Le Licancabur et la laguna Verde - photo altitude rando.
Le symétrique cône du Licancabur, d’un diamètre de 10 km. environ, semble avoir été construit largement à la période post-glaciaire, au contraire du Juriques voisin.
Des coulées de lave à l’aspect juvénile bien développées sur les flancs ouest attestent d’une activité récente ; elles s’étendent, en plusieurs bras, pour la plus longue sur 6 km. et présentent des levées bien préservées sur des coulées en blocs épaisses de 5 à 100 mètres. Les coulées plus anciennes se développent jusqu’à 15 km. du cratère et sont recouvertes de dépôts pyroclastiques.
Le Licancabur et ses coulées, en bas à gauche - à
sa droite, le Juriques - à leur pieds, les laguna Verde (gauche) et Blanca (droite) en fausses couleurs - doc. Nasa satellite Terra / Aster novembre 2003.
Une analyse des laves par Marinovic et Lahsen (84) montre qu’il s’agit d’andésite à pyroxène, typique également des volcans Escalante et Sairecabur localisé au nord. Vingt à quarante pour cent de la lave sont constitués de plagioclase, d’augite-Ca, biotite, quartz, brinzite …
Le cratère et le lac sommital du Licancabur -
photo Summitpost
Un petit lac sommital de 90 sur 70 m., souvent pris par les glaces, est contenu dans le cratère sommital d’un diamètre de 400 m. C’est un des lacs les plus élevé au monde. Une expédition en 1984 a relevé une température de 6°C au fond de ce lac, à une profondeur de moins de 4 mètres, mais elle peut chuter jusqu’à moins 30°C. Il contient malgré tout une faune planctonique extrêmophile, notamment des diatomées, intéressante pour les biologistes.
Ils ont découvert dans un lac au pied du Licancabur, actuellement d’une profondeur de seulement 50 cm., des diatomées ayant dix fois plus de déformations que les algues similaires présentes dans d’autres lacs. Ce petit lac s’est en partie évaporé, et permet une forte pénétration des rayons UV … la question est de savoir si les mutations déformantes constituent une adaptation à cette situation, une évolution, ou au contraire sont un signe que la vie n’est pas possible dans un tel environnement, un signe d’extinction. A-t-on atteint une réelle limite à la vie sur terre ?
Ruines pré-colombiennes sur le bord du cratère du
Licancabr - sur la droite, les pentes du Juriques et en contrebas, la laguna Blanca - photo Tremendopunto / Virtualtourist
Des ruines d’intérêt archéologiques ont été trouvées sur les bords du cratère, venant compléter celles présentes au pied du volcan. Elles sont une preuve de l’occupation pré-colombienne des lieux et de l’absence d’éruption au cours du dernier millénaire.
Ruines incas sur le pied bolivien du Licancabur - photo Christian
Ordenes.
Une légende rapporte les relations entre les Atacamenos et le volcan : Il y a très longtemps, les chasseurs-cueilleurs avaient coutume de faire un sacrifice annuel au volcan. Ils livraient une jeune femme au dieu capricieux et puissant. Ces sacrifices féminins prirent fin grâce à la bravoure d’un jeune homme, qui escalada le volcan malgré les tremblements et de violentes tempêtes. Il atteignit le sommet à 5.916 m. après plusieurs jours et nuits d’efforts. Ce succès fut couronné par la formation d’un lac au sommet … le volcan ne fut plus actif après ce jour. La légende ajoute qu’à dater de ce jour, les chasseurs-cueilleurs enterrèrent leurs morts dans le lac. Il y aurait donc des trésors dans le lac, puisque ces inhumations s’accompagnaient d’offrandes au dieu-volcan, et des objets de valeur accompagnant la dépouille mortelle. (Gómez Parra, Domingo, Cuentos de nuestra tierra, Instituto de Investigaciones Antropológicas, Universidad de Antofagasta, 1994.)
Au pied du Licancabur, deux lacs différents et contigus : les laguna Verde et Blanca.
La pluviométrie intervient peu dans le régime hydrologique des lacs d’altitude, alimentés par des nappes d’ eaux souterraines ; l’évaporation joue un rôle important vis-à-vis de la salinité.
A gauche, la Laguna Verde et à droite, la Laguna Blanca vues du sommet du Licancabur - photo © Pierre Gondolff.
La laguna Verde : ce lac, situé à 4.400 mètres d'altitude, doit sa couleur vert jade aux carbonates de soufre, de plomb et d'arsenic présents dans ses eaux; le vent le rend encore plus magique en le parant d'une fine écume blanche. Un pH de 8,72 a été mesuré (A. Iltis)
La Laguna Verde et la chaîne volcanique Sairecabur - Escalante - photo © Carole et Frédéric Hardy
Un mince couloir le sépare de la Laguna Blanca, aux eaux plus pâles et opalescentes, couleur causée par la haute charge en minéraux. Ses caractéristiques : 5,6 km. sur 3,5 - 10,9 km² - 4.350 mètres d'altitude.
La Laguna Blanca - photo © Carole et
Frédéric Hardy
La Laguna Blanca et la chaîne volcanique Sairecabur - Escalante
- photo © Carole et Frédéric Hardy
La salinité globale des eaux des lacs de l'altiplano varie de 7 à 10 g./l. pour les lacs les moins concentrés jusqu’à plus de 100 grammes par litre. D’aprés la nature des sels dissous, on distingue des milieux chlorurés sodiques (c’est le cas le plus fréquent), des milieux carbonatés sodiques et des milieux sulfatés sodiques. Le pH des eaux est toujours élevé et varie entre 8,15 et 10,8.
Sources :
- Global Volcanism Program - Licancabur
- Global Volcanism Program - Sairecabur
- Contribution à l’étude hydrobiologique des lacs salés du sud de l’altiplano bolivien – par A. Iltis, F. Risacher et S. Servant-Vildary
- Diatomées et milieux aquatiques de bolivie - par M. Roux & al.