activité éruptive durant environ 1 année.
Sebastian Watt avait déclaré : "ce travail est important parce qu'il prouve que le risque d'éruption volcanique augmente nettement après de grands tremblements de terre dans certaines régions du monde, telles que le Chili, particulièrement affecté par ces deux phénomènes naturels. Si tout va bien, nos résultats pourraient aider les gouvernements et agences de ces régions afin de mieux évaluer les risques volcaniques en soulignant le besoin de porter une attention accrue sur l'activité volcanique qui se produit après de grands tremblements de terre."
Eruption du Llaima le
04.04.2009 - photo Onemi.
Le tremblement de terre du 27 .02.2010 s'est passé dans la même section de faille qui a causé le séisme observé par Darwin en 1835.
David Pyle, de l'université d'Oxford, déclare que tous les moyens satellites de mesure de température et de déformation des sols seront utilisés pour surveiller tout l'arc volcanique, depuis le volcan Llaima au sud jusqu'au Tupungatito au nord. "En ce qui concerne les volcans déjà actifs, nous pourrions voir une augmentation des explosions gazeuses, mais nous ne nous attendons pas à ce qu'ils présentent un danger sensiblement augmenté", dit-il.
Donc même s'il existe une corrélation entre les séismes majeurs et une augmentation des éruptions
volcaniques, il n'y a pas nécessairement une menace additionnelle grave pour les populations vivant dans ces zones de subduction active.
Pour mémoire, le Sernageomin a placé le 11 février le Chaiten en alerte rouge, et le Llaima en alerte jaune - niv.3.
Sources :
- NewScientist - article du 01.03.2010 par K.Ravilious.
- The influence of great earthquakes on volcanic eruption rate along the Chilean subduction zone - 01.11.2008 - Science direct.