A proximité de la ville de Beppu, se trouve la réserve forestière du Mont Takasaki, qui abrite plus de 1500 macaques japonais. Ils y sont nourris régulièrement par des gardiens pour éviter qu’ils ne quittent la montagne et engendrent des conflits de voisinage avec les résidents et les fermiers.
Complexe volcanique Tsurumi : de gauche à droite, le Mt. Takasaki, le Yuku-dake et le Tsurumi - photo
Mount Takasaki.
Le macaque japonais – Macaca fuscata - est le singe le plus septentrional de la planète. Il fréquente les forêts mixtes de feuillus et de conifères des montagnes du Japon à proximité des sources thermales indispensables à sa survie en hiver. On le trouve surtout sur les îles de Honshu, de Shikoku et Kyushu. Les populations les plus nordiques de la sous-espèce Macaca fuscata fuscata se sont installées sur la péninsule de Shimokita.
Macaques japonais à l'épouillage - la couleur de la face varie selon l'âge des individus - Mt. Takasaki /Beppu - photo © Antony Van Eeten 2012
Les macaques se regroupent en soirée pour se réchauffer
- photo © Antony Van Eeten 2012
Ce cercopithèque, grégaire et social, vit en bandes de plusieurs dizaines d’individus.
Grâce à une adaptation spécifique unique dans le monde animal, il est capable de supporter des températures pouvant descendre jusqu’à -20°C. La nuit, ces singes se rassemblent et se serrent les uns contre les autres pour se réchauffer. Ils complètent cette résistance au froid en se plongeant dans les sources chaudes dès que la température extérieure chute sous 5°C. … et ne se refroidissent pas en sortant brusquement des eaux chaudes (40-60°C), car leur poil épais ne se mouille qu’en surface et sèche rapidement, ce qui leur permet de garder la chaleur interne.
Nakano - des
macaques dans la source chaude Jigokudani - photo Portfolio Le Soir
Le pied ! un épouillage dans un bain
chaud et fumant - photo French.China.org.cn
Le singe tient une place importante dans la mythologie japonaise et est
souvent mis en scène dans des représentations théâtrales et dans certaines célébrations, dont la fête religieuse O-Bon (festival bouddhiste japonais honorant les esprits des ancêtres) ou les masques tengu (dieux mineurs du folklore japonais) dont l’un représente la face rouge du macaque, jouent un rôle essentiel. Les Fils du Soleil levant qui vénèrent leur symbole, le nomment " nihon saru ", ce qui signifie tout simplement singe japonais.
Nikko - Temple Shinto Tosho-Gu - Mizaru, Iwazaru et
Kikazaru, les singes symbolisant la sagesse - photo MichaelMaggs.
Le macaque japonais a été choisi pour représenter les singes de la sagesse. Ces derniers sont un symbole représenté par trois primates, dont chacun se couvre une partie différente du visage avec les mains : le premier se couvre les yeux, le deuxième la bouche et le troisième les oreilles. À eux trois, ils forment une maxime picturale : " Ne rien voir de mal, ne rien entendre de mal, ne rien dire de mal ". À celui qui suit cette maxime il n’arrivera que du bien. Ces trois macaques sont nommés Mizaru (l’aveugle), Iwazaru (le muet) et Kikazaru (le sourd). L’une des plus anciennes représentations connues de ces trois singes, se trouve au Nikkō Tōshō-gū, l’un des temples Shinto de Nikko, qui est devenu l’un des principaux parcs nationaux du Japon. La légende des singes et des harfangs : |
Il y a très longtemps, vivaient des samouraïs. Dans ce lointain Japon, il y avait plusieurs clans de samouraïs. Les batailles
étaient fréquentes. Un des clans, tout au nord du Japon, était particulier car ses samouraïs savaient parler aux animaux. Ils avaient des espèces favorites tel les harfangs qui pouvaient leur
servir d'espion, car en volant haut dans le ciel, ces oiseaux pouvaient les prévenir si des ennemis s'approchaient. L'autre espèce était les macaques. Comme ils étaient plus petits que les
hommes, ces singes pouvaient se faufiler n'importe où sans se faire voir. Ils dérobaient même la nourriture aux ennemis sans qu'on ait eu à leur montrer.
Mais une année, il y eut un hiver très froid. Si les plumes des harfangs les protégeaient bien de la froidure, les pauvres
macaques gelaient, leur fourrure étant trop courte… Beaucoup moururent de froid. Les samouraïs inquiets ne savaient pas quoi faire pour protéger leurs petits amis. Ils essayèrent de leur
fabriquer de chauds manteaux, mais les singes ne les aimaient pas, car ils gênaient leurs mouvements. Comme les hiboux et les chouettes sont reconnus pour être des sages, le shogun décida de
consulter le roi des harfangs.
" Ô grand roi blanc, vois dans quel embarras nous sommes. Nos amis, vos amis, les macaques, sont en train de mourir, car ils sont sensibles au froid… Que pouvons-nous faire ? "
Le roi des harfangs avait bien une idée, mais il ne la dit pas tout de suite au shogun, car il n'était pas sûr qu'elle
réussirait. Il réunit peu après tous ses harfangs et leur parla ainsi : Harfangs des neiges, nous devons tenter quelque chose pour sauver nos amis les macaques… J'ai bien une idée, mais cela
pourrait être très dangereux. Qui veut m'accompagner ? Tous les harfangs ululèrent pour dire qu'ils étaient tous volontaires… Et l'on vit une grande nuée d’oiseaux blancs et bruns s'envoler très
haut dans le ciel, en direction du soleil.
Ils volèrent longtemps, très longtemps, et arrivèrent près du soleil… Les plumes les protégeaient de la chaleur aussi bien
qu'elles les préservaient du froid de l'hiver, mais ils devaient faire vite, car le soleil est quand même très chaud… Chaque harfang prit dans son bec un tout petit morceau du soleil, et chacun
reprit ensuite le chemin du Japon…
Les harfangs déposèrent tous leur parcelle de soleil aux pieds du Shogun, et bientôt, la neige fondit tellement qu'elle forma
un petit lac, et comme les morceaux de soleil étaient vraiment très chaud, l'eau de ce petit lac était bien confortable, même en plein hiver… Les samouraïs portèrent les macaques encore vivants,
mais trop faibles pour marcher dans cette source d'eau chaude, et la chaleur les aida bientôt à reprendre toute leur vigueur. Et la chaleur de ces parcelles était si intense, que l'on trouve
encore de nos jours de ces sources d'eau chaude où les macaques frileux peuvent aller se réchauffer. (Source : futura-sciences.com)
Sources :
- Japan guide - Takasaki-yama monkey park
- Nikkō Tōshō-gū
- Futura Sciences - le macaque japonais.