Le volcanisme de la région de Campo de Calatrava est caractérisée par la présence abondante de gaz, dont la vapeur d’eau et le dioxyde de carbone.
Ces gaz ont joué un rôle moteur dans les éruptions phréatomagmatiques violentes passées.
L’existence de systèmes géothermiques est une autre source de vapeur d’eau et de CO2 , produit par le dégazage du magma refroidissant qui est monté par les diverses fissures. Intercepté par l’aquifère, il est à l’origine des "hervideros ", des sources chaudes aux eaux plus ou moins chargée en gaz.
Ces eaux thermales ont été utilisées dès l’époque romaine ; plus tard, on en parle dans "les relations topographiques de Philippe II ", où il est fait mention de "fuentes agria " existant à Bolaños, Puertollano et Valenzuela.
Chorro de agua agria - photo mina diogenes.
Plus de quarante sources chaudes ont été répertoriées dans la province de Ciudad Real, et trente d’entre elles dans les limites de la région volcanique. Elles s’alignent sur des fractures longues de dizaine de kilomètres. L’analyse chimique y révèle la présence de bicarbonate de soude et magnésie, de bicarbonate calcique, de sulfate de soude et magnésium, de cobalt, manganèse ; le dioxyde de carbone s’y trouve en proportions variant de 35 à 180 mg. par litre. Leur température moyenne est de l’ordre de 20°C. Ces eaux sont « dures » et d’un pH situé entre 5,5 et 8,5.
Certaines sources, dont celle de Baños de San Cristobal fournissent une analyse chimique révélatrice d’une activité magmatique latente plus intense que dans d’autres zones de Campo de Calatrava (présence d’ammoniac, de bore, de lithium e.a.)
La qualité et l’abondance de ces eaux ont favorisé un thermalisme régional.
Ciudad Real - Piscina del baño de las mujeres.
Baños del Emperador. - photo uclm / los Volcanes
Fuente pública de "agua agria" - Fontaine publique à Valenzuela de Calatrava - photo uclm / los Volcanes
Fuente agria de Portullano - photo mjendarrubias.
Les eaux ont été utilisées à Puertollano depuis les 17 et 18°siècles pour la consommation humaine, avec une apogée pour les spa au 19°. La faculté a référencé « les eaux acides de Campo de Calatrava » pour la consommation et leur usage médicinal ; embouteillées, elles ont été vendues jusqu'à Madrid.
Mais eau et gaz n'apportent pas que des bienfaits ! Des intoxications ou des accidents
sont également générés.
La présence de gaz en surface n’est pas détectée uniquement au niveau des sources chaudes …il peut se produire des émanations diffuses fonction de la topographie : le CO2 s’accumule dans les dépressions comme en témoignent les animaux morts retrouvés, et quelques accidents se soldant par des morts humaines. Ces émanations affectent également la végétation proche des zones de fissures.
El Chorro - été 2000 - le geyser accidentel - photo uclm / los Volcanes
Le geyser accidentel d’El Chorro :
Le 25 juillet 2000, un forage , réalisé sur l’alignement volcanique le plus récent du bassin où avait été enregistré des
anomalies thermiques et des émissions de gaz , a rencontré un aquifère confiné et un important volume de gaz magmatiques … durant plus de 176 jours, des gaz et de l’eau chargés en limon,
sable et argile, vont alimenter un geyser, qui va atteindre 60 m. de hauteur, avec de petites oscillations pulsatiles. Les matériaux émis, estimés à un volume de 50.000 m³, vont couvrir 25
hectares sous une couche de 20 à 60 cm.
A deux reprises, le jet a été dévié à l’horizontale, pour protéger les zones de culture, vignobles et oliveraies, avant qu’on ne se décide à une obturation du puits par des méthodes plus drastiques.
El
Chorro - les dégâts aux oliveraies - photo uclm / los Volcanes
La résurgence de Bolaños de Calatrava :
Un phénomène similaire à celui d’El Chorro s’est produit dans une ancienne carrière de manganèse, utilisée comme réservoir pour l’irrigation : une résurgence d’eau pulsée par d’énormes quantités de gaz a noyé 9 hectares.
Bolaños de Calatrava - la zone inondée et à gauche, la silhouette du volcan Yezosa. - photo uclm / los Volcanes
Eau et gaz sont sortis spontanément, la résurgence atteignant une hauteur raisonnable de deux mètres, mais avec un fort débit moyen estimé à 400.000 litres à l’heure. Le pH des eaux est de 5,85 et la température moyenne de 18°C.
Dans certaines zones, des mares de boues et des mofettes sont apparues.
Le phénomène a été étudié par les scientifiques d’INVOLCA et du groupe GEOVOL de l’Université de Castilla-La Mancha : 92 % des gaz émis sont d’origine mantellique, le reste correspond à une altération thermique, une altération de roches carbonatées. Le gaz est composé à 90% de CO2, sans H2S ni mercure, gaz caractéristiques des systèmes hydrothermaux actifs.
photos uclm / los Volcanes
Sources :
- UCLM - Los Volcanes - par Dra E. Gonzalez cardenas
- UCLM - Campo de Calatrava - los gases - link