Trente pour cent des volcans du champ Eifel-ouest sont constitués de maars. Leur charme et le secret de leur beauté se révèlent lors d'un survol aérien, en avion ou en ballon ... les maars sont "les yeux de l'Eifel"
Eifel-ouest - Dauner maare : de bas en haut, Gemünderner maar, Weinfelder maar et Schalkenmehrener maar.
Définition du "maar" :
Le mot maar vient d'un dialecte local franconien (région de Daun) , dérivé du latin mare.
Un maar, en terme volcanologique, caractérise un large cratère, de bas relief, créé par une éruption phréatomagmatique, une explosion violente causée par la rencontre entre le magma et l'aquifère.
Le cratère possède un fond plat, formé au dessus d'un diatrème. Les rebords sont composés d'un mélange de roches et fragments
volcaniques, ou parties de parois du diatrème.
Typiquement, le cratère est occupé par un lac naturel. Les dimensions sont variables, échelonnées 60 et 8.000 mètres de large, pour une profondeur comprise entre 10 et 200 mètres.
Le maar diffère d'un cratère classique, souvent en position sommitale et pouvant rester ouvert. Le maar constitue
essentiellement une dépression par rapport à la topographie préexistante.
La rencontre du magma et de l'aquifère génère une éruption phréatomagmatique
Les éjecta retombent en partie dans la dépression et autour de celle-ci, formant un anneau (tuff ring) - l'imperméabilisation par des
argiles d'altération va permettre l'occupation de la dépression par un lac . - d'après doc. GEO- Infoband "Vulkaneifel".
La profondeur de l'explosion conditionne la taille du maar en surface, comme indiqué sur le schéma de droite.
Schéma d'un système diatrème-maar - la largeur du maar résiduel est conditionnée par la profondeur de l'explosion - doc. d'après Lorenz
1986.
L'hydrovolcanisme :
La présence d'eau modifie le dynamisme volcanique. Les eaux, d'origine juvénile ( eau magmatique) ou météorique (nappe phréatique) peuvent se transformer en vapeur sous l'effet du gradient de température. L'augmentation brusque du volume, lors du changement de phase, confère à l'éruption un caractère particulièrement explosif. On parle alors d'hydrovolcanisme.
Deux cas se présentent :
- dans celui d'une éruption
phréatique au sens strict, le magma sous-jacent, à l'origine de l'augmentation de température et de la vaporisation de l'eau, reste en profondeur sans intervenir directement. Le substratum
sus-jacent est pulvérisé en cendres, lapilli et blocs. Les lapilli acrrétionnés, en forme de billes de 1mm. à 4 cm., sont constitués de cendres agglomérées, qui se désagrègent entre les doigts;
ils sont typiques de dépôts de retombées en condition hydratées.
- lors d'une éruption phréatomagmatique, l'eau et le magma interviennent en proportions variées, et le magma peut sortir en surface. Les dépôts sont mixtes dans ce cas, avec des fragments lithiques et des éléments magmatiques mélangés. Lors de la phase finale de l'éruption, la lave forme des bombes en choux-fleur, qui donnent des figures d'impacts sur des terrains imprégnés en eau.
En résulte deux types de structure :
- les anneaux de tuff -
tuff rings - résultent d'un surge "sec" ... l'eau restant à l'état de vapeur surchauffée. Ils sont générés par des explosions fort énergétiques et caractérisés par un rapport eau/magma
compris entre 0,1 et 1. Le dépôts sont finement stratifiés et peu indurés, avec des pentes inférieures à 12°.
Les anneaux de tuff dont le cratère est occupé par un lac sont appelés maars. Sur 75 structures, l'Eifel-ouest ne compte que huit "vrais" maars.
Rapport entre la fragmentation des matériaux et le ratio en poids eau/ magma
- les cônes de tuff - tuff cones - résultent d'une alternance de surges "mouillés" et de retombées et/ou d'écoulements pyroclastiques. Les dépôts sont formés de pyroclastes grossiers et indurés, et forment des cônes avec des pentes atteignant 30°. Des cendres - appelées hyaloclastites - typiques de ces dépôts sont riche en palagonite, un verre altéré fortement hydraté de couleur jaune.
Evolution d'un maar :
Le maar primordial, inhabité, ne contient que des eaux stériles contenues entre des parois de ponces et lapilli. Les glissements de terrain vont peu à peu en faire diminuer la profondeur et en quelques milliers d'années, leur structure profonde va se transformer en un lac "plus plat". La vie va être amenée par les airs, avec comme véhicules le vent et les oiseaux.
Un assèchement naturel et l'implantation de la végétation va assurer une transition du "maar vers une terre arable" ... on peut suivre cette évolution en passant des Dauner maare ou du Pulvermaar à l'Immerather maar, qui s'est asséché durant les années 1940 et utilisé comme "terre à pommes de terre", avant d'être transformé en zone naturelle sous l'influx du tourisme. Cette promenade évolutive se termine avec le maar "sec" Ströhner.
Immerather maar - réduit
par assèchement partiel - photo Dyno 1948
Ströhner
maar - un maar "sec" - photo Eifel GPS.
Sources :
- Volcanism - de H-U. Schmincke
- Volcanologie - de J-M. Bardintzeff
- documents "Vulkaneifel european geopark"
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