L'île de Tanna abrite le volcan en éruption le plus accessible au monde. Elle repose sur
la partie de l'arc volcanique où la vitesse de subduction est d'environ 118 mm/an. La tectonique de la région est très active; les mouvements du sol ont soulevé Port Resolution, la ville voisine
du volcan, de quelques vingt mètres au cours du siècle passé (mouvement vertical mesuré e.a. par la datation des coraux retrouvés en altitude, et de récentes mesures GPS).
L'activité volcanique de l'île a commencé il y a 3 millions d'années avec la formation de la série de Green Hill.
Elle se limite aujourd'hui au complexe du Yenkahe, dont la partie ouest de la caldeira est occupée par le Yasur, le plus jeune d'un groupe de centres volcaniques qui se sont érigés sur le volcan Tukosmeru, datant du Pléistocène.
Le horst du Yenkahe est localisé dans la fracture de Siwi, une caldeira en fer-à-cheval de 4 km. de large, associée à l'éruption de la séquence andésitique Siwi.
Image SPOT 1990 montrant l'emplacement du Yasur par rapport à la fracture Siwi, les failles et la zone
hydrothermale et le dôme Ombus.
Le Yasur fut découvert par le capitaine James Cook en 1774, qui observa un petit cône de cendres (hauteur 350 m.) dont le cratère produisait à intervalles réguliers de petites explosions.
Plus de trois siècles plus tard, le scénario est identique : comme le Stromboli en Europe, le Yasur est en éruption presque permanente (activité strombolienne à vulcanienne).
Le Yasur est un cône pyroclastique non végétalisé avec un cratère sommital de 650 m. sur 500, qui contient trois bouches éruptives.
Les 3 événts du
cratère du Yasur - doc. M.Fulle in GVP.
Les périodes de forte activité se situent à des intervalles de 24 à 30 mois; la reprise d'activité après une période de repos se traduit par des émissions de cendres qui recouvrent la végétation. Les cendres du panache engendrent des pluies acides, dont l'action dévastatrice sur les cultures vivrières peut encore être renforcée par la passage d'un ou l'autre cyclone. Les dépôts massifs non consolidés sont aussi cause de glissements de terrains.
Retombées de cendres sur le village proche de John Frum
- © Antony Van Eeten
Depuis 1994, les phases d'activité importante sont couplées à l'émission de bombes volcaniques retombant hors du cratère; ces phases actives ont comblé le fond du cratère, rapprochant les sorties des évents à moins de 150 m. des bords du cratère.
La plaine ouest du Yasur recouverte de bombes - avec l'aimable autorisation de tom Pfeiffer / Volcanodiscovery - un clic sur la photo vous mène vers son
reportage de sept. 2010
L'activité de type strombolien est animée par des remontées cycliques de larges bulles gazeuses le long des conduits
caractérisant les trois évents. Ces poches de gaz se forment par la coalescence partielle d'une mousse gazeuse produite au niveau du toit du réservoir magmatique situé à faible profondeur. Les
éjectas atteignent des vitesses initiales de 200 mètres par seconde, rendant les observations rapprochées hasardeuses à certaines périodes de forte activité. Coalescence des bulles au sommet du réservoir, montée et phase explosive - schéma IRD / Jaupart & Vergiolle 1988-89.
Yasur - Volcano Picture Of the Week série 2010 - by Tom
Pfeiffer.
Activité strombolienne : dégazage et projections de lave (spaterring)
Activité
strombolienne : nuage de cendres initial perturbé par une décharge brutale de matériaux pyroclastiques sous l'action des gaz libérés - avec l'aimable autorisation de Thorsten Boeckel - un clic
sur la photo vous mène à son reportage de juin 2010.
Activité strombolienne nocturne
- © Antony Van Eeten 05.2010
Demain, nous verrons en détail le reportage d'Antony Van Eeten en mai 2010.
Sources :
- Global Volcanism Program - Yasur
- Futura-sciences - Vanuatu: îles de cendres et de corail - IRD Suds en ligne - lien